Les chutes Niagara entre amies!

Les chutes Niagara entre amies!

Par Anne Gardon

Francine et moi sommes parties tôt un lundi matin de la fin de septembre. Le soleil brillait, il faisait doux et les embouteillages se trouvaient sur la voie opposée.
J’étais impatiente de revoir les chutes - un spectacle dont on ne se lasse pas - mais surtout de les montrer à Francine. Comme si je lui faisais un beau cadeau.

Ne voulant pas gâcher les présentations par une traversée du centre-ville, j’ai sagement abordé les chutes en remontant le Niagara Parkway, bordé de magnifiques jardins. Les chutes américaines ne méritant pas un arrêt, j’ai poursuivi vers le voile de brume blanche qui s’élevait du «fer à cheval». C’était le milieu de l’après-midi et le soleil peignait un arc-en-ciel parfait au-dessus. À ma première visite, j’avais cru que la nature me faisait une faveur personnelle jusqu’à ce que je découvre le même arc-en-ciel sur toutes les cartes postales! Francine n’en a pas moins été émerveillée. Et quand, enfin, elle s’est approchée du bord pour contempler nos chutes, le choc de tant de beauté lui a coupé la parole. Nous sommes restées côte à côte, sans rien dire, incapables de nous arracher au spectacle, malgré la fatigue du voyage pesant sur nos épaules.

Du plus beau au plus laid
Le contraste entre la beauté naturelle du site et la laideur matérielle qui l’entoure est à la fois choquant et fascinant. D’un côté: l’eau et la verdure, la plus grande volière du monde avec plus de 400 oiseaux dans une jungle luxuriante, un insectarium avec des papillons en liberté, des jardins fabuleux; de l’autre, des gratte-ciel, des dômes de verre, des constructions futuristes sans aucune harmonie architecturale, des attractions d’un goût douteux (Nightmares Fear factory, Ripley’s Believe It or Not! Museum…) et Clifton Hill, sans doute la rue la plus laide du Canada.

Malgré tout, on ne peut nier que Niagara Falls offre des activités pour tous les goûts et tous les âges, ainsi que la possibilité de voir les chutes sous tous les angles: d’en haut, d’en bas, d’en dessous, des airs et sur grand écran!

La tournée épicurienne!

Imax, un must
Le film Niagara: miracles, mythes et magie (dont la seule représentation en français est à 9 h) retrace l’histoire des chutes depuis la légende indienne de Lelawalla, la jeune fille des embruns (The Maid of the Mist) jusqu’aux exploits de quelques casse-cou, dont Annie Taylor, une institutrice à la retraite de 63 ans qui a été la première personne à braver les chutes à bord d’un tonneau, en 1901. Le célèbre funambule Philippe Petit recrée la première marche au-dessus de la rivière par le Grand Blondin en 1859. Le texte est intelligent, les acteurs convaincants, les images spectaculaires et, plus d’une fois, j’ai senti le besoin de m’accrocher à mon siège…

Jordan, pour la gourmandise
Délaissant la ville pour les vignobles, nous avons ensuite filé vers Jordan (30 minutes de route). C’est la gourmandise qui nous attirait là, mais le minuscule village s’est révélé une agréable surprise. Restaurés avec le souci de se distinguer, les entrepôts et les maisons qui bordent la courte rue principale abritent des boutiques haut de gamme – designer d’intérieur, paysagiste, couturiers, antiquaires… – et une galerie d’art amérindien, la Ninavik Native Arts, qui présente la plus belle collection de sculptures inuites que j’ai jamais vue. À elle seule elle vaut la visite.

Mais notre destination était le restaurant de l’auberge Inn-on-the-Twenty, l’une des meilleures tables de l’Ontario. Le menu du midi affichait des prix raisonnables, l’endroit s’avérait accueillant, comment résister? Salade de roquette avec pavé de fromage bleu et caille en entrée, quenelles de ricotta et tofu (pour moi), suprême de poulet aux truffes (pour Francine), assiette de desserts pour nous deux, arrosé d’un riesling et d’un merlot de Cave Spring. Un pur délice! L’auberge opère un deuxième restaurant à l’autre bout de la rue, The Jordan House, qui offre des hamburgers, des grillades et des salades. On y trouve également des chambres à prix modérés.

Un vignoble à goûter!
Notre tournée épicurienne s’est poursuivie à Reif Estate (20 minutes de Jordan). Pourquoi ce vignoble plutôt qu’un autre parmi la quarantaine de la péninsule? Parce qu’il a été élu Best Canadian Winery à Londres en 2002 et parce qu’il offre des dégustations de vins et fromages, en plus des habituelles visites guidées.

Gewurztraminer, chardonnay, merlot, vidal icewine (lauréat de 200 prix), cheddar portugais, Chèvre Noir, cru du Clocher Réserve et bleu de Saint-Benoît-du-Lac… Les vins étaient pleins d’arômes, les fromages judicieusement choisis pour les mettre en valeur et notre hôtesse, Andrea Nelson, nous en a appris beaucoup en peu de temps. La dégustation (25$) a lieu à 15h30 tous les jours, de mai à septembre; réservations recommandées.

Niagara-on-the-Lake et infos

Niagara-on-the-Lake
La première capitale de la province (10 minutes de Reif Estate) se révèle un bijou de petite ville en bordure du lac Ontario, hôte du Festival Shaw et site de Fort George. Mais ce qui m’amène régulièrement à Niagara-on-the-Lake, c’est le magasinage. Imaginez une longue rue fleurie presque à l’excès, bordée de belles maisons victoriennes abritant des boutiques de toutes sortes et pour tous les goûts, mais toutes raffinées, originales et à des prix étonnamment abordables pour un endroit aussi sophistiqué… et près de Toronto.

C’est ainsi qu’en craquant pour un foulard ici, un collier là, une cape en laine polaire, une veilleuse en forme de fleur… on excède le budget frivolités que l’on s’était juré de respecter! Psst!, si l’envie vous en prend, faites un tour aux toilettes de l’hôtel Prince of Wales. Magnifiques!

La galerie McMichael

Le lendemain, nous reprenions la route, filant sur l’une ou l’autre des monstrueuses autoroutes qui serrent Toronto comme un corset de béton. Francine ne connaissait pas les peintres du Groupe des Sept et comme nous étions à 30 minutes de la collection McMichael, le détour s’imposait.

Blottie dans un boisé sillonné de sentiers, la galerie abrite l’une des plus vastes collections d’œuvres d’art canadiennes dans un magnifique édifice en rondins et en pierre des champs. Il s’en dégage une ambiance chaleureuse et intimiste que l’on retrouve rarement dans d’autres musées.Cette visite a conclu de façon fort appropriée un voyage qui s’est déroulé sous le signe de la beauté. Trois jours seulement, mais tant de plaisirs à partager!

Infos

mise à jour le 2008-06-26

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