Ce que la vie m’a appris: entretien avec Marie-Lise Pilote

Ce que la vie m’a appris: entretien avec Marie-Lise Pilote

Par Sandrine Champigny et Anne-Marie Chicoine

Crédit photo: Marc-Antoine Charlebois

Elles ont toutes trois relevé des défis, rencontré des obstacles et changé plusieurs fois de carrière. France Castel et Sylvie Bernier et Marie-Lise Pilote se sont confiées en trois temps pour partager avec nous ce que l'expérience leur a apporté. Dans ce second volet, Marie-Lise Pilote nous donne une belle leçon, celle de savoir écouter ses envies.

C’est quoi, «avoir de l’expérience», pour vous?

C’est avoir osé prendre des risques, être conscient autant des bons coups que de ce qui n’a pas marché, prendre le temps d’avoir du recul, d’analyser ce qu’on a fait. Si on ne s’arrête pas pour repasser dans notre tête tout ce qu’on a vécu, les plafonds qu’on a défoncés, les projets qu’on a montés, on ne peut pas autant retirer de l’expérience. 

Des modèles vous ont-ils inspirée tout au long de votre parcours?

Mes amis m’inspirent beaucoup, j’ai beaucoup de femmes fortes autour de moi, qui me stimulent beaucoup. Bizarrement, la peur de ne rien faire dans ma vie m’a beaucoup stimulée aussi. Quand j’étais jeune, j’ai souvent eu peur d’avoir une vie plate. (rire) Mon père est décédé quand j’avais treize ans, en même temps qu’Elvis Presley. On entendait juste parler de la vie d’Elvis et je me disais: «Oui, il est mort, mais mon père aussi, et lui, personne ne savait à quel point il était extraordinaire!» Ça m’a donné envie de tout faire pour prendre ma place et qu’on se souvienne de moi. Je ne me le disais pas consciemment à l’époque, mais j’ai l’impression que ça a joué beaucoup dans ma démarche. 

C’est réussi, vous êtes un modèle pour d’autres aujourd’hui! Qu’aimeriez-vous leur transmettre?

Je crois qu’il faut faire les choses avant tout pour soi, c’est ce qui fait qu’on est heureux et qu’on rend les gens heureux. Pendant des années, j’ai été très en vue. Mais j’ai décidé de m’écouter et de faire autre chose, peut-être moins visible mais qui m’apportait, à l’âge que j’ai aujourd’hui, quelque chose de différent. 

Vous avez réinventé votre vie. Avez-vous l’impression que ce changement de trajectoire était nécessaire pour arriver où vous êtes aujourd’hui?

Qu’on laisse un travail ou quelqu’un, il y a toujours un deuil à faire. Je vis beaucoup plus calmement que j’ai vécu avant, mais j’étais prête à ce changement. Ma compagnie Pilote & filles m’apporte à la fois le côté créatif de la conception des vêtements, le côté business, toujours stimulant, et la paix d’esprit financière. C’est formidable! J’ai aussi développé bénévolement un autre projet, Les Délices du couvent, à Richmond, dans mon petit coin de campagne. On a invité la population à venir manger des petits gâteaux et des thés glacés le dimanche après-midi cet été sur l’esplanade du couvent, pour amasser des fonds pour l’école de musique. Je me sens utile. Se réinventer, c’est ça, aller chercher ailleurs des places pour sentir que tu fais encore une différence. 

Vous vous réinventez constamment! 

Il ne faut pas arrêter d’avoir des projets, mais les projets changent! Et je prends beaucoup plus le temps de vivre que jadis. Ma belle-fille vient de passer deux jours ici avec sa petite d’un an que j’adore, je l’ai câlinée, c’est le fun. Je vais aux champignons, je jardine, des choses que tu fais rendue à une certaine partie de ta vie. Certains veulent continuer à travailler full pin. Moi, mes envies avaient évolué, et tant que je ne les ai pas écoutées, je me suis sentie déchirée. 

Quel est votre secret pour garder cette envie de faire du nouveau tout le temps?

J’ai longtemps été la pire critique envers moi-même. Plus je vieillis, plus j’apprends à m’aimer et je suis dans l’acceptation de qui je suis. Or, plus je m’accepte, plus je m’aime… et plus je veux me faire plaisir et faire des choses qui me font du bien! 

Photos: Marc-Antoine Charlebois | Stylisme: Claude Laframboise | Maquillage: David Vincent | Coiffure: Dany Cournoyer

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