REER: les erreurs à éviter

REER: les erreurs à éviter

Par LesAffaires.com

Crédit photo: iStockphoto.com

Attendre la dernière minute pour cotiser

Nombre de Canadiens attendent la dernière minute pour cotiser à un REER. Parmi ceux qui prévoient cotiser à un REER, une personne sur trois compte le faire juste avant la date limite du 29 février 2008. Cette façon de faire est une erreur. Car c’est oublier deux vérités fondamentales concernant les REER.

Premièrement, rien n’oblige un contribuable à attendre la fin d’année fiscale avant de faire sa contribution REER. Le fisc permet de le faire, soit à la période fiscale qui se termine, soit à celle qui commence ou à n’importe qu’elle autre période. Une contribution en février 2008 peut très bien s’appliquer à l’année fiscale 2008. Deuxièmement, votre dollar contribué en 2007 n’aura pas la même valeur en 2008. La différence: un intérêt peut courir sur ce dollar pendant un an. C’est la loi la plus élémentaire de la finance! Or, un REER est un abri fiscal permettant aux sommes qui y sont versées de fructifier sans le prélèvement d’un impôt. Une personne qui effectue ses cotisations en début de période évitera donc de perdre à l’impôt une partie du rendement réalisé sur ses cotisations.

Croire en l’État-providence

Ne pas épargner du tout en espérant que le gouvernement subviendra à nos besoins au moment de la retraite est une grave erreur. Les 65 ans et plus représenteront 27% de la population québécoise en 2031, comparativement à 13% en 2003. Le gouvernement ne pourra subvenir seul aux besoins des retraités puisque les coûts liés aux soins de la santé vont augmenter dans la même proportion. De plus, l’espérance de vie au Canada monte en flèche depuis plusieurs années. Or, si les aînés vivent plus vieux, les montants nécessaires pour financer la retraite seront plus importants per capita. Selon les prévisions de Statistique Canada, il y aura davantage de personnes qui quitteront le marché du travail que de personnes qui l’intégreront d’ici 10 ans. Une autre étude de l’Université de Waterloo, publiée en 2007, affirme que les deux tiers des Canadiens, dans la tranche d’âges de 40 à 45 ans, n’arriveront pas à subvenir à leurs besoins, une fois à la retraite. La solution selon l’étude: épargner davantage ou… continuer de travailler après 65 ans. 

Essayer de rattraper le temps perdu avec une répartition d’actifs risquée

Il est important de réévaluer de façon régulière la répartition de son actif entre les actions, les obligations, les liquidités et autres placements à l’étranger. Cela permet de traverser les hauts et les bas du marché, en minimisant les risques. Un contribuable réalisant soudainement qu’il n’a pas assez épargné pour sa retraite pourra être tenté de miser massivement sur les actions. C’est une erreur.

Pour investir dans ces marchés, on doit tolérer la volatilité qui y est associée. C’est une question de personnalité et de profil d’investisseur, car les fluctuations défavorables sont inévitables. Une pondération trop forte en action associée à un court horizon de placement constitue un cocktail explosif.


Cotiser à son REER ou rembourser une dette?

Ne pas maximiser ses cotisations REER

Seuls trois Canadiens sur dix prévoient utiliser au maximum leurs droits à des cotisations au REER pour l'année d'imposition 2007. Pourtant, le REER est un excellent outil d'épargne, qui permet à vos économies de fructifier à l'abri de l'impôt. Pour l’année fiscale 2007, la limite de cotisation correspond à 18% du revenu gagné, ce montant étant lui-même plafonné à 19 000$. Si vous participez au fond de pension de votre employeur, ces montants peuvent être réduits par ce qu’on appelle le «facteur d’équivalence».

Depuis 1991, si vous n’utilisez pas pleinement votre droit de contribution, vous conservez le droit de faire ces cotisations ultérieurement. Cependant, ne pas maximiser votre contribution REER, le plus rapidement possible, est une erreur. En contribuant à un REER, on vous remettra un reçu permettant une réduction du revenu imposable figurant dans votre rapport d’impôt. Vous reportez ainsi le paiement d’un impôt à plus tard. Non seulement vous réalisez des économies d’impôt, mais vous engrangez des revenus à même l’argent du fisc. De plus, ces revenus demeureront à l’abri de l’impôt jusqu’à votre retraite. 

Concentrer les revenus en dividendes dans son REER

Les revenus de placements qui sont générés dans le cadre d’un REER comportent l’avantage de s’accumuler à l’abri de l’impôt. Or, le traitement fiscal de certains types de revenus n’est pas uniforme. Par exemple, les revenus en dividendes de certaines sociétés canadiennes imposables bénéficient d’un taux d’imposition moindre, par le truchement d’un crédit d’impôt pour dividende. Un revenu d’intérêt obtenu, entre autres, par le biais du certificat de placement garanti (CPG) est, lui, imposé intégralement.

La facture fiscale pour le même montant investi est donc nécessairement plus salée dans le cas du CPG que dans le cas du dividende. Ce serait une erreur de concentrer des placements bénéficiant d’un traitement fiscal avantageux dans un régime destiné à protéger ces revenus de l’impôt. En particulier, si vous êtes imposé sur des revenus onéreux, sur le plan fiscal, à l’extérieur de votre REER.

Rembourser l’hypothèque sans maximiser ses contributions REER

En général, payer un taux d’intérêt sur une hypothèque résidentielle est un moindre mal comparé aux avantages que représentent les économies d’impôts reportés que permet le REER. Plusieurs planificateurs financiers, lorsqu’ils prennent en charge les finances d’une personne font l’inventaire des dettes. C’est à ce moment qu’on voit apparaître le concept de «mauvaises» dettes et celui de «bonnes» dettes. L’équation est simple: une carte de crédit est une mauvaise dette. Une hypothèque est une bonne dette. C’est le taux d’intérêt applicable qui sert de critère pour qualifier la dette.

À choisir entre faire une contribution dans son REER et rembourser une «mauvaise» dette, il faut rembourser la dette. Cependant, à choisir entre faire une contribution dans son REER et rembourser un supplément sur son hypothèque, il faut choisir de conserver la «bonne» dette.


Ignorer le REER de son conjoint

Ignorer le REER de son conjoint

Les règles fiscales permettent de cotiser au REER du conjoint (incluant conjoints de fait ou de même sexe). On bénéficie alors de la déduction fiscale, tout en étant limité par son propre droit de cotisation. Un instrument fiscal puissant: le fractionnement du revenu.

Rappelons que le régime fiscal canadien se base sur l’impôt progressif (le taux d’imposition marginal est fonction du niveau de revenu). Répartir son revenu imposable entre le plus de contribuables possible devient donc avantageux. Cela peut représenter une économie fiscale!

Le 1er janvier 2007, les gouvernements ont consolidé les règles du fractionnement de revenu. La possibilité de fractionner le revenu est désormais prévue par le fisc pour ceux de 65 ans et plus. Doit-on mettre le REER-conjoint au panier? Ce serait une erreur. Le REER du conjoint devient moins indispensable, mais qui peut prédire l’évolution des règles à long terme? De plus, quand des sommes ont été contribuées dans le REER de son conjoint (après trois 31 décembre consécutifs), il est possible de les retirer et de les faire passer comme un revenu imposable pour ce dernier. C’est avantageux quand le conjoint a un faible revenu et entreprend, par exemple, des études.

Contribuer dans une année de vache maigre en utilisant sa déduction immédiatement

En matière de REER, rien n’oblige le contribuable à se précipiter pour bénéficier de la déduction associée à sa contribution dans l’année en cours. Ne pas tenir compte de cette réalité, dans une année où son revenu sera anormalement bas, est une erreur. Lors d’une contribution à son REER, on reçoit un reçu aux fins d’impôt. Or, le cotisant peut très bien conserver ce reçu et ainsi reporter sa déduction dans une année fiscale subséquente.

Ainsi, la somme cotisée commence à fructifier à l’abri de l’impôt au moment de la cotisation. De plus, si le contribuable sait que son revenu au cours des prochaines années sera plus élevé, il utilisera la déduction à ce moment. La déduction sera plus rentable. En effet, le système d’impôt au Canada est basé sur l’impôt progressif : plus votre revenu est élevé, plus votre taux marginal d’imposition est élevé. Faites-le calcul.

Ne pas transférer une prime de départ à son REER

Un contribuable qui reçoit un gain exceptionnel doit évaluer la possibilité que lui offre son REER de réaliser des économies fiscales. Un gain exceptionnel peut correspondre, par exemple, une prime de cessation d’emploi ou une prime de départ.

Si un employeur vous paye ce type d’indemnité, vous avez la possibilité de transférer la somme à votre REER, en franchise d’impôt, sous certaines conditions. Ne pas se prévaloir de ces mécanismes spéciaux est une erreur. Le paiement d’une prime de départ, transférable à votre REER, le devient à titre d’allocation de retraite. Les montants admissibles correspondent à 2 000$ par année de services antérieure à 1996, majorés de 1 500$ par année de service antérieure à 1989. Les congés de maladie inutilisés et les montants accordés par le tribunal en raison d’un congédiement injustifié sont également transférables en franchise d’impôt, selon ces mêmes règles.

Cependant, les frais juridiques associés à l’octroi d’une indemnité de cette nature sont directement déductibles du revenu imposable. Or, il n’est pas toujours optimal de transférer l’intégralité d’un montant de cette nature à son REER. Cela dépend de l’avantage que comporte la déductibilité des frais juridiques encourus pour récupérer cette somme.


Être aventurier à 60 ans

Être aventurier à 60 ans

On a investi sa vie durant pour la retraite. On n’a pas hésité, dans la trentaine, à profiter de la croissance des marchés. C’est légitime de bomber le torse, en se remémorant son flegme devant des hordes de corrections boursières. Chapeau! Ce comportement explique le bond considérable de la portion croissance de votre REER. Cependant, à l’aube de la soixantaine, garder ce cap sans procéder à un rééquilibrage comporte un risque important. Omettre de réévaluer sa tolérance au risque est une erreur. Il ne s’agit pas ici de dire qu’un sexagénaire doit mettre une croix sur le marché boursier. L’augmentation de l’espérance de vie et l’effritement du capital par l’inflation lui assurent sa place dans un portefeuille performant. Le contribuable doit malgré tout commencer à reconnaître que le temps lui manque.

Or, pour investir l’esprit libre dans un portefeuille misant massivement sur la croissance, il faut avoir du temps devant soi. C’est ce temps qui permet d’absorber les grands comme les petits chocs que la bourse nous inflige épisodiquement. A le plus à perdre celui qui bâti son insouciance sur le dos son expérience passée du marché. « De toute façon les actions, c’est qu’il y a de plus payant! ». On payera cher le prix de la témérité, en cas de turbulence majeure, à quelques années de la retraite.

Concentrer la croissance dans son REER

Malgré l’intérêt de diversifier son portefeuille, il peut ne pas être avantageux de concentrer tous les titres susceptibles de générer du gain en capital dans son REER. Les placements générant un revenu d’intérêt, par exemple, sont les placements les plus imposés. Il est donc intéressant de choisir en particulier ce type de placement pour les faire fructifier à l’abri de l’impôt.

Le gain en capital, pour sa part, fait l’objet d’un traitement fiscal différent pour le particulier. Lorsqu’un gain en capital est constaté par le fisc, le contribuable ajoutera seulement la moitié du gain à son revenu imposable. Ce qui revient à payer la moitié moins d’impôt comparativement à un revenu d’intérêt ou encore un salaire. En revanche, lorsqu’un gain en capital est généré à l’intérieur d’un REER, le contribuable perd l’avantage fiscal correspondant.

Il faut donc éviter de concentrer les titres porteurs de croissance en capital dans son REER et choisir plutôt les titres porteurs d’intérêts. À moins… d’être convaincu de pouvoir battre la performance fiscale du gain en capital avec la performance financière de son titre.

Ne pas rembourser son prêt-REER dans un délai d’un an

Lorsqu’on omet de contribuer à son REER pendant des années, les chances sont fortes pour qu’on dispose de substantiels droits de cotisations accumulés. La perspective d’emprunter dans le but de se prévaloir des avantages fiscaux liés à ce potentiel de cotisation apparaît souvent séduisante. Cette impression est habituellement fondée, en particulier si les revenus que généreront vos cotisations financées par un emprunt sont supérieurs au coût de l’emprunt en question. Rembourser ce prêt-REER sur plus d’un an est toutefois une erreur. Les intérêts courant sur un prêt de cet acabit ne sont pas déductibles. À long terme, ils sont même susceptibles d’éclipser les avantages fiscaux que vous obtiendrez par le truchement de votre REER. Certains vont jusqu’à contracter une hypothèque résidentielle pour contribuer à leur REER. Bien des experts vous diront que ce n’est pas là l’idée du siècle.
 

Distinction entre REER et placements

Ne pas faire la distinction entre REER et placements

L’offre de produits financiers en matière de REER pullule et se complexifie d’année en année. Il est facile d’y perdre son latin. Pas étonnant que certains ne fassent pas la différence entre le REER, en tant que régime fiscal et le REER en tant que véhicule de placement. Ne pas saisir cette différence fondamentale est une erreur. Un REER permet la cotisation de sommes, tout en les protégeant de l’impôt. On vous remet alors un reçu d’impôt permettant une déduction. C’est la fonction fiscale du régime.

Quand les sommes sont déposées dans le REER, la fonction investissement débute. Contribuer dans un REER n’est pas indissociable du fait d’investir les contributions. Il s’agit là de choix indépendants. À l’évidence, ils doivent être successifs. Par exemple, un REER autogéré vous permettra de maintenir vos cotisations sous forme de liquidités aussi longtemps que requis. Il est utile de faire cette distinction, car parfois le meilleur moment de contribuer ne correspond pas nécessairement au meilleur moment d’investir.

Omettre de bénéficier au maximum du REER… jusqu'à la fin

Ne pas cotiser à votre REER toutes les sommes auxquelles vous avez droit, jusqu’à la terminaison du régime, est une erreur. L’ultime limite d’un contribuable pour clore ses cotisations correspond au 1er janvier de l’année qui suit son 71e anniversaire de naissance. À partir de ce moment, un REER cesse d’exister. Toutes les contributions inutilisées accumulées sont perdues à jamais. Toutefois, si le conjoint du contribuable est plus jeune, il peut toujours contribuer au REER de son conjoint, jusqu’au 31 décembre suivant l’année où il atteint l’âge de 69 ans. Les déductions ne sont plus possibles et les sommes dans les régimes ne sont plus à l’abri de l’impôt, une fois que le REER est dissous. Vous devez alors faire connaissance avec de nouveaux instruments fiscaux, qui vont vous permettre de continuer à gérer votre épargne-retraite.

Retirer trop hâtivement une somme du REER de son conjoint

Derrière l’idée de cotiser au REER de son conjoint se cache l’objectif de fractionner le revenu du contribuable. Puisque l’impôt au Canada fonctionne sous le mode de l’impôt progressif, plus le revenu d’un contribuable sera élevé, plus l’impôt sera élevé en proportion. Du coup, répartir le revenu familial entre le plus de contribuables possible, entraînera un abaissement du taux marginal d’imposition global. Le REER de conjoint permet cette stratégie fiscale. Cependant, ne pas attendre que trois fins d’années civiles révolues se soient écoulées avant de retirer les sommes ainsi contribuées, est une erreur. Le fisc a prévu que de tels retraits devront être inclus dans le revenu imposable du cotisant et non dans celui de son conjoint. Bref, il faut être plus patient pour espérer bénéficier de fractionnement du revenu avec le REER de son conjoint.

Tous les conseils présentés sont tirés de l’excellent Dossier REER présenté par LesAffaires.com. 

Mise à jour: février 2008

Vidéos