Lutte contre l’intimidation et la maltraitance: l’affaire de tous

Lutte contre l’intimidation et la maltraitance: l’affaire de tous

Par Linda Priestley

Crédit photo: iStock

Mieux servir les aînés

Afin d’avoir un portrait plus précis des besoins des aînés en matière de protection de leurs droits et de leur intégrité, de leur offrir des services appropriés en cas de mauvais traitements et d’encourager la bienveillance à leur égard, la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées de l’Université de Sherbrooke et le Centre d’aide aux aînés victimes de maltraitance, en Estrie, mènent depuis 2014 une étude qui se poursuivra jusqu’à la fin 2018. Voici les principales constatations qui en ressortent jusqu’à présent:

• En cas de mauvais traitements subis par eux-mêmes ou une tierce personne, plus de 90 % des aînés participant à l’étude solliciteraient l’aide d’un ami, d’un parent, d’un organisme communautaire, d’un regroupement d’aînés, du CLSC, d’un médecin, d’un curé, de la police, de la Ligne Aide Abus Aînés ou autre.

• S’ils devaient dénoncer une situation de maltraitance ou d’intimidation, 77 % des participants avouent qu’ils auraient peur des représailles: vengeance de l’autre, abandon, isolement, crainte de devoir quitter son milieu de vie ou d’être perçu comme un délateur ou un fabulateur. 

• Parmi les leviers qui les motivent à signaler une situation de maltraitance ou d’intimidation, les aînés ont nommé celui de se sentir en forme physiquement (92,5 %), de vouloir faire respecter les droits de cette personne (91 %), de garantir sa sécurité (93 %) et d’avoir l’assurance de se confier dans la confidentialité absolue (90 %).

Maltraitance ou intimidation?

Toujours selon la même étude, les deux tiers des aînés mêlent la maltraitance et l’intimidation. La différence entre les deux? La première, intentionnelle ou non, a lieu dans le cadre d’une relation de confiance avec un parent, un ami ou toute autre personne dont on ne se méfie pas. La seconde est la plupart du temps intentionnelle et peut survenir dans tout type de relation: personnelle, sociale, professionnelle.

Selon une étude menée à partir de témoignages recueillis par la Ligne Abus-Aînés en 2016, 32,7 % des cas de maltraitance sont liés à de l’exploitation financière ou matérielle, tandis que 31,5 % concernent des situations de violence psychologique.

Une nouvelle arme  

En avril dernier, l’Association québécoise de défense des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) lançait le guide Prévenir et contrer l’intimidation… même chez les personnes aînées! Élaboré avec différents travailleurs de terrain dans les secteurs de la défense des droits et de la protection de l’intégrité des aînés, cet outil vise à sensibiliser et à informer tant les personnes âgées que les proches aidants, les intervenants et les professionnels, ainsi que les intimidateurs eux-mêmes. On y trouve, entre autres, une définition de l’intimidation, ainsi que des exemples concrets. Le guide propose aussi des pistes de solutions pour les personnes qui subissent des mauvais traitements ou qui en sont témoins, des conseils pour pratiquer la «bientraitance», ainsi qu’une liste de ressources. «Il aidera les personnes aînées et leurs proches à comprendre ce qu’est l’intimidation, la manière dont elle se manifeste, les facteurs de risque qui contribuent à sa présence, ainsi que les conséquences et les répercussions qu’elle occasionne», a déclaré en conférence de presse Judith Gagnon, présidente de l’AQDR nationale.

On peut se procurer cette publication dans les sections locales de l’AQDR ou sur le site aqdr.org. Info: 514 935-1551.

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