Courtiers en ligne: guide pratique pour investir

Courtiers en ligne: guide pratique pour investir

Par Dominique Lamy

Crédit photo: Carlos Muza via Unsplash

Pour échanger des actions sur les Bourses mondiales, on peut désormais se passer de l’industrie bancaire. Coup d’œil sur de plus petits acteurs qui tirent leur épingle du jeu. 

Cela fait un moment que Réjean, 52 ans, n’utilise plus Internet seulement pour y lire les manchettes de l’actualité quotidienne. Il apprécie notamment de pouvoir faire livrer son épicerie à domicile après l’avoir commandée sur le site de son marchand préféré. Et il se demande désormais quel serait le meilleur moyen d’acheter des titres individuels sur les Bourses nord-américaines. «Rien de compliqué ni de trop coûteux», précise-t-il. Bonne nouvelle: Réjean a l’embarras du choix avec les «courtiers en ligne» (qu’on appelait «courtiers à escompte» il y a une dizaine d’années). Ce n’est pas par leur tarif que ceux-ci se démarquent (les prix se ressemblent beaucoup d’un service à l’autre), mais bien par la qualité de la plateforme proposée.

De quoi parle-t-on, au juste? Un compte de courtage, c’est un compte d’investissement dans lequel vous pouvez négocier une grande gamme de produits offerts sur les marchés financiers, comme des actions, des fonds négociés en Bourse (FNB) et des fonds communs de placement. Les courtiers en ligne vous permettent de gérer votre propre compte en choisissant vous-même les produits qui conviennent à vos objectifs de placement. L’investisseur autonome bénéficie donc de frais de commission moins élevés, mais il doit apprendre à naviguer seul dans les dédales de l’investissement boursier. Comment partir du bon pied?

Faites votre sélection

Votre première idée pourrait être de choisir la plateforme proposée par votre banque actuelle (un client de la banque CIBC pourrait ainsi opter pour sa filiale Pro-Investisseurs). «Vous aurez alors l’avantage de transférer des fonds plus rapidement entre votre compte bancaire et votre compte de courtage», explique Julien Brault, PDG de Hardbacon, la société à l’origine de l’application du même nom qui aide les investisseurs à mieux comprendre leur portefeuille et les risques inhérents à celui-ci. Par contre, cet avantage ne devrait pas être décisif dans le choix d’un courtier en ligne. «Choisissez plutôt celui qui convient le mieux à vos besoins», ajoute le dirigeant, qui vient de signer une importante entente avec Desjardins Courtage en ligne. Quels sont dès lors les critères à considérer avant de jeter votre dévolu sur l’une ou l’autre des plateformes disponibles?

La commission exigible par transaction 

Combien devez-vous débourser à l’achat et à la vente d’un lot d’actions? Le magasinage n’est pas compliqué: la majorité des firmes proposent d’entrée de jeu une commission unitaire sous les 10 $. Seule exception: Scotia iTRADE, dont le tarif de base se chiffre à 24,99 $ pour l’investisseur réalisant moins de 30 transactions par trimestre ou possédant moins de 50 000 $ en actifs combinés sous la bannière de la Banque de Nouvelle-Écosse. Consultez le site Internet du fournisseur convoité et analysez sa grille de tarification. Il est d’ailleurs facile de dénicher des comparateurs en ligne sur le sujet. Assurez-vous simplement que les données présentées sont à jour.

Des FNB sans frais de commission

Les FNB sont de plus en plus populaires, et leur nombre est en expansion constante depuis quelques années. Ces paniers de titres s’avèrent un moyen efficace d’investir à faible coût et d’assurer une certaine diversification dans votre portefeuille. Plusieurs courtiers en ligne proposent d’acheter et/ou de vendre des FNB sans assumer la commission exigée autrement. Un avantage de taille… mais méfiez-vous des petits caractères! Parfois, une transaction d’un montant minimal de 1000 $ est exigée, ou encore, la gratuité ne s’applique qu’à l’achat et non à la vente.

L’absence de frais d’administration

Personne n’aime payer des frais superflus. Les courtiers imposent des frais d’administration annuels ou trimestriels aux détenteurs qui ne respectent pas certaines conditions. Le fait de ne pas avoir un solde minimum dans l’ensemble des portefeuilles détenus auprès d’une même institution ou d’être inactif sur les marchés pendant un certain laps de temps entraîne parfois des frais fixes pouvant atteindre jusqu’à 100 $ par année. Ces frais varient selon le type de compte. Plusieurs sites de courtage ne facturent aucuns frais, sans condition, pour détenir un compte d’épargne libre d’impôt (CELI). Ici encore, une analyse exhaustive de la grille tarifaire limitera les mauvaises surprises. «Plus on gère de capital, moins ces frais ont un impact sur notre rendement, et plus la valeur des outils fournis et de la recherche proposée est à considérer», nuance Julien Brault.

 

Le dépôt minimal requis

Avant d’arrêter votre choix, vérifiez si la plateforme convoitée exige un dépôt minimal à l’ouverture du compte. Certains courtiers fixent un plancher à 1000 $ (Questrade et Virtual Brokers, notamment), alors qu’une somme de 5000 $ est parfois requise pour détenir un REER (chez BMO Ligne d’action, par exemple).

Disponibilité d’un compte à deux devises

L’intention de Réjean, notre investisseur du début, est claire: il prévoit acheter des titres canadiens et des titres américains. Dans sa réflexion, il lui faudra donc considérer un courtier offrant un compte à deux devises pour limiter le coût associé à la conversion de ses dollars canadiens en dollars américains. Réjean pourra ainsi négocier des titres américains dans la portion correspondante de son compte. Cette fonctionnalité permet en effet de posséder les deux devises à l’intérieur du même compte sans devoir se préoccuper des fluctuations du taux de change à chaque opération. «Sachez dans quoi vous vous embarquez à l’achat de titres d’entreprises américaines, avertit Julien Brault. N’oubliez pas que vous prenez un risque de devise en investissant dans celles-ci.»

Des outils d’aide à l’investissement

La planification financière s’immisce désormais dans l’offre de placements en ligne. L’intégration des conseillers-robots ou de services de rééquilibrage de portefeuille aux plateformes de négociation semble une tendance forte dans l’industrie. Banque Nationale Courtage Direct propose, par exemple, l’outil InvestCube aux utilisateurs de sa plateforme. Les portefeuilles y sont évalués chaque mois et rééquilibrés, si nécessaire, pour conserver la répartition ciblée des actifs. De son côté, la plateforme de négociation en ligne BMO Ligne d’action, qui vient de recevoir la plus haute cote en matière de satisfaction des investisseurs autonomes de la part de J.D. Power Canada, propose l’option ConseilDirect. Il s’agit d’un service d’investissement en ligne avec suivi continu du portefeuille, conseils en placement personnalisés et soutien de spécialistes. «Je m’y sentirais peut-être davantage en confiance», observe Réjean.

Qui choisir?

Voici trois premiers de classe à considérer dans votre recherche d’un courtier en ligne.

Investisseur Qtrade

Filiale de Patrimoine Aviso, Qtrade propose une expérience novatrice et conviviale. La grille tarifaire est alléchante et repose sur une commission unitaire de base de 8,75 $ par transaction et la possibilité d’acheter ou de vendre 100 FNB gratuitement. Si vous transférez automatiquement un minimum de 100 $ par mois dans votre compte, vous éviterez ainsi les frais d’administration. Au-delà de la tarification, c’est la page d’accueil qui attire l’attention. Une fois connecté à votre compte, un graphique y démontre l’évolution de votre portefeuille par mois, par trimestre ou par année. Vous constatez aussi, d’un coup d’œil, votre répartition d’actifs et toute l’information pertinente concernant vos droits de cotisation au CELI et au REER. Vous pouvez également accéder à cette plateforme sur les diverses applications mobiles offertes. En plus de proposer la majorité des fonctionnalités précédemment énumérées, on note de la part de QTrade un vrai souci du détail que d’autres courtiers n’offrent pas. Mais attention: la recherche fournie par des analystes y est plutôt limitée. Vous pourriez prévoir de votre côté une deuxième source fiable pour trouver de l’information sur les sociétés que vous prévoyez ajouter au portefeuille. Info: qtrade.ca/fr/investor.html.

Questrade

Courtier indépendant, Questrade mise fort sur sa tarification avantageuse. On parle d’un petit sou (0,01 $) par action, pour une commission minimale de 4,95 $ et maximale de 9,95 $ par transaction. Si vous préférez investir dans les FNB, vous pourrez en faire l’achat sans frais de commission. Les frais d’administration sont facilement évitables sur les plus petits comptes: il suffit de détenir des actifs de plus de 5000 $ pour éviter les frais de tenue de compte de 24,95 $ par trimestre. Ouvrez votre compte en ligne en quelques minutes, et vous serez en mesure d’effectuer vos premières transactions sur actions à très bon prix. La qualité de l’expérience est au rendez-vous: la plateforme s’améliore constamment, la navigation y est intuitive et son application mobile se trouve sur iOS et Android. Info: questrade.com.

Virtual Brokers

Propriété de CI Financial, Virtual Brokers propose des commissions avantageuses et une plateforme idéale pour bâtir un portefeuille de FNB. La commission de base se situe à 9,99 $ par transaction sur actions, mais l’investisseur a la possibilité d’acheter sans frais n’importe quel FNB offert au Canada et aux États-Unis. La commission sur la vente reste cependant applicable. Comme c’est le cas chez Questrade, un actif de seulement 5000 $ permet déjà d’éviter les frais trimestriels de tenue de compte de 24,95 $. À défaut, ces frais de maintenance donnent droit à un crédit équivalent, utilisable pour effectuer des transactions sans commission durant le trimestre suivant, à la seule condition que le compte demeure ouvert jusqu’à la fin de la période créditée. Les premières navigations exigent une certaine adaptation quand on souhaite consulter la recherche et documentation (la diversité des sources disponibles mérite d’être soulignée). Mais l’interface se révèle bien ficelée, colorée et moderne. On peut ouvrir un compte en ligne en sept étapes faciles. Et des applications mobiles sur BlackBerry, iOS et Android feront le bonheur des boursicoteurs. Info: virtualbrokers.com/fr-ca.

Prêt à vous lancer?

• Vous n’êtes pas à l’abri d’une décision émotive susceptible d’avoir des conséquences importantes sur vos rendements. Avant d’investir, considérez votre horizon de placement et respectez votre tolérance au risque.

• Plusieurs courtiers en ligne proposent des comptes fictifs pour effectuer une simulation. Profitez-en pour vous faire les dents.

• Lors d’un transfert d’actifs vers une autre institution, négociez avec le service à la clientèle du nouveau courtier le remboursement des frais de sortie exigés par l’institution cédante. 

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