La coopération internationale

La coopération internationale

Par Suzanne Décarie

Crédit photo: iStockphoto.com

La coopération internationale exige ouverture, souplesse et tolérance. Pour devenir volontaire, il faut être en santé physique et mentale, savoir s’adapter à des valeurs différentes et à des conditions de vie et de travail difficiles, et se préparer à subir un choc culturel.
 
La majorité des organisations exigent une formation avant le départ. Celle-ci permet de clarifier ses attentes, de s’assurer qu’on comprend bien les exigences et enjeux de la coopération, et aussi d’éviter les mauvaises surprises. Une telle exigence n’existe pas là où on veut offrir ses services? On s’initie ailleurs. Au Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), par exemple.
 

«Cette étape est importante, souligne Lise Pomerleau, chargée des communications à l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI). On a beau rêver de travailler à l’étranger, l’enthousiasme ne suffit pas toujours. Il faut être sensibilisé aux pratiques, à la culture, et aux attitudes à adopter pour accompagner adéquatement.»

Par où commencer?

Avant de se lancer dans l’aventure, on précise ses objectifs. On peut vouloir se familiariser par un stage d’initiation, comme ceux que proposent Solidarité Sud (Honduras et Nicaragua), Mer et Monde (Honduras et Sénégal), le cégep Marie-Victorin (Bénin, Burkina Faso, Sénégal, Inde et Panama), Aro Coopération (Cuba), CASIRA (Guatemala)... Tous offrent des séjours de groupe de deux à six semaines, l’encadrement pour la réalisation d’un projet solidaire dans la communauté, des activités culturelles, et une formation préalable. Certains s’adressent spécifiquement aux préretraités et aux retraités. Les participants paient billet d’avion et frais de séjour.

On peut aussi souhaiter partir en mission pour le compte d’une communauté religieuse, ou désirer mettre son expérience et ses compétences à profit pour de courts séjours. Ou cherche alors un organisme qui le permet. La Fondation Paul-Gérin-Lajoie offre ainsi à des retraités du secteur de l’éducation des mandats en Afrique et en Haïti variant entre trois mois et un an. Le Service d’assistance canadienne aux organismes (SACO) recrute des retraités de différents domaines pour des missions d’un ou deux mois. Le SACO fournit alors le billet d’avion et une allocation de séjour.

Médecins, éducateurs, ingénieurs, architectes, avocats, dentistes, chiropraticiens, optométristes… Plusieurs professions s’affichent sans frontières, les membres peuvent travailler sur d’autres continents à titre de consultants, de salariés, ou de bénévoles.

On souhaite s’engager à plus long terme? Généralement de deux ans, les mandats des coopérants volontaires d’organisations comme CECI, Oxfam ou SUCO sont souvent renouvelables. Le billet d’avion est payé, les coopérants reçoivent un salaire et une allocation de séjour. Pour savoir où frapper, on communique avec l’AQOSI qui regroupe 65 organisations québécoises de coopération internationale. «Notre association peut trouver parmi ses organismes membres ceux qui offrent le genre de stage que vous cherchez», soutient Lise Pomerleau.

Dans quels pays peut-on être coopérant?

Dans quels pays peut-on être coopérant? 

Plusieurs pays en développement sont ouverts à la coopération. Comment choisir? C’est avant tout une question de goût et d’intérêt: il faut avoir envie de découvrir la région et la culture. Connaître la langue est un atout. Si l’anglais et le français suffisent pour se débrouiller dans plusieurs coins du monde, on doit maîtriser des rudiments d’espagnol pour travailler en Amérique latine, de portugais pour s’engager au Brésil.

Afin de se faire une idée, on visite le site de l’AQOCI qui affiche une liste des organismes œuvrant en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Asie et en Afrique, ainsi que leur secteur d’intervention. Les conditions de santé, de salubrité et de sécurité dans la région visée, le coût de la vie, et le prix du billet d’avion entrent aussi en ligne de compte. La plupart du temps, les volontaires ne sont pas rémunérés, surtout lorsqu’il s’agit de séjours de moins de trois mois.

Passeport, etc.

Bien sûr, il faut veiller à ce que son passeport soit valide pour au moins six mois, obtenir un visa si nécessaire, recevoir les vaccins indiqués, voir à se munir d’assurances qui nous couvriront une fois à destination, s’informer des modalités et conditions au cas où l’on devrait revenir rapidement pour des questions personnelles ou familiales.

Pour ne rien oublier, on lit Living and Working Overseas, par Jean-Marc Hachey,  Intercultural Systems/Systèmes interculturels (ISSI) Inc., 2007, un ouvrage que recommande Lise Pomerleau, mais qui n’est publié qu’en anglais. www.workingoverseas.com

Ou encore Stagiaires sans frontières, le guide du stage en solidarité internationale, par Alexandre Chouinard, Ulysse, 2007. Écrit pour les jeunes coopérants, ce guide offre une foule de renseignements utiles aux volontaires de tous âges.

Ressources

Nicole Côté - Coopération extrême

Témoignages

Nicole Côté, coopération extrême

À 52 ans, sans conjoint, ses trois filles maintenant autonomes, cette enseignante a tout liquidé, maison, meubles, voiture, tout. Puis, grâce au soutien du Regroupement des missionnaires laïques, elle a mis le cap sur le Pérou. Elle devait y séjourner quelques mois, elle y est restée… 11 ans!

Avec les femmes de Ventanilla, un village situé à une vingtaine de kilomètre au nord de la capitale, Lima, elle a fondé la maison Pachamama (qui signifie la Mère Terre en quetchua), où une garderie et des ateliers de fabrication permettent aux femmes de produire des objets qu’elles vendent ensuite. Le petit revenu qu’elles tirent de cette activité aide la famille à survivre dans cette région désertique et pratiquement dépourvue de possibilités d’emploi stable et bien rémunéré. «Pas question de ‘‘leur montrer” comment faire; c’est là une idée condescendante», dit cette femme aussi douce que déterminée. Je me suis toujours considérée comme une femme parmi les autres. On fait les choses ensemble!» 

Devenue grand-maman, Nicole Côté est revenue au pays en 2007 afin d’être plus près de sa famille. Elle retourne cependant à Ventanilla régulièrement. Chaque fois, c’est avec une grande joie qu’elle retrouve ses amies péruviennes.

Marie Quinty - Plus semblables que différents

Marie Quinty: plus semblables que différents

«J’ai eu la piqûre de l’aide internationale quand j’étais petite. Une cousine de ma mère, missionnaire au Pérou, était en visite à la maison pour le temps des fêtes. Elle nous a montré des diapos de sa mission. Elle semblait tellement sereine... Je me suis dit qu’un jour, je vivrais une expérience semblable. J’avais le goût de l’aventure. Je voulais aider. Les années ont passé. Je me suis mariée, j’ai eu des enfants... Une fois ma famille élevée, mon vieux rêve de jeunesse, toujours vibrant, m’a rattrapée. C’est ainsi qu’un jour de septembre je suis montée à bord d’un avion en partance pour le Congo. J’allais aider de futurs entrepreneurs à démarrer leur entreprise.

Je savais que le Congo est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique. J’avais suivi une formation en coopération internationale avec Mer et Monde, à Montréal. Je m’étais documentée sur le pays, sa culture, sa société, son économie, sa vie politique. Bref, j’étais prête à affronter le fameux choc culturel... Mais quel choc!

L’avion s’est posé à l’aéroport de Kinshasa. Nous avons pris la route menant chez les pères du Sacré-Cœur, où je devais loger. Il faisait nuit. J’avais perdu tous mes repères. Mon expérience au Congo a duré quelques semaines. J’en suis sortie profondément changée. Ces gens du bout du monde m’ont appris à remettre en question l’ordre du monde… rien de moins! C’est une chose que de lire dans le journal que les grandes entreprises exploitent sans vergogne les richesses naturelles de tel ou tel pays. Mais c’en est une autre que de croiser des mineurs atteints de cancer et dont les femmes donnent naissance à des enfants difformes.

J’enrageais quand je voyais des enfants de huit ans travailler du matin au soir plutôt que d’aller à l’école. J’enrageais en voyant cette grand-mère si démunie dans sa maison sans électricité, alors qu’une ligne de haute tension qui électrifie les riches mines du Katanga passe juste au-dessus de son village! Tout y était si précaire: l’eau courante, le réseau électrique, le transport, la sécurité... J’ai réappris à apprécier tout ce que chez nous nous tenons pour acquis.

Moi qui suis gourmande, j’ai dû faire le deuil de l’odeur matinale du pain grillé et du café, tout comme oublier la volupté d’un bon verre de vin au repas. J’ai découvert par contre la chair si délicate de la chèvre et de l’antilope, le bon goût des arachides fraîches, à la fois tendres et croquantes. Mais ce qui m’a le plus nourrie, c’est sans contredit le contact avec les gens. Même si nos différences culturelles, sociales et économiques sont multiples, les ressemblances l’emportent: nous avons tous besoin de nous sentir en sécurité, d’aimer et d’être aimés, de nouer des amitiés, de protéger nos enfants et de participer à un projet plus grand que nous.»

Mise à jour: septembre 2011

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