Le bonheur d’être grand-père

Le bonheur d’être grand-père

Par Simone Piuze

Crédit photo: iStockphoto.com

Raymond Lajoie

L’humour au coin des yeux, grand-papa Raymond, 58 ans, fait mine de lancer le ballon à Jérôme, 5 ans, qui ouvre les bras. Mais grand-papa garde le ballon et Jérôme éclate de rire. Tout est rigolo quand grand-papa est là! Surtout lorsqu’il chante à pleine voix, mimant une araignée et un limaçon: «Une araignée sur le plancher se tricotait des bottes! Dans un bocal, un limaçon enfilait sa culotte!» Ou qu’il poursuit le bambin à travers la maison. «Grand-papa, attrape-moi!», crie alors Jérôme, au sommet du bonheur. Jérôme dit aimer son grand-père «comme l’espace». Et il ajoute, radieux: «Il fait des blagues et ça m’apprend à jouer des tours à ma grand-mère!»

Pendant 30 ans, Raymond Lajoie a enseigné la sociologie au cégep. Retraité depuis un an, il consacre maintenant tout son temps à la vie au grand air, à l’amitié, aux voyages, aux concerts, à la lecture et aux activités avec ses trois petits-enfants qu’il chérit. Raymond Lajoie comprend profondément l’univers enfantin. Il sait que le jeu est sacré pour l’enfant. Il l’a vérifié maintes fois avec ses propres enfants – il en a eu quatre – et, maintenant, il s’en donne à cœur joie avec Jérôme, Marjorie et Maya qu’il garde très souvent chez lui ou qu’il visite. «J’entre dans leur monde, dit-il. Je partage leurs jeux et j’y prends plaisir. Ainsi, parfois je me cache et Jérôme m’appelle : “Grand-papa, où es-tu?” Ou alors je le lève au bout de mes bras; il touche presque le plafond et il rigole. Je fais la même chose avec la petite Marjorie, 3 ans.»

Attentif à la personnalité de chacun de ses petits-enfants, Raymond connaît leurs goûts, leurs talents et leurs habitudes. Il sait, par exemple, se faire discret «lorsque Marjorie est dans son univers et se raconte des histoires, installée par terre. Je ne la dérange pas. Elle est concentrée. En pleine création…» Il sait aussi accompagner leur découverte du monde. «Je suis allé avec Jérôme au Biodôme. C’était fascinant de voir son émerveillement face aux oiseaux et aux poissons! Il est resté pendant plusieurs minutes à observer les plongeurs et les poissons multicolores dans l’immense bassin. Ce fut une très belle aventure que nous avons partagée tous les deux. Nous avons pris ensemble le métro – c’était la première fois qu’il montait dans un wagon —, et j’ai répondu à ses questions. J’avais tout mon temps: aucune contrainte, que le bonheur d’être ensemble…»

Raymond, grand sportif et amoureux de la nature, prend plaisir par ailleurs à faire du vélo avec son petit-fils et de la randonnée sauvage en compagnie de son épouse, de ses enfants et petits-enfants. «On part tous ensemble marcher et pique-niquer au mont Tremblant ou aux chutes Monte-à-Peine. Même Maya, 1 an, est de l’excursion. Ce sont des journées inoubliables de communication et de bain de nature.»

Raymond souhaite que ses petits-enfants puissent, un jour, étudier et s’épanouir dans une profession choisie selon leurs goûts et leurs aptitudes. Il espère aussi qu’ils développeront une belle relation avec leurs proches et que l’amitié sera une valeur importante de leur vie.

Gilles Parent

Gilles Parent

«Lorsque Liliane est venue au monde, il y a 11 ans, ça m’a beaucoup touché, nous confie Gilles Parent. J’ai réalisé soudainement qu’il y avait une continuité: j’avais eu une relation extraordinaire avec ma fille, Josée-Estelle, et voilà qu’elle venait d’accoucher d’une petite fille! Je l’ai aimée tout de suite. Comme Josée-Estelle a dû retourner très rapidement au travail, ma femme et moi avons gardé le bébé pendant deux ans. Quel bonheur ce fut! Liliane terminait tous ses repas assise sur mes genoux. Je disais : “Goûte, goûte, Lili! C’est bon en titi!” Or, un jour, elle a répété: “C’est bon en titi!” Ce furent ses premiers mots!»

À 66 ans, Gilles Parent travaille encore dans les affaires. Il jouit d’un bon moral et d’une santé florissante. Liliane et son frère Dominic, 8 ans, vivent à deux pas de chez lui, contrairement à Sarah, sa deuxième petite-fille, qui habite une autre ville. Liliane et Dominic voient donc papi Gilles quasi tous les jours et se font un grand plaisir de l’accompagner dans sa marche de santé. Il leur arrive aussi de dormir chez lui où ils ont chacun leur chambre.

Il est 21 h. Assis au salon dans son fauteuil préféré, papi Gilles lit son journal. Sur le bout des pieds, Dominic s’approche de lui, l’air penaud: «Papi, je n’arrive pas à m’endormir!» Papi Gilles baisse son journal, regarde son petit-fils éploré et dit très calmement: «Je ne peux rien faire pour toi, Dominic.» Mais le garçon reste là. «Veux-tu que je te donne un truc? Va te recoucher. Tu vas voir, tu vas t’endormir tout de suite. Crois-moi.» Papi Gilles se remet à lire. Quelques minutes plus tard, Dominic dort profondément. «Il a cru en ma parole, dit Gilles Parent en riant, et cela a marché bien mieux que la fois où je lui avais suggéré de compter les moutons!» Et de décrire la personnalité de son petit-fils: «Dominic ne s’endort pas facilement: c’est un penseur. Un garçon profond et étonnant de maturité. À 4 ans, il m’avait dit qu’il voulait être écrivain! L’autre jour, il m’a demandé s’il pouvait me poser des questions sur ma vie: “J’écris sur toi, papi... J’en suis à l’ébauche de mon roman.“ Dominic fait aussi du théâtre. Je l’ai vu sur scène avec d’autres acteurs professionnels adultes et j’ai été renversé par son jeu!»

Gilles Parent parle aussi de l’humour de Liliane, de ses talents de danseuse et de sa grande sensibilité. «Un jour, alors que Lili regardait un film émouvant, de grosses larmes se sont mises à couler sur ses joues. J’ai mis deux bûches dans la cheminée, je me suis assis près d’elle et elle a posé sa tête sur mon épaule… Dernièrement, alors que nous prenions un repas avant que je ne m’envole avec mon épouse pour Cuba, nous avons remarqué qu’elle était triste. “C’est parce que tu t’en vas pour deux semaines, papi”, a-t-elle expliqué, des sanglots dans la voix.»

Gilles Parent désire que ses petits-enfants s’épanouissent aussi bien physiquement qu’intellectuellement. Aussi les amène-t-il souvent à son chalet situé dans la région sauvage du lac Boule, au nord de Saint-Michel-des-Saints, où il initie son petit-fils aux plaisirs de la pêche à la traîne. «Je lui dis: “Il faut être patient, Dominic! Fais ce que je te dis et tu vas l’attraper, ton doré!”» Papi Gilles amène aussi ses petits-enfants, au printemps, voir les rassemblements d’oies blanches à Saint-Barthélemy, non loin du fleuve. Ces voyages sont l’occasion de rires, de bonnes bouffes et de leçons d’écologie pour les deux petits. «La relation qui se tisse entre eux et moi est un prélude aux confidences plus en profondeur qu’ils me feront, je le souhaite, quand ils seront adolescents», souligne Gilles Parent, qui ajoute vouloir transmettre à ses petits-enfants ses propres valeurs qui sont, en premier lieu, l’amour de la famille. Puis la persévérance — «Quand on s’engage, on va jusqu’au bout» — et l’équilibre en toute chose.

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Mise à jour: mai 2008



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