La Havane: séduisante et cultivée

La Havane: séduisante et cultivée

Par Guy Sabourin et Lucette Bernier

Crédit photo: iStockphoto.com

La Havane, son charme et son mystère

Un jour, dans un train entre Bruxelles et Paris, j’ai rencontré un Belge qui avait beaucoup voyagé. «Si vous voulez un bon conseil, évitez les grandes villes, qui se ressemblent toutes, et voyagez dans les campagnes, qui vous laisseront de bien meilleurs souvenirs», m’a-t-il suggéré. Vingt-cinq ans plus tard, je peux dire qu’il avait raison, le bougre. Enfin, presque. Il n’avait probablement jamais vu La Havane! Le jour où j’y ai mis les pieds, j’en suis tombé amoureux. Cette ville latine jusqu’au bout des ongles m’a ébloui. Elle manque de tout, pourtant. Sauf de charme et de mystère. Impossible de s’y promener sans chercher à savoir, à comprendre.

Retour dans les années 50

Ce qui fascine avant tout dans cette ville, c’est l’impression très forte de reculer dans le temps. Se promener à La Havane, c’est comme revenir dans les années 1950. Le mobilier urbain et les vieilles voitures ramènent à cette époque où La Havane s’est arrêtée, dirait-on. Les serveurs du bel hôtel Plaza, au centre de la ville, par exemple, portent complet noir et boucle assortie, le tout un peu élimé, que l’on dirait tout droit sorti des placards de grand-père. La décoration fait vieillotte: photos en noir et blanc dont certaines ont viré au sépia, ascenseurs incertains, peinture défraîchie, fauteuils fatigués…

Facile à comprendre quand on sait qu’après la Révolution, au début des années 1960, l’île s’est mise à manquer de tout, souffrant de l’embargo américain. Elle n’avait pas le choix: il fallait conserver et astiquer ce qu’elle avait déjà. N’empêche, cette frugalité, issue du socialisme et du manque criant de tout, n’altère en rien le plaisir d’être là. Cubaines et Cubains, pour la plupart souriants, sont d’un contact aussi chaleureux que courtois. Si vous baragouinez quelques mots d’espagnol, l’effet est carrément magique!

La nuit, les néons des commerces illuminent la plupart des capitales du monde. Mais pas La Havane. Il y a très peu de publicité dans cette ville, qui se présente plutôt comme une enfilade ininterrompue de maisons et de rares commerces pourvus d’enseignes très sobres. Les piétons prennent leur temps, entre vélos, scooters, vieilles voitures, cyclo et taxis à profusion. Durant la saison chaude, la rue devient très peuplée.

Les arts à La Havane

Malgré une histoire truffée de conquêtes et de revirements sociaux et politiques, sans oublier l’embargo maintenu par les États-Unis depuis des décennies, le peuple cubain préserve son identité culturelle et l’exprime avec excellence dans tous les domaines artistiques. À Cuba, on chante et on danse comme on respire! Mais la culture cubaine, c’est bien plus encore. Les Cubains ont la musique dans le sang. 

Dans une petite salle de concert logée au Musée des beaux-arts, j’ai été sous le charme d’un concert de jazz exécuté par de jeunes musiciens très talentueux. Un autre soir, dans la très vieille église San Francisco de Asis, on jouait une messe cubaine composée et dirigée par le Cubain José Maria Vitier. Tout au long de l’année, le Gran Teatro de La Havane présente des œuvres exceptionnelles exécutées par le Ballet Nacional de Cuba, ainsi que des opéras et du théâtre. 

Et partout, toujours, des musiciens animent les restaurants. Uniquement dans le quartier de la Vieille Havane, on dénombre pas moins d’une quarantaine de musées, dont une dizaine dans les environs de la Plaza de la Révolución: Musée du rhum, du cigare, de la céramique contemporaine, de la Révolution (installé dans l’ancien palais présidentiel), de l’humour, du chocolat, la maison natale de Jose Marti… et, bien sûr, le Musée des beaux-arts. 

Ce dernier occupe deux édifices à quelques rues l’un de l’autre. Celui de style baroque renferme des œuvres d’artistes internationaux de plusieurs époques; l’autre, moderne et très lumineux, uniquement des œuvres cubaines. Ce musée d’art cubain, c’est le pays qui se raconte. Des œuvres religieuses du XVIIIe siècle jusqu’aux œuvres les plus récentes, peintures, sculptures, estampes, dessins se succèdent, nous faisant peu à peu découvrir l’âme cubaine.

Ce séjour culturel en ville vous aura sans doute préparé à mieux déguster les prochains jours à la plage, par effet de contraste. Sur la chaise longue, en regardant la mer, vous vous demanderez peut-être comment les rénovateurs pourront redonner sa beauté à La Havane sans lui enlever le charme inoubliable qu’elle tire de ses vieux habits... 

Que voir à La Havane?

Flâner permet de découvrir une foule de détails architecturaux inusités: frises, fenêtres, colonnes, portes, ouvrages en fer forgé, patios ombragés, tous poussiéreux, mais témoignant de leur origine espagnole. Il faut voir la plaza de la Catedral et les bâtiments anciens qui l’entourent, la plaza de Armas, ceinte de jolis édifices, et son Museo de la Ciudad (meubles, objets, peintures témoignant du passé de Cuba), la plaza Vieja, restaurée, très jolie, reflet de la vie au XVIe siècle, le Capitole, le Parque Central, bordé de jolis palaces dont plusieurs sont devenus de grands hôtels.

Promenez-vous sur le fameux El Prado (paseo Marti), toujours animé, et marchez sans faute le long du Malecon, soit la rue célèbre, longue de 7 km, qui longe la mer, sur laquelle plusieurs façades ont été rénovées dans des teintes pastel. Vous y verrez des amoureux prendre leur temps, des enfants se baigner dans la mer, des bateaux entrer dans le vieux port sur les eaux turquoise de la mer des Caraïbes, tandis que de vieux Cubains vous proposeront des cornets d’arachides à grignoter durant la balade…

La Havane: à savoir

Pas à côté de la plaque! Les vieilles voitures des années 1950, célèbres à La Havane, portent des plaques d’immatriculation de couleurs différentes selon la fonction de leur propriétaire: rouge, touriste; jaune: privé; orange: entreprise privée; brun: entreprise cubaine; bleu, État cubain; blanc, ministère; noir: ambassade; vert: armée.

Pesos et dollars. Les visiteurs doivent convertir leur argent en pesos convertibles cubains, ou CUC. Pour éviter une charge supplémentaire de 10% appliquée sur l’argent et les cartes de crédit des États-Unis, on recommande de se munir d’argent canadien et d’une carte de crédit d’une autre origine comme la carte Visa.

Taxe d’aéroport. N’oubliez pas de conserver 25$ de pesos convertibles cubains pour la taxe d’aéroport au moment du retour.

Bureau de tourisme de Cuba à Montréal: 2075, rue University, bureau 460, 514 875-8004. www.gocuba.ca

À lire

Afin de vous donner envie de l’explorer de fond en comble, de découvrir ses nombreux et séduisants attraits, de dénicher ses meilleures adresses pour vous la couler douce et vous aider à la parcourir avec facilité, Ulysse présente la troisième édition de son guide La Havane, 152 p., 24,95$. Pour en savoir plus: Cuba, 336 p., 32,95 $. www.guidesulysse.com  
 
Pour connaître les expositions en cours, les spectacles, le cinéma, les cabarets où l’on joue de la musique des années 1950, procurez-vous Cartelera, revue hebdomadaire distribuée gratuitement dans les hôtels, les restaurants et certaines boutiques.
 

Pour rester dans le rythme

Salsa, mambo, cha-cha-cha… revivez le rythme cubain à volonté grâce à la collection Esencia de Cuba (12 CD), qui témoigne de l’évolution de plusieurs genres et styles musicaux issus de l’île ou qui y ont été adoptés et adaptés pour ensuite connaître une nouvelle popularité à travers le monde. On y retrouve notamment des artistes provenant de la scène traditionnelle, comme les musiciens du Buena Vista Social Club, des vedettes de l’heure comme Buena Fe, des têtes d’affiche du folk traditionnel comme Sylvio Rodriquez, et Benny More, un chef d’orchestre de la vieille école. Distributeur: DEP. Chez tous les disquaires, environ 15$ chacun.
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