Votre apparence physique vous préoccupe-t-elle trop?

Votre apparence physique vous préoccupe-t-elle trop?

Par Marie Lachance

Crédit photo: iStockphoto.com

Johanne Côté est psychologue, vice-présidente du Regroupement des psychologues cliniciennes et cliniciens de Québec, conférencière et coauteure de La Puissance des amoureux de longue durée, paru en septembre 2010. Avec ses collègues, elle observe actuellement des changements, dans la société, quant à la préoccupation de l’apparence physique. De fait, le «je» étant de plus en plus au coeur des priorités, le rapport au corps a pris une telle importance que certains aspirent à une anatomie sans faute, jusqu’à rêver à la jeunesse éternelle...

L’apparence physique plus importante maintenant

On se préoccupe davantage du corps et de la beauté qu’à l’époque de nos parents et grands-parents. Il faut dire que les générations qui nous ont précédés étaient totalement dédiées aux autres – notamment à leurs nombreux enfants –, en s’oubliant la plupart du temps. En voulant rétablir un certain équilibre, la société moderne a effectué un déplacement du balancier dans le sens opposé, centrant l’attention sur le «soi». «Le point positif, c’est qu’à 50 ans et plus, les femmes se donnent maintenant la permission d’être belles. Elles sont dynamiques, cherchent à demeurer en santé, elles aiment la vie et ont des projets», se réjouit Johanne Côté.

Par contre, il faut être réaliste et se rappeler que l’on n’a plus 20 ans! «On doit composer avec la nature, avec le vieillissement naturel du corps. Il est important d’apprendre à miser sur sa richesse intérieure plutôt que sur sa seule apparence», prévient la psychologue.

Une vision des choses qui trouve son écho chez Francine Soucy, enseignante à la retraite. Âgée de 63 ans, elle n’a rien perdu de son envie de se sentir belle. À cette différence qu’elle le fait pour elle-même avant tout. «Je veux d’abord être bien dans ma peau. Il faut donner priorité à différentes choses dans la vie, pas seulement à l’apparence physique. Et surtout, il faut demeurer actif. On est dans la vie, il faut y prendre part», spécifie-t-elle.

Même son de cloche chez Berthe Moisan, retraitée de Bell Canada, qui, à 63 ans elle aussi, profite pleinement de ce temps de qualité que lui offre la retraite pour se faire du bien. «Aujourd’hui, je suis active physiquement comme jamais!», lance celle qui se lève tous les jours à 8 h, pour n’être dans les bras de Morphée qu’une heure ou deux après minuit.

Elle aborde ouvertement la question de l’apparence physique, n’hésitant pas à parler du fait que, avec l’âge, survient souvent une prise de poids. Bien que ça l’ait préoccupée un moment, elle assure ne plus s’en faire avec ce changement physiologique. «J’ai appris à m’aimer comme je suis. On devrait toutes accepter nos rondeurs à la ménopause. Il ne faut pas s’imposer une image, mais plutôt être fière de ce que l’on est. Ma seule priorité, c’est ma santé», affirme-t-elle.

Apparence physique et pressions sociales

Vieillir en santé et en beauté consiste non seulement à adopter de saines habitudes, mais également à épouser le côté positif de l’existence. Pourquoi ne pas promouvoir davantage un message positif du vieillissement et prendre définitivement nos distances avec cette notion de perfection du corps? «Il faut que nous travaillions en ce sens. C’est même une responsabilité sociale!, souligne Johanne Côté avec force. Le message que nous devrions mettre de l’avant, c’est que nous sommes belles en vieillissant.» Il est vrai que médias et publicités martèlent à outrance leur message quand il s’agit de promouvoir la beauté et une apparence jeune...  

«Oui, on vit davantage de pression aujourd’hui. On nous dit constamment qu’il faut se garder jeune, être belle et ferme…», remarque Berthe Moisan. Cette mère et grand-mère de la région de Québec n’en démord pas: pour elle, la qualité de vie et la santé passeront toujours avant la perfection du corps. Une attitude qu’elle cultive depuis des années, mais qui ne l’empêche pas pour autant de désirer être belle, n’y voyant aucune contradiction. «Je fais des efforts pour bien paraître, parce que je demeure fière et bien dans ma peau. Et je souhaite le rester le plus longtemps possible.»  

Francine Soucy est du même avis. «J’ai envie de bien paraître, mais pas pour les autres. Me maquiller fait partie de ma routine, simplement pour me sentir bien. Ce n’est pas parce que l’on vieillit qu’il faut se laisser aller. Un brin de coquetterie personnelle, ça garde jeune !»

Chirurgie esthétique: la beauté à tout prix?

Autrefois acte inavoué et inavouable, la chirurgie esthétique – incluant les injections de toutes sortes – est maintenant un fait répandu, presque banalisé. Et selon des sondages récents, il semble que de plus en plus de personnes accepteraient de passer sous le bistouri ou à la seringue si elles en avaient les moyens.

Francine avoue avoir déjà pensé à une intervention pour faire disparaître ses poches sous les yeux. «Passer sous le bistouri ou pas, c’est personnel à chacun, même si, pour certaines personnes, ça devient peut-être un peu excessif... J’imagine qu’après une intervention, on doit trouver encore autre chose que l’on aimerait faire corriger, c’est une roue qui tourne sans fin ! Il faut faire attention et éviter les exagérations.»

«À 60 ans, les rides souriantes sont plus jolies qu’une peau trop tirée ! Sans compter que, quand on exagère en ce sens, on n’est plus la même. Pour moi, l’important, c’est de s’accepter comme on est», croit pour sa part Berthe Moisan.

«Si une personne se sent complexée depuis toujours par son nez, par exemple, et qu’elle a maintenant les moyens financiers de se faire opérer, pourquoi pas ? Mais il faut qu’elle ait longtemps souffert de cette particularité physique. Même chose en ce qui concerne le Botox! Mais j’insiste pour dire que, même dans ces cas, il faut apprendre à montrer les vrais visages des personnes vieillissantes, notamment à la télé, et à y voir de la beauté», nuance Johanne Côté.

La psychologue en convient: le corps n’est plus le même quand on franchit le cap des 60 ans. «Mais à 60 ans, on a acquis une puissance personnelle, on a pris de l’expérience, indique-t-elle. Il faut être fier de ce que l’on a et cesser de regretter ce que l’on a perdu. Il faut développer le côté positif de la vie et y tenir.»

Johanne Côté conclut en insistant sur la nécessité d’apprendre à développer une attitude santé et une vision positive face au vieillissement du corps. Son conseil en vue de se sentir belle et beau à tout âge? «Activez- vous, mangez bien, aimez et laissez-vous aimer. C’est assurément ce qui nous rend beaux et heureux!»

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