Enfin soulager les troubles digestifs

Enfin soulager les troubles digestifs

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStock Photo

Bien que les problèmes de digestion soient généralement anodins, ils n’en restent pas moins fort incommodants. Assez pour qu’on veuille s’en débarrasser illico! Les meilleures solutions de nos experts.

Contre la constipation

Tout le monde ne va pas à la selle chaque jour, sans que cela se définisse comme de la constipation pour autant. «La constipation se caractérise par une difficulté à évacuer les selles et une fréquence de moins de trois fois par semaine, explique le Dr Mickael Bouin, gastro-entérologue à l’hôpital Saint-Luc du CHUM et professeur titulaire à la faculté de médecine de l’Université de Montréal. Elle s’accompagne parfois de crampes abdominales et de ballonnements.» Cette irrégularité intestinale peut être occasionnelle ou chronique. Parmi ses responsables: un transit intestinal lent, une alimentation pauvre en fibres, l’inactivité physique, le stress et certains médicaments ou pathologies (hypothyroïdie, cancer du côlon, etc.). 

Au menu

On augmente notre consommation de fibres alimentaires (fruits, légumes, légumineuses, grains entiers, etc.) pour stimuler le travail des intestins et accélérer l’élimination des selles, en les ajoutant progressivement au menu pour permettre à notre appareil digestif de s’accoutumer. On boit aussi plus de liquide (au moins 1 litre d’eau ou de liquide autre que du café ou du vin par jour): les fibres en ont besoin pour être efficaces. Sans cet apport, elles pourraient avoir l’effet inverse, entraînant de la… constipation! 

Les bons gestes

La pratique régulière d’une activité physique stimulera le mouvement intestinal. Si cela ne suffit pas, l’usage d’un laxatif peut s’avérer efficace (mais on s’informe avant auprès de notre pharmacien!). 

L’automassage du ventre fait aussi une vraie différence. «En se massant le ventre, on active notamment le mouvement intestinal et on améliore une digestion lente et laborieuse, explique Noémie Gélinas, massothérapeute et auteure du livre Massage du ventre et philosophie orientale pour tous. Couché sur le dos, on place un coussin sous sa tête et un autre sous ses genoux. On respire ensuite profondément par le ventre. En plus d’apaiser, la respiration abdominale crée un effet de massage qui aide non seulement à la digestion et au mouvement du côlon, mais aussi à la désobstruction de certains organes. Avec les doigts ou les pouces, on exerce des pressions accompagnées de rotations, puis on relâche progressivement. Modulez l’intensité des pressions selon ce que vous ressentez. Pour la constipation, on suit le trajet du côlon en commençant par le coin inférieur droit, avant de monter vers le foie, de poursuivre transversalement vers la gauche, et de descendre vers la zone inférieure gauche, sur laquelle on s’attarde davantage.» Ce massage se pratique aussi en position assise, le dos bien aligné et les pieds ancrés au sol.

On évite

Retarder le moment d’aller à la selle quand l’envie se fait sentir n’est pas une bonne idée: plus les selles stagnent dans les intestins, plus elles risquent d’être dures et difficiles à évacuer.  

Contre la diarrhée 

«La diarrhée se décrit comme l’évacuation fréquente (plus de trois selles par jour) et abondante des selles», rappelle le Dr Bouin. Plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition de la diarrhée, dont un virus (gastroentérite), un médicament (antibiotique), une maladie (maladie inflammatoire des intestins), une intoxication alimentaire ou une intolérance au lactose.  

Au menu

On modifie temporairement notre diète en évitant les substances reconnues pour aggraver la diarrhée (fibres alimentaires, produits laitiers, aliments épicés ou riches en gras, alcool, café). On privilégie des aliments sans résidus, comme le riz et la viande maigre. «La diarrhée entraîne une déshydratation parfois importante, on boit donc aussi beaucoup de liquides tels que de l’eau ou du bouillon», ajoute le Dr Bouin. Pour prévenir la déshydratation, on peut également se procurer des solutions d’électrolytes (Pedialyte, Gastrolyte) en pharmacie.

Les bons gestes

Si les mesures alimentaires ne suffisent pas, on envisage la prise d’un antidiarrhéique. «Il n’est pas toujours indiqué de bloquer la diarrhée, nuance cependant le Dr Mickael Bouin. C’est un mécanisme naturel d’évacuation. Même principe pour les antitussifs: il ne faut pas forcément bloquer la toux, car elle permet d’évacuer l’infection.» Avant toute automédication, mieux vaut dès lors demander conseil à notre médecin ou notre pharmacien. 

Par ailleurs, l’automassage s’avère là aussi parfois bénéfique. «En principe, on ne le recommande pas lors d’une diarrhée, indique Noémie Gélinas. Toutefois, un automassage doux avec les mains pour réchauffer et apaiser la zone peut apporter un grand soulagement.» 

Finalement, en prévention, on adopte les probiotiques. Ces bonnes bactéries, vendues sous forme de suppléments nutritionnels ou présentes en plus faible dose dans les produits laitiers fermentés et certains légumes lactofermentés (choucroute), colonisent la flore intestinale et luttent contre la prolifération des micro-organismes nuisibles pouvant provoquer diarrhées, ballonnements et gaz intestinaux. 

On évite

Mieux vaut ne pas recommencer à manger de copieux repas trop rapidement et plutôt reprendre progressivement une alimentation normale. 

Contre les ballonnements 

Les gaz intestinaux et les ballonnements s’accompagnent parfois d’inconfort et de douleur. S’ils ne sont pas liés à une maladie intestinale, ces troubles digestifs proviennent alors généralement de la fermentation des aliments dans le côlon, de l’ingestion d’air ou d’une déficience en lactase.

Au menu

On réduit la consommation des aliments fermentescibles (chou, chou-fleur, brocoli, légumineuses, oignon, navet, maïs), ainsi que des aliments riches en glucides, qui nourrissent les bactéries intestinales. Un truc? On retranche les aliments déclencheurs de nos menus, puis on les réintroduit un à la fois pour découvrir ceux qui ne nous conviennent pas. Et bien sûr, on évite les boissons gazéifiées (eaux gazeuses, bières, sodas).

Les bons gestes

Lorsque l’inconfort se fait trop important, on peut recourir à des antiflatulents pour soulager les gaz et les ballonnements. L’exercice physique aide aussi les intestins paresseux. «Quand le transit intestinal fonctionne au ralenti, la nourriture demeure plus longtemps dans les intestins et fermente, ce qui contribue à la formation de gaz, décrit le Dr Mickael Bouin. L’activité physique accélère le mouvement de transit.» 

Autre vrai plus, la respiration abdominale. «Ce type de respiration pourrait favoriser l’évacuation de l’air dans les intestins», conseille le Dr Bouin. L’automassage du ventre est également utile pour diminuer les ballonnements. «On place le bout des doigts de chaque côté du nombril, explique Noémie Gélinas. Puis, en expirant, on étire les muscles en effectuant une pression soutenue vers les parties latérales du ventre. On fait une petite pause, puis on relâche lentement la pression tout en inspirant. Et on répète le tout à quelques reprises.»

Finalement, comme un déséquilibre de la flore intestinale favorise la prolifération des mauvaises bactéries à l’origine de troubles du transit et de flatulences, on consomme ici aussi des probiotiques.

On évite

Quelques mauvaises habitudes nous font avaler de l’air inutilement: manger trop vite, boire avec une paille ou mâcher de la gomme.

Contre les nausées 

Nausées et vomissements sont souvent liés, quoiqu’il soit possible de ressentir l’un indépendamment l’autre. Bien que désagréables, ces soucis sont généralement passagers et bénins. Ils peuvent toutefois entraîner une importante déshydratation... et se révéler les symptômes d’une pathologie grave. On consulte donc son médecin s’ils persistent au-delà de quelques jours. Parmi les causes? Une infection (gastroentérite, intoxication alimentaire), certains médicaments, le stress, le mal des transports, les odeurs fétides, la migraine... 

Au menu

On modifie sa diète alimentaire comme pour la diarrhée (voir plus haut) et on privilégie plusieurs petits repas légers, répartis dans la journée. En cas de vomissement, on s’assure aussi de bien s’hydrater, en buvant fréquemment de petites quantités à la fois de liquides clairs (eau, bouillon, tisane). Au besoin, on utilise des solutions de réhydratation à base d’électrolytes. 

Les bons gestes

Pour soulager les nausées et les vomissements, on peut prendre un médicament antinauséeux, si c’est pour une courte période (et après avoir demandé conseil à son pharmacien). Des tisanes au gingembre ou à la menthe poivrée aideront également à calmer les nausées, tout comme une grande bouffée d’air frais.

On évite

Certains aliments et odeurs aggravent les nausées et les vomissements, selon chaque personne. À fuir!

Contre le reflux 

Le reflux gastro-œsophagien survient quand une partie du contenu acide de l’estomac remonte dans l’œsophage. «L’acidité provoque une sensation de brûlure au creux de l’estomac ou derrière le sternum, mentionne le Dr Bouin. Cette sensation peut s’accompagner d’une régurgitation des aliments et des liquides, parfois jusque dans la gorge. Dans certains cas, les reflux chroniques peuvent occasionner des complications telles qu’une œsophagite, des saignements ou, à l’extrême, un cancer de l’œsophage.» 

Le vieillissement en est le plus souvent la cause. «Au fil du temps, le sphincter, sorte de petit clapet qui empêche le contenu gastrique de remonter, s’affaiblit et devient moins efficace, ajoute le gastro-entérologue. Par conséquent, avec l’âge, le risque d’en être affecté augmente.» La prise de poids peut parfois jouer un rôle aussi, en augmentant la pression intra-abdominale. Le sphincter a alors de plus en plus de mal à faire son travail.

Au menu

Pour minimiser les reflux et les brûlures gastriques, on limite notre consommation de matières grasses et d’aliments sucrés, ainsi que de caféine (café, thé, chocolat et certaines boissons gazeuses) et d’alcool. On change de rythme, en consommant plusieurs plus petits repas au lieu de trois copieux (un excès d’aliments fait pression sur l’estomac). Et on mange et on boit lentement.

Les bons gestes

Les antiacides offerts en vente libre neutralisent l’acide et apportent un soulagement rapide… mais temporaire. Si cela ne suffit pas, notre médecin pourra nous prescrire un antiacide plus puissant, comme un inhibiteur de la pompe à protons (pantoprazole), qui diminue la production d’acides. On veille en parallèle à maintenir un poids santé, le surplus de poids comprimant, comme on l'a dit, l’estomac. Autres options gagnantes: on diminue le stress, on dort la tête surélevée afin de réduire le reflux nocturne, et on cesse de fumer (le tabac augmente la production d’acide). 

On évite

Selon Noémie Gélinas, on devrait s’abstenir de s’étendre tout de suite après le repas. «Sinon, on se couche sur le côté gauche pour prévenir la remontée gastrique.» On évite aussi de se pencher trop rapidement, surtout après avoir mangé! 

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