Cap sur la Croatie

Cap sur la Croatie

Par Nathalie De Grandmont

Crédit photo: Nathalie De Grandmont

Au bord de l’Adriatique, la Croatie surfe aujourd’hui sur une véritable vague de popularité. Ses villes fortifiées charment au premier regard, tout comme les 1 200 îles de sa côte dalmate, baignées par des eaux turquoise si invitantes. Située au carrefour de l’Europe et de l’Orient, la côte de la Dalmatie a été convoitée et conquise par les Romains, les Grecs, les Ottomans et, surtout, les Vénitiens, qui dominèrent cette partie du monde du XIIe au XVe siècle. 

Un voyage dans le temps, au départ de Venise 

Or, c’est justement de Venise que partent aujourd’hui la majorité des croisières en Croatie. Ainsi, on quitte la «Sérénissime» en longeant l’Arsenal, le Grand Canal et la place Saint-Marc à l’heure où s’étirent les rayons orangés du soleil couchant. Absolument magique! Un périple d’autant plus émouvant qu’au fil des jours nous naviguerons dans le sillage des conquérants vénitiens et ce, jusqu’aux bouches de Kotor, au Monténégro, qui fut la limite de leur empire. Aujourd’hui, ceux qui gravissent la montagne abrupte où s’adosse la ville de Kotor sont récompensés par une vue impressionnante sur le fjord et sur la ville piétonne embellie de nombreuses églises et d’anciens palais d’armateurs. 

En naviguant de Venise jusqu’au Monténégro, nous verrons défiler des centaines d’îles, la plupart longues, étroites et parallèles au continent, qui ont été formées par la fonte des glaciers ayant submergé les sommets des montagnes voisines. Certaines îles sont verdoyantes, d’autres plutôt ocre, mais toutes sont baignées par des eaux émeraude presque aussi brillantes que le soleil qui luit sur les remparts des villes fortifiées. De quoi donner envie de se lever tôt ! D’ailleurs, chaque matin, des émotions fortes nous attendent dès qu’on tourne les yeux vers les hublots. Quelle surprise de se réveiller à quelques brasses des remparts de Dubrovnik, au moment où cette solide gaillarde semble encore tout endormie et déserte... Et le plaisir de prendre son café en admirant la forteresse médiévale de Korcula, qui se réfléchit dans les eaux calmes de l’Adriatique! 

Korcula et Dubrovnik

Dans le cas de Korcula, nous trépignons doublement d’impatience de franchir sa fameuse tour carrée, car cette ville est synonyme de conquêtes. Il y a tout d’abord eu celles de l’explorateur Marco Polo, qui serait né et aurait grandi ici avant d’entamer ses célèbres explorations en Asie. Encore aujourd’hui, son souvenir plane dans tous les recoins ou presque, des kiosques de souvenirs jusqu’aux cafés qui portent son nom, en passant par la maison de son enfance et le musée qui raconte ses périples. Bien sûr, Korcula porte aussi l’empreinte des puissants Vénitiens qui, à l’époque, s’étaient notamment enrichis grâce au sel des îles dalmates: ils y ont construit de nombreux bâtiments et palais d’inspiration vénitienne. De fait, quelques rues étroites (tracées comme des arêtes de poisson) débouchent sur plusieurs églises et palais élégants, quand ce n’est pas carrément sur la cathédrale Saint- Marc, qui regorge de trésors. 

Un peu plus au sud, la vieille ville de Dubrovnik cache à son tour bon nombre d’églises et de monastères imposants, sans oublier son palais des Recteurs, qui rappelle beaucoup celui des Doges, à Venise. Lorsque affluent les foules, en milieu de matinée, il devient presque impossible d’imaginer que, il y a 20 ans, ces murs venaient de subir les assauts d’un triste conflit qui allait provoquer l’éclatement de la Yougoslavie. Manifestement, la Croatie a fait des pas de géant depuis, si bien qu’elle a été admise dans les rangs de la Communauté européenne. Comme la majorité des villes croates, Dubrovnik a retrouvé son lustre pour redevenir «la perle de l’Adriatique», comme on la surnomme souvent. Une perle dont la beauté et la puissance rivalisaient jadis avec celles de Venise. 

La belle croate figure maintenant parmi les destinations les plus prisées d’Europe. À certaines heures, il faut donc jouer des coudes pour pouvoir admirer les bâtiments restaurés qui bordent sa rue principale. On peut aussi en profiter pour aller plutôt flâner dans les charmantes ruelles qui grimpent à flanc de colline, par exemple, ou pour se réfugier dans le paisible cloître roman du monastère franciscain dont les arcades cachent l’une des plus vieilles pharmacies du monde. À ne pas rater non plus : le spectacle à partir du balcon, soit des remparts qui ceinturent la vieille ville sur deux kilomètres et demi. De là-haut, on découvre le port et les rues de Dubrovnik à travers les bastions, les toits de tuiles, les clochers des églises... Quelle promenade excitante et quelles vues ravissantes! 

Split

Pour nous donner le vertige, la ville de Split ne cède pas sa place non plus! Elle qui a été sous le joug des Vénitiens pendant quatre siècles s’affiche comme une véritable survivante, voire un peu mutante... En effet, Split a l’originalité d’être une ville dans un palais! Un palais immense, bien sûr, qui a été construit par l’empereur romain Dioclétien au IIIe siècle. Or, contrairement à bien d’autres sites romains, ce palais n’est pas resté figé dans le temps. Il a mué au fil des époques tout en conservant des traces de chacune d’elles ou presque. 

Aujourd’hui, ces traces s’emboîtent les unes dans les autres de façon étonnante, mais pas désagréable du tout. Ainsi, entre deux visites des anciens appartements de Dioclétien, on peut trouver refuge à l’ombre d’un sphinx égyptien ou sous les toits d’une maison médiévale transformée en boutique ou bistrot branché. Comme toute l’enceinte de l’ancien palais est devenue une sorte de labyrinthe, même les cafés et les banques cachent de véritables colonnes romaines...

En moins de quelques heures, nos pas et nos yeux voient donc défiler 17 siècles au même endroit. Simplement étourdissant! Heureusement, il est facile d’aller reprendre nos esprits dans les cafés qui surplombent la colline de Marjan ou dans ceux qui bordent le port, tout le long de la belle promenade Riva.

Lavande, vignobles et douceur de vivre

Bien sûr, les nombreuses îles de la Dalmatie font elles aussi partie des joyaux de l’Adriatique, avec leur soleil et leur douceur de vivre typiquement méditerranéens. Sur l’île de Korcula, il suffit d`enfourcher une moto ou un vélo pour se rendre à la baie de Lumbarda et vers sa petite plage de sable. Cette escale s’accompagne volontiers d’un verre de blanc, d’autant que l’on vient de traverser plusieurs vignobles. Comme l’île de Korcula est très verte, on aura aussi longé plusieurs oliveraies et bon nombre de champs de maquis, de citronniers, de fleurs sauvages,de plantes aromatiques... 

Des paysages semblables nous attendent sur l’île de Hvar, qui y ajoute des centaines de champs de lavande quadrillés par des murets de pierre sur le flanc des collines. Imaginez le tableau lorsque la couleur de ces fleurs se mélange au bleu cobalt de la mer, en contrebas! Et que dire de la vue que nous réserve la forteresse de Sponjol, dans la ville de Hvar... Une percée unique sur les îles Pakleni, juste en face, qu’on surnomme les «petites Maldives de l’Adriatique». Avec de tels atouts, on comprend aisément pourquoi Hvar figure parmi les chouchous de nombreux magazines de voyage qui la classent régulièrement parmi les 10 plus belles îles du monde. Elle qui séduit les villégiateurs depuis le XIXe siècle nous invite aujourd’hui à flâner notamment dans le port de Stari Grad (classé par l’Unesco) ou sur la place de Hvar, la seconde plus grande d’Europe, après celle de Venise. 

Décidément, Venise et la côte de la Dalmatie ont beaucoup en commun, dont le fait d’avoir toujours vécu en étroite relation avec la mer. Après avoir été mise à l’épreuve plus d`une fois, la Croatie nous montre aujourd’hui sa soif de vivre. Elle prend les bouchées doubles et savoure un succès bien mérité, tout en continuant de nous inviter à profiter pleinement de la beauté de ses îles et de son riche héritage. Et, si le coeur nous en dit, on peut aussi trinquer avec son réputé vin de dessert, le prosek, qui a un goût de miel et de soleil. Comme si Bacchus l’avait conçu exactement pour elle...

Élégance et ambiance francophone, avec le Ponant

Les navires de la Compagnie du Ponant – dont l’Austral et son frère jumeau le Soléal – sont beaucoup plus petits que la majorité des paquebots qui naviguent sur la Méditerranée et l’Adriatique. Comme ils comptent 132 cabines (entre 200 et 240 passagers), il y règne rapidement une ambiance très conviviale et un climat de complicité avec les autres passagers comme avec les membres de l’équipage. Ces navires peuvent faire escale et même accoster dans plusieurs endroits inaccessibles aux gros paquebots. Tous deux offrent deux restaurants, un spa, un gym, un amphithéâtre et quelques salons-bars. Leurs cabines sont vastes, décorées dans des tons classiques, avec lits très grand format, literie française, douches vitrées, peignoirs et balcons privés. La Compagnie du Ponant, dont le siège social est à Marseille, accorde une place très importante à la gastronomie. À tous les repas, le choix de fromages, de pâtisseries et de desserts, tous préparés à bord, ne manque pas. Et le sommelier organise des dégustations de vins de la Croatie. 

Bien que ses croisières ne soient pas bon marché, le Ponant pratique des politiques particulièrement souples quant aux suppléments d’occupation simple. Mais il propose surtout un environnement élégant et majoritairement francophone. La plupart des passagers sont suisses, belges ou français, de même que plusieurs membres clés de l’équipage. Toutes les annonces ainsi que l’animation à bord sont faites en français, et la majorité des excursions se déroulent dans cette même langue, ce qui est très rare et très agréable. Le Ponant propose aussi plusieurs croisières thématiques (gastronomie, musique, art de vivre...), de même que des croisières au Groenland, en Antarctique, en Asie, en Amérique du Sud, au Québec et en Nouvelle-Angleterre (en automne).

www.ponant.com

Informations pratiques

S’y rendre 

La Compagnie du Ponant offre des croisières de 8 jours (7 nuits) en Croatie, à partir de Venise, qui est desservie par plusieurs vols d’Air France, notamment. Plusieurs départs en mai, en juin, en août et en septembre, sur le Soléal (identique à l’Austral, mais encore plus neuf). À partir de 3 370$ US. 

Bien sûr, on peut aussi découvrir la Croatie en voiture ou en train, et atteindre les îles de Korcula et Hvar en empruntant l’un des nombreux traversiers au départ de Split, par exemple. 

Meilleur moment 

D’avril à octobre. 

Monnaie 

La Croatie fait maintenant partie de la Communauté européenne, mais elle a conservé sa propre monnaie (la kuna ou HKR). 

Bon à savoir 

L’itinéraire présenté ci-contre permet de découvrir 4 sites classés au patrimoine de l’Unesco : Stari Grad (sur l’île de Hvar), Split, Dubrovnik et Kotor. Quelques bonnes adresses 

À Split

Le café Vidilica. Haut perché (env. 15 min de marche), mais idéal pour siroter une bière en admirant la ville. Le Musée ethnographique. Une belle occasion de voir des costumes et des objets traditionnels (à l’entrée du palais). 

À Dubrovnik

La terrasse de l’hôtel Excelsior. Un peu chic, mais une des meilleures vues sur la mer et les remparts. Frana Supila 12 (sur la corniche, juste à l’extérieur des remparts, www.adriaticluxuryhotels.com).

Informations sur le pays

www.croatia.hr


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