Acheter un appareil de santé

Acheter un appareil de santé

Par Guy Sabourin

Crédit photo: iStockphoto.com

Le médecin vous suggère d’acquérir un appareil aidant à mieux contrôler votre tension artérielle, votre diabète ou votre coagulation sanguine. Mais où trouver celui dont vous avez besoin? Lequel acheter?

Il existe des modèles à mémoire, à boutons multiples et à connexion Internet, qui conviennent davantage aux individus qui aiment les gadgets et l’informatique. Ils peuvent être très sophistiqués, et aussi plutôt compliqués… D’autres, au contraire, sont des modèles de sobriété et de simplicité. Ils sont faciles à lire et à entretenir, les boutons sont gros, ils ont peu de fonctions. Bien sûr, la grosseur des lettres et des chiffres importe pour ceux dont la vision est affaiblie!

Ces lecteurs constituent des cadeaux très utiles, mais encore faut-il s’assurer de pouvoir les échanger, au besoin, puisque tous les modèles ne conviennent pas à tout le monde. D’ailleurs, le modèle remis au cours de promotions ou le modèle dernier cri annoncé à la télé n’est pas forcément celui qu’il vous faut…

Où acheter

Le meilleur endroit pour acheter ce type d’appareil reste la pharmacie: on y reçoit en même temps tous les conseils pertinents. «Nous avons trois ou quatre modèles de chacun, si bien qu’avec une consultation d’une trentaine de minutes en privé, nous pouvons déterminer lequel convient le mieux à telle personne», explique la pharmacienne Gehane Mikhaïl. À ses yeux, les conseils professionnels s’avèrent indispensables puisque le risque d’acheter le mauvais appareil est trop grand. Ce sont des appareils de santé que l’on ne peut utiliser sans en connaître les rudiments ni sans savoir exactement ce que l’on fait.

Glucomètres

Glucomètres

Le glucomètre mesure le taux de sucre dans le sang à des moments bien précis au moins deux fois par jour et encore plus souvent quand on vient d’être diagnostiqué diabétique.

Normalement, ces appareils sont remis sans frais pourvu que l’on achète des bandelettes. Une cinquantaine de bandelettes coûte environ 50$, une dépense que remboursent la RAMQ et les assureurs. Les lancettes, au contraire, ne sont pas remboursées (un approvisionnement de 100 coûte de 9 à 10$). Le patient devient l’otage du fabricant de l’appareil et des bandelettes puisque celles-ci ne sont pas interchangeables d’un appareil à l’autre.

Certains modèles sont munis d’une alarme que déclenche toute lecture d’hypoglycémie ou d’hyperglycémie, ou encore qui retentit quand c’est l’heure de prendre une lecture. Commode pour les oublieux! En raison d’une vision amoindrie, et aussi parce que certains d’entre eux doivent prendre une lecture la nuit, plusieurs diabétiques apprécient les modèles avec éclairage et muni de cadrans numériques où l’on distingue très bien, par exemple, le 3 du 8.

L’usage auquel on destine l’appareil importe. Il a besoin d’être rechargé et on veut l’utiliser en voyage? Il faudra prévoir un adaptateur pour la prise de courant étrangère ou encore un modèle avec piles facilement trouvables à l’étranger, en plus de vérifier si les bandelettes et les lancettes du glucomètre se trouvent dans un autre pays; sinon on en fera une bonne provision avant de partir. Désire-t-on l’utiliser au restaurant ou dans d’autres endroits publics? Un modèle petit et discret qui donne vite le résultat fera l’affaire dans ce cas. Veut-on un modèle dont la piqûre fait moins mal, qui prend moins de sang, qui fournit le résultat en 5 secondes plutôt qu’en 30? Veut-on entrer des codes et des données dans l’appareil ou bien désire-t-on un modèle de base? La pharmacienne tient compte de tous ces critères pour guider la personne vers le bon choix.

Les fabricants qui vendent des glucomètres au Canada sont Abbott (Free Style Freedom, Free Style Mini, Precision Xtra), Bayer (Ascencia Breeze 2, Ascencia Contour, Elite XL), Auto-Control (ITest), Lifescan (OneTouch Ultra 2, OneTouch UltraSmart, OneTouch Mini) et Roche (Accu-Check Activa, Accu-Check Compact plus).

Tensiomètres

Tensiomètres

Première considération très importante: n’acheter que les appareils portant le sigle de la Société canadienne d’hypertension artérielle, ce qui prouve qu’ils ont été testés et ont réussi l’épreuve de précision. Découvrez les modèles que recommande la Société en visitant son site Internet. Les modèles qui prennent la lecture au poignet plutôt que sur le bras ne sont pas approuvés et, selon Gehane Mikhaïl, sont plutôt embêtants à utiliser.

Il existe des modèles comme ceux qu’utilisent les professionnels de la santé (brassard et stéthoscope), plutôt ardus pour le commun des mortels dépourvu d’une formation médicale. D’autres, semi-automatiques, utilisent aussi la pompe manuelle et fournissent une lecture numérique. Ceux qui sont entièrement automatiques s’avèrent les plus simples: on presse sur un bouton et l’appareil pompe seul, sait quand s’arrêter et donne une lecture de la tension diastolique, systolique et du pouls. De l’avis de Gehane Mikhaïl, c’est de loin le plus pratique.

Le tensiomètre servira-t-il à toute la famille ou bien à un seul individu? Il faut alors vérifier les aptitudes de la mémoire de l’appareil pour savoir si elle peut discriminer entre l’utilisateur A, B et C ou si elle n’enregistre les résultats que d’une seule personne. Il faut aussi un brassard qui convienne à la bonne taille de bras. «Un brassard de taille moyenne sur un petit bras ou sur un gros bras ne donnera jamais la bonne lecture», précise la spécialiste.

«Nous favorisons les modèles avec mémoire puisque le médecin voudra à l’occasion lire les résultats d’un mois complet pour se faire une meilleure idée de l’efficacité du traitement», explique-t-elle. Quand les personnes notent elles-mêmes les résultats dans un cahier – ce qui n’est pas plus mal –, elles peuvent avoir tendance à enjoliver. Tandis que l’appareil ne ment pas!»

Il faut aussi montrer aux gens à comprendre et à interpréter les résultats. Que signifient une tension de 160/60 et un pouls de 70? De plus, il importe de se faire expliquer par un professionnel les cibles à atteindre et l’impact sur les résultats qu’ont l’alimentation, l’exercice et les médicaments.

On prend sa tension artérielle tout de suite en se levant le matin, le moment de la journée où elle devrait être à son plus bas, puis deux ou trois heures après avoir pris son médicament du matin pour la contrôler. Il faut la prendre le bras bien détendu, les pieds à plat au sol, idéalement en position assise. Une série de lectures sur une certaine période de temps vaut nettement mieux qu’une lecture unique de temps à autre. La tension change souvent au cours d’une journée, alors que café et alcool l’influencent. Certains individus au pouls irrégulier doivent se procurer un tensiomètre adapté à leur condition, sinon les résultats ne seront pas bons.

Enfin, tous les tensiomètres doivent absolument être calibrés une fois par année. C’est normalement le pharmacien ayant vendu l’appareil qui s’en occupe.


Contrôle de la coagulation et du cholestérol

Autocontrôle de la coagulation sanguine

Les patients sous anticoagulothérapie doivent se rendre souvent dans les cliniques sans rendez-vous pour des prises de sang. Grâce au Coagucheck, le seul appareil actuellement sur le marché, certains d’entre eux pourront faire des contrôles à domicile. Le médecin n’offrira cet avantage qu’à ses patients les plus disciplinés, et seulement sous ordonnance. Pourquoi? Il faut très bien assimiler les fonctions, savoir interpréter les résultats, savoir doser les ajustements médicamenteux et se donner la peine d’entretenir un bon suivi avec les professionnels de la santé. Du côté des pharmaciens, seuls ceux ayant reçu une formation et accrédités par la compagnie Roche (le seul fournisseur) peuvent en vendre, service qu’ils accompagnent d’une consultation de une heure. En plus, l’appareil doit impérativement être calibré quatre fois par année.

Il s’agit d’une solution très pratique pour ceux qui voyagent. «Nos patients prennent leur lecture, nous appellent, nous communiquent les résultats et, par téléphone, nous pouvons ajuster leur Coumadin, explique Gehane Mikhaïl. C’est très pratique et beaucoup moins coûteux que de subir une prise de sang aux États-Unis, par exemple. Rappelons que le Coumadin doit être ajusté très précisément à la bonne dose et qu’un rien le perturbe (nourriture différente, café, alcool, épices, etc.); c’est pourquoi il faut très souvent refaire des analyses sanguines pour assurer le succès et la sécurité de l’anticoagulothérapie.

Actuellement, la RAMQ ne rembourse pas le Coagucheck, qui coûte environ 500$. Les bandelettes ont le statut de médicament d’exception et, à ce titre, sont remboursées. Les patients sous anticoagulothérapie qui ne disposent pas de l’appareil peuvent se rendre dans une pharmacie offrant le service (autour de 20$).

Cholestérol

Gehane Mikhaïl ne recommande pas de se munir d’un appareil fournissant la lecture du cholestérol. Le seul modèle disponible ne révèle que le cholestérol total alors qu’il importe beaucoup plus de connaître le LDL, le HDL et les triglycérides pour se faire une idée plus juste. Seules les analyses en laboratoires spécialisés peuvent aujourd’hui fournir ces précisions.

Acheter sur Internet?

Tout appareil de glycémie et ses bandelettes, tout tensiomètre et le Coagucheck doivent être homologués pour être vendus légalement au Canada. Vous désirez acheter en ligne? C’est risqué, selon Santé Canada. L’appareil vous convient-il? Fonctionne-t-il adéquatement? Est-il calibré? Endommagé? Les bandelettes sont-elles encore fraîches ou périmées? Le vendeur est-il sérieux? Ne transigez avec aucun site qui ne fournit pas une adresse municipale ou un numéro de téléphone activé (vérifiez!). Et ne divulguez pas de renseignements personnels. Quoi qu’il en soit, signalez tout problème au 1-800-267 9675.

Mise à jour: novembre 2008

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