Las Vegas, au-delà du jeu

Las Vegas, au-delà du jeu

Par Nathalie De Grandmont

Crédit photo: istockphoto.com

Las Vegas fait miroiter le rêve américain et, surtout, maîtrise l’art du bluff comme nulle autre. Elle se joue de la nature et des frontières, s’étant octroyé le luxe de reproduire, aux portes du désert, des petits coins de Paris, de Venise, de New York et d’Égypte…

Certes, on y trouve encore des guichets automatiques et des machines à sous presque partout, y compris dans les couloirs de l’aéroport, mais depuis une dizaine d’années, Las Vegas se transforme à une vitesse époustouflante. La surenchère d’efforts déployés par les casinos pour épater la galerie lui a permis d’acquérir de nouveaux as dans son jeu. Des as qui, grâce à leurs prouesses sous les chapiteaux et aux fourneaux, ont commencé à attirer une nouvelle clientèle – jet set, gens d’affaires, gastronomes – qui joue peu ou pas du tout. De fait, avec les nombreux spectacles, les boutiques et les restaurants, il y a de quoi passer une semaine étourdissante à Las Vegas sans même risquer un seul 0,25$!

Le Cirque : devant et derrière la scène

Depuis le début de son histoire, de nombreux artistes de renom – Frank Sinatra, Elton John et bien d’autres – ont défilé sur les scènes de Vegas. Mais c’est avec l’arrivée d’une nouvelle génération de spectacles permanents, ceux du Cirque du Soleil surtout, que cette dernière a fait des bonds de géants. L’arrivée de Mystère en décembre 1993 a insufflé un vent de folie et d’audace dans le milieu du divertissement à Las Vegas. Connaissant un succès instantané, Mystère a donc été rapidement suivi par O, puis par Zumanity et KÀ.

En 2005, ces quatre spectacles ont attiré près de 2,8 millions de spectateurs. Et c’était avant l’arrivée du spectacle Love, en hommage aux Beatles, qui fait salle comble depuis ses débuts en juin 2006. À l’image de Las Vegas, la famille du Cirque ne cesse de grandir. Influencés par ces succès, le Caesars Palace a également déroulé le tapis rouge et fait construire un théâtre pour accueillir Céline Dion, tandis que le Wynn, le plus récent des hôtels du Strip, confiait son spectacle Le Rêve à Franco Dragone, ancien directeur et concepteur du Cirque.

Nul doute, le Cirque a mis la barre haute! Le spectacle O, tout particulièrement, a représenté bien des défis. Comme il se déroule au-dessus et à l’intérieur d’un bassin de 1,5 million de gallons d’eau, presque tous ses artistes et techniciens détiennent aussi leur certification de... plongeurs. Car à l’insu des spectateurs, une quinzaine de techniciens-plongeurs circulent sous l’eau pendant le spectacle, tantôt pour soutenir les artistes, déplacer des accessoires ou donner des consignes. Sylvie Fréchette, qui a élaboré et supervisé la chorégraphie aquatique pendant 8 ans, raconte que les débuts ont été particulièrement difficiles, notamment parce que les nageuses n’entendaient pas suffisamment sous l’eau. Les chefs des départements technique et artistique ont donc dû développer haut-parleurs, caméras et systèmes de communications sous-marins!

aussi laisse bien des spectateurs bouche bée. Dans ce spectacle, plutôt qu’une scène, deux énormes plates-formes indépendantes pivotent sur 360°, passant de l’horizontal à la verticale quasi complète. Artistes et acrobates évoluent donc dans un espace sans cesse changeant, se débattant tour à tour au milieu d’une mer déchaînée, sur des parois abruptes ou au-dessus d’un trou béant. Fortement teintée d’influences asiatiques, cette fable sur la dualité mélange acrobaties, arts martiaux, projections vidéo interactives et effets pyrotechniques de haut niveau.

Aujourd’hui, avec cinq spectacles permanents, la famille du Cirque à Las Vegas compte près de 1 200 personnes, d’une quarantaine de nationalités différentes. Les recruteurs du Cirque se promènent continuellement aux quatre coins du globe pour repérer jeunes athlètes, artistes et gymnastes. À leur arrivée à Vegas, une équipe supervise leurs démarches d’immigration et de recherche de logement. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux occupent des postes-clés dans les départements artistiques et techniques des cinq productions. De quoi se sentir doublement émus et fiers lorsqu’on assiste à leurs spectacles!

Sky is the limit

Sky is the limit

À Las Vegas, si l’on tend l’oreille attentivement, on risque d’entendre parler français à l’hôtel New York New York (Zumanity), au MGM Grand (), au Treasure Island (Mystère), au Bellagio (O), au Mirage (Love) et, bien sûr, au Caesars Palace, où l’équipe de Céline Dion a élu domicile. «Certaines semaines, la moitié de l’hôtel est occupée par des Québécois», dit Debbie Munch, vice-présidente des relations publiques au Caesars Palace.

Lorsque Céline et René reçoivent des invités VIP ou des équipes de tournage, ils les emmènent au ciel, ou presque  Comme tous les grands hôtels-casinos, le Caesars Palace possède quelques étages entièrement occupés par des suites luxueuses, généralement réservées aux invités et aux joueurs VIP. Celle de Céline et René occupe un demi-étage et compte au moins une vingtaine de pièces. On y trouve plusieurs chambres avec d’immenses salles de bains, un salon de beauté et de coiffure, une salle à manger, un gym et un salon de musique avec un grand piano à queue. Les pièces sont décorées d’œuvres d’art, de marbre, de colonnes romaines et de gadgets dernier cri. Quelques suites s’ouvrent sur l’immense terrasse où trône une piscine avec vue sur Las Vegas, bien sûr.

À Las Vegas, sky is the limit et pas uniquement pour les vedettes! En effet, de plus en plus d’hôtels possèdent de nombreuses suites de luxe accessibles à tous, enfin, tous ceux à qui la fortune sourit ici! Ainsi, les derniers étages du MGM Grand, par exemple, sont occupés par les Skylofts, une cinquantaine de suites toutes réparties sur deux étages, dotées de somptueux salons avec écrans plasma géants, chambres avec systèmes de son haute définition, saunas dans les salles de bains et même salle de jeux avec table de billard. Les clients y sont traités aux petits oignons par une équipe de concierges qui parlent 22 langues! Ceux-ci veillent à réserver pour leurs clients les spectacles et tables de leur choix, leur apportent des assortiments de thés et des cocktails, et les aide à choisir parmi les lotions pour le bain et la dizaine d’oreillers disponibles!

La table est mise

De plus en plus de visiteurs profitent également de leur passage à Las Vegas pour faire du lèche-vitrines dans les nombreuses galeries marchandes, profiter d’un soin dans les spas et, surtout, s’offrir de bons gueuletons. Car en plus de séduire le jet set et les amateurs de spectacles, Las Vegas a aussi réussi à rassembler la crème des chefs américains et européens. Aujourd’hui, les gourmets peuvent s’offrir le meilleur de la gastronomie asiatique, européenne et américaine. Selon le magazine Bon Appétit, Las Vegas se classe aisément parmi les cinq meilleures villes américaines pour la gastronomie. Les meilleures tables se trouvent surtout au Mandalay Bay, au Bellagio, au MGM Grand, au Venetian, au Caesars Palace et au Wynn.

Ayant eux aussi le mandat d’épater les visiteurs, certains chefs ont carte blanche pour ouvrir des restaurants thématiques ou inusités. C’est ainsi qu’Hubert Keller, chef du restaurant français Fleur de Lys (au Mandalay Bay) s’est éclaté en concoctant la carte du Burger Bar, au même hôtel. Les clients choisissent leurs pains, leurs types de viandes et leurs garnitures, parmi plus de 80 choix possibles! L’un des meilleurs vendeurs? Le burger au foie gras et bœuf de Kobé, qui se vend… 60$US! À Las Vegas, toutes les folies (ou presque) sont permises...

Spectacles dans la rue

Spectacles dans la rue

Comme les hôtels-casinos rivalisent d’imagination pour capter l’attention des visiteurs, l’ultime spectacle de Las Vegas – et le moins cher – se déroule finalement sur ce fameux boulevard – le Strip - qui s’étire sur 5 km. On peut aisément passer une journée ou deux à faire le tour des hôtels pour aller voir l’habitat des lions (au MGM Grand), l’atrium tropical et les tigres blancs de Siegfried & Roy (au Mirage), l’aquarium de requins (au Mandalay Bay) et même s’offrir un petit tour de gondole sur les canaux du Venetian.

Le Bellagio et le Wynn, pour leur part, regorgent d’œuvres d’art et se démarquent par leur élégance. Au Bellagio, bien des visiteurs s’attardent sur l’énorme chandelier en verre multicolore de la réception, puis flânent dans les jardins intérieurs (gratuits), modifiés régulièrement selon les thématiques saisonnières (Noël, Halloween, Pâques…). Toujours au Bellagio, la Pâtisserie Jean-Philippe et son étonnante fontaine de chocolats fondants en ravissent plus d’un.

Quand le soir tombe, le Strip enfile sa plus belle robe de paillettes. Dès l’heure de l’apéro, petits concerts de jazz ou de classique débutent dans plusieurs lounges d’hôtels. Devant chaque hôtel, néons et lumières brillent de tous leurs feux, quand il ne s’agit pas carrément de flammes! En effet, à tous les quarts d’heure, le volcan devant l’hôtel Mirage entre en éruption, crachant ses flammes et ses éclats de lave simulés à une quarantaine de pieds dans les airs. Non loin de là, au Bellagio, à tous les quarts d’heure également, des milliers de jets d’eau se déclenchent en cascades, formant une sorte de chorégraphie aquatique, en synchronicité avec la musique d’Elton John, d’Andrea Boccelli et de Céline Dion. Nul doute, ça brille à Las Vegas! Et plusieurs de nos étoiles y font bonne figure…

Las Vegas, mode d’emploi

S’y rendre. Air Canada propose de nombreux vols directs Montréal-Las Vegas. Plusieurs voyagistes (dont Vacances Air Canada) offrent des forfaits incluant le vol et des séjours de 3, 4 ou 7 nuits dans la majorité des grands hôtels situés sur le Strip. Meilleures saisons : hiver et printemps (10° à 19° le jour).
Spectacles. On se procure les billets par l’intermédiaire d’agences de voyages spécialisées ou par le site Internet des hôtels. Pour ceux du Cirque du Soleil : 1-877-274-6958 ou www.cirquedusoleil.com

En vrac

  • En face de l’hôtel Wynn, le centre commercial Fashion Show Mall et sa foire alimentaire offrent une alternative pour casser la croûte à prix raisonnable.
  • Même s’il ne compte que quelques arrêts, le monorail peut être très utile pour circuler d’un bout à l’autre du Strip, de 8h à 2h. Billets à l’unité (3$) ou passe d’une journée (10$)
  • À voir dans les alentours: le Red Rock Canyon (à 1 h de route). Ceux qui prolongent leur séjour de quelques jours peuvent aussi se rendre au Grand Canyon, en Arizona, ou dans les parcs nationaux de Zion et du Bruce Canyon, dans l’Utah.


À lire
Le guide Ulysse Las Vegas déroule le tapis rouge pour ses lecteurs, à moins que ceux-ci ne préfèrent le vert… Hôtels et restaurants pour tous les budgets, casinos, bars, discothèques, cabarets et salles de spectacles qui offrent à l’oiseau de nuit le meilleur de la capitale du divertissement. Le guide rend également compte des efforts déployés par Las Vegas pour diversifier ses attractions, proposant par exemple une randonnée au Red Rock Canyon ou une visite au Hoover Dam; Montréal, 2007, 208 p., 19,95$, en librairie. www.guidesulysse.com

mise à jour le 2007-06-21

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