Petits et gros pépins du système digestif

Petits et gros pépins du système digestif

Par Journal du Bel Âge

Le syndrome du côlon irritable

C’est un trouble du fonctionnement du gros intestin qui touche une personne sur cinq, et deux fois plus de femmes que d’hommes. Les causes sont mal connues, mais on émet actuellement deux hypothèses: une hypersensibilité de l’intestin et des contractions anormales (trop fortes ou trop faibles) de l’intestin. Un diagnostic de côlon irritable est généralement donné quand aucune lésion organique n’est trouvée à la suite de tests. Le syndrome n’est pas précurseur du cancer du côlon ou de maladies intestinales.

Symptômes

Principalement des douleurs ou des crampes abdominales, de l’irrégularité (constipation, diarrhée avec présence de mucus ou alternance des deux), des ballonnements et des flatulences.

Traitement et prévention

Le syndrome du côlon irritable ne se guérit pas, mais il peut être soulagé. En cas de crise, le médecin prescrira, entre autres, des antispasmodiques ou des antidépresseurs qui, étrangement, ont un effet calmant sur les intestins.

On peut aussi diminuer les malaises en modifiant certaines habitudes. Étant donné que le stress exacerbe les symptômes, la relaxation visant à mieux maîtriser ce dernier contribue à réduire ses effets.

L’alimentation peut être un autre facteur aggravant. Mais comme les réactions aux aliments varient d’une personne à l’autre, pour savoir si un aliment ne nous convient pas, on doit noter pendant quelques semaines tout ce qu’on mange ainsi que les symptômes ressentis. Si un aliment empire notre état, on l’élimine. On soulage la constipation en consommant plus de fibres et en buvant beaucoup d’eau.

La diverticulite

La diverticulite

Il s’agit d’une inflammation des diverticules, de petites «poches» qui se forment sur la paroi intestinale du côlon, le plus souvent dans la partie gauche. Après 50 ans, une personne sur deux a des diverticules. Mais, dans la majorité des cas, elles ne causent pas de problème. Il arrive toutefois que des matières fécales ou des morceaux d’aliments s’y logent et l’obstruent, provoquant l’inflammation

Symptômes

Surtout des douleurs soutenues et intenses et de la fièvre.

Traitement et prévention

Elle se traite par antibiotiques. Pendant la crise, on recommande de consommer des aliments pauvres en fibres, pour reposer l’intestin, et de boire beaucoup de liquide. Quand l’épisode aigu est passé, on réintroduit progressivement les fibres alimentaires pour aider à prévenir les crises. Un peu comme le ferait une brosse, les fibres «nettoient» les pochettes des selles et des aliments qui pourraient s’y être agglutinés. À cet effet, on se méfie des aliments à petits grains (maïs soufflé, pains multigrains) et à pépins (tomates, concombres, framboises, raisins) qui se faufilent facilement dans les diverticules. On en mange peu à la fois et on boit beaucoup d’eau pour favoriser leur évacuation. Enfin, on fait de l’activité physique puisqu’elle augmente la motilité intestinale. Si l’inflammation se complique d’une perforation de l’intestin, d’un blocage ou d’un abcès, le médecin doit drainer l’abcès ou le traiter chirurgicalement.

L’ulcère gastro-duodénal

L’ulcère gastro-duodénal

Ce type d’ulcère, semblable à une plaie, apparaît sur la paroi interne du tube digestif. L’ulcère gastrique se développe dans l’estomac, et l’ulcère duodénal dans la partie supérieure de l’intestin grêle, appelée le duodénum. Contrairement à la croyance populaire, ce n’est pas au stress qu’on doit la majorité de ces ulcères, mais à une bactérie nommée Helicobacter pylori. Elle serait en effet responsable de 95% des ulcères de duodénum et de 80% des ulcères de l’estomac. Dans la plupart des autres cas, les ulcères seraient dus à la prise fréquente d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, dont l’aspirine, qui perturbent les mécanismes de défense de la muqueuse de l’estomac.

Symptômes

Une douleur intense ou une sensation de brûlure vive dans le creux de l’estomac, parfois accompagnée de nausées. De façon typique, la douleur ulcéreuse survient entre les repas, au milieu de la nuit ou au réveil, alors que l’estomac est vide et que l’acide touche l’ulcère. Manger ou boire soulage un peu les malaises en neutralisant temporairement l’acidité. Un ulcère peut aussi saigner, entraînant des vomissements ensanglantés ou des selles noires. Dans ce cas, il est urgent de consulter le médecin.

Traitement et prévention

Le traitement varie selon la source de l’ulcère. Si la H. pylori est en cause, on soigne l’ulcère en combinant un antiacide et deux antibiotiques pendant une semaine. Ce traitement a presque mis aux oubliettes la chirurgie longtemps pratiquée pour traiter les ulcères, et il a fait chuter le taux de récidive.

Si les anti-inflammatoires sont responsables, on doit cesser leur emploi et prendre un antiacide prescrit par le médecin durant quelques semaines. Le fait de réduire la sécrétion d’acide par l’estomac permet à l’ulcère de guérir plus vite. Par ailleurs, bien que le stress, le tabac, l’alcool et certains mets épicés ou acides ne causent pas d’ulcères, ils incitent l’estomac à produire plus d’acide. Résultat: ils irritent la muqueuse, aggravent la douleur et augmentent le risque d’autres ulcères. À éviter.

Le reflux gastro-oesophagien

Le reflux gastro-œsophagien

On dit qu’il y a reflux gastro-œsophagien quand une partie du contenu acide de l’estomac remonte dans l’œsophage. Ce reflux est attribuable à une faiblesse du sphincter œsophagien inférieur, à la jonction de l’estomac.

Symptômes

Une sensation de brûlure au centre de la poitrine, qui peut irradier vers le haut, et un reflux des aliments et des liquides, parfois jusque dans la gorge, qui peut laisser un goût âcre dans la bouche. Ces malaises surviennent habituellement après les repas, mais aussi pendant le sommeil et dans certaines positions (allongée, la tête plus basse que les pieds, par exemple).

Traitement et prévention

Les symptômes importants et fréquents peuvent être soulagés à l’aide d’antiacides puissants, appelés inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), qui contrôlent la sécrétion d’acide. Normalement, la médication doit être prise à vie. Quant aux antiacides de type Tums, Rolaids ou Maalox, offerts en vente libre, ils neutralisent l’acidité dans l’estomac et apportent un soulagement quasi immédiat, mais de courte durée. D’autres antiacides, comme Zantac ou Pepcid, inhibent la sécrétion d’acide pendant quelques heures, ce qui peut être suffisant pour apaiser les malaises légers ou occasionnels.

Dans de rares cas problématiques, le médecin recommandera la chirurgie afin de renforcer le sphincter.

Pour minimiser les reflux et les brûlures gastriques: réduire la consommation d’aliments épicés, acides et gras, de caféine (café, thé, chocolat et certaines boissons gazeuses), d’alcool et de menthe qui favorisent le relâchement du sphincter et le déclenchement du reflux; éviter le stress; prendre plusieurs petits repas au lieu de trois copieux (trop d’aliments font pression sur l’estomac); manger et boire lentement; maintenir un poids santé (la pression du ventre sur l’estomac augmente les reflux); dormir la tête bien surélevée afin de réduire le reflux nocturne; cesser de fumer puisque le tabac augmente l’acidité dans l’estomac 

L’aérophagie et la lithiase biliaire

L’aérophagie

Ce malaise résulte d’une accumulation excessive, dans l’estomac, d’air qu’on avale en mangeant, en buvant et en parlant.

Symptômes

Sensation de ballonnement et douleur.

Traitement et prévention

Il n’existe aucun traitement médicamenteux pour réduire l’accumulation d’air. On évacue cet air simplement en éructant. Pour prévenir les symptômes, il suffit de prendre les mesures suivantes: éviter les boissons gazéifiées; ne pas parler en mangeant ni boire avec une paille; éviter de mâcher de la gomme; mastiquer lentement la bouche fermée; cesser de fumer.

La lithiase biliaire

La vésicule biliaire est l’organe qui emmagasine la bile sécrétée par le foie. La bile est libérée dans l’intestin grêle lors de la digestion pour faciliter la dissolution des graisses. Les calculs biliaires, souvent appelés pierres, se forment lorsque la bile contient trop de cholestérol ou pas assez de sels biliaires, ou encore quand la vésicule biliaire ne se contracte pas normalement. Lorsque les pierres bloquent les conduits biliaires, c’est la crise. La lithiase biliaire touche de deux à trois fois plus de femmes que d’hommes, et le risque augmente avec l’âge.

Symptômes

Une douleur intense et persistante, localisée généralement dans le creux de l’estomac, mais qui peut irradier dans le dos à la hauteur des omoplates et dans l’épaule droite. Elle peut s’accompagner de nausées et de vomissements. La crise peut durer de 30 minutes à quelques heures. La douleur s’estompe lorsque le calcul se déloge spontanément et permet à la bile de s’écouler de nouveau. Les récidives sont fréquentes et les symptômes tendent à s’aggraver au fil des crises.

Traitement et prévention

L’ablation de la vésicule par laparoscopie est le plus souvent recommandée à la suite d’une première crise, en raison du risque élevé de récidives et de complications.

Les autres types de traitements (ultrasons, médicaments) sont beaucoup moins efficaces et s’échelonnent parfois sur des mois. Sans compter qu’ils ne préviennent pas les récidives. Une fois qu’un calcul s’est formé, on ne peut le faire disparaître par de saines habitudes. Par contre, bien manger, maintenir un poids santé et faire de l’exercice peuvent aider à prévenir l’apparition de nouveaux calculs.

La gastroentérite

La gastro-entérite

Il s’agit d’une inflammation des intestins causée par un virus qui peut durer quelques jours. 

Symptômes

Crampes et diarrhées accompagnées parfois de vomissements.

Traitement et prévention

Il n’existe pas de traitement médicamenteux. Par contre, dès l’apparition des symptômes, on abandonne les aliments solides. Et on évite la déshydratation en buvant beaucoup d’eau ou des solutions d’électrolytes comme le Pédialyte. Quand les symptômes disparaissent, on recommence à manger légèrement, en évitant durant les premiers jours les produits riches en fibres et les produits laitiers. Attention: une personne infectée peut être contagieuse jusqu’à deux jours après l’apparition des premiers symptômes. L’absence de tout contact avec les gens infectés et le lavage fréquent des mains demeurent les meilleures préventions. 

La colite ulcéreuse et la maladie de Crohn

Colite ulcéreuse et maladie de Crohn

Il s’agit de deux maladies inflammatoires des intestins (MII). La maladie de Crohn peut toucher n’importe quelle partie du tube digestif – même si elle attaque le plus souvent la dernière partie de l’intestin grêle – et se répandre à travers toutes les couches de la paroi intestinale. À l’inverse, la colite ulcéreuse n’affecte que le côlon et la couche supérieure de la paroi, soit la muqueuse. N’importe qui, quel que soit son âge, son sexe ou sa race, peut en souffrir. Ces maladies seraient attribuables à trois facteurs: l’hérédité, une anomalie du système immunitaire et des éléments environnementaux encore mal connus.

Symptômes

La colite ulcéreuse se présente presque toujours de la même façon: sang dans les selles, diarrhées fréquentes avec mucus, crampes abdominales, perte d’appétit et de poids. Les symptômes de la maladie de Crohn sont plus diversifiés. Le plus commun demeure la douleur abdominale qui peut s’accompagner de diarrhées, d’une perte d’appétit et de poids, de nausées et de vomissements, de fièvre, de lésions autour de l’anus et de douleur ou d’œdème articulaire. Dans le cas des deux maladies, les symptômes peuvent être d’intensité variable.

Traitement et prévention

Généralement, on soulage les symptômes des MII et on les maîtrise à l’aide de médicaments. Cela dit, il existe différentes étapes dans le traitement. Quand la maladie est bénigne, surtout dans le cas de la colite ulcéreuse, on diminue l’inflammation avec des anti-inflammatoires connus sous le nom de 5-ASA. Si la maladie s’intensifie, on prescrit alors de la cortisone, un médicament très efficace mais qui, hélas, a de nombreux effets secondaires (enflure, prise de poids, etc.). Ensuite, on passe aux immunosuppresseurs qui stoppent les réactions immunitaires de l’organisme et, du coup, l’inflammation. Enfin, on recourt aux agents biologiques, une nouvelle classe de médicaments ayant la capacité de contrôler les différents médiateurs de l’inflammation.

Dans les cas complexes, ou si les médicaments sont sans effet, l’intervention chirurgicale est requise. Le retrait du côlon peut éliminer la colite ulcéreuse, mais l’intervention chirurgicale ne guérit pas le Crohn. Malheureusement, on ne peut prévenir l’apparition d’une MII. Par contre, on peut diminuer les rechutes et l’intensité des crises, dans le cas de la maladie de Crohn, en cessant tout simplement de fumer. En effet, plusieurs études ont démontré que les fumeurs atteints de cette maladie vont plus mal que ceux qui ne fument pas, qu’ils se font plus souvent opérer et qu’ils connaissent plus de récidives.

Merci au Dr Louis-Charles Rioux, gastro-entérologue à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Geneviève O’Gleman, diététiste, et à la Fondation canadienne des maladies inflammatoires des intestins pour leur aimable collaboration.


Mise à jour : avril 2009

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