Je veux une assurance vie!

Je veux une assurance vie!

Par Didier Bert

Crédit photo: Helloquence via Unsplash

Lors d’un rendez-vous à la banque ou d’un achat important, le conseiller financier proposera souvent une assurance vie. Avant de lui répondre, mieux vaut se poser quelques questions sur ce produit d’assurance et d’épargne. 

L’assurance vie permet de garantir le versement d’un montant d’argent à la personne de notre choix à notre décès. Le principal intérêt de cette assurance est donc de mettre à l’abri une personne qui dépend de nous financièrement. Le montant versé dépendra du montant des primes qu’on s’engage à verser périodiquement jusqu’à la fin du contrat. Si l’assurance est permanente, un montant forfaitaire sera versé au bénéficiaire, peu importe l’âge du décès, explique Michel Savard, directeur principal chez Banque Nationale Assurances. Mais on peut aussi préférer une assurance vie temporaire, sur une période limitée, par exemple pour s’assurer qu’advenant notre décès, notre conjoint puisse continuer à rembourser un prêt hypothécaire, sans payer davantage de primes après l’échéance de l’hypothèque. Cela dit, souscrire une assurance vie demande réflexion… et de trouver réponse à certaines questions.

Pourquoi l’assurance vie a-t-elle mauvaise réputation?

«Dès qu’on parle d’assurance vie, les gens tendent à l’associer à de mauvaises expériences», pointe Marc-André Duhaime, planificateur financier indépendant et conseiller en sécurité financière. Le fait d’aborder le sujet du décès en rebute parfois certains aussi. Par ailleurs, certains conseillers financiers peuvent être tentés de vendre une assurance vie plutôt qu’un autre produit parfois plus adapté à la situation du consommateur. «Il est plus payant pour un représentant de vendre de l’assurance vie, car ses commissions sont plus importantes», souligne Denis Preston, planificateur financier indépendant. 

  Dans tous les cas, le conseiller financier est tenu de réaliser une analyse des besoins financiers de son client. Et celui-ci peut exiger d’en avoir une copie. Ce document recense les besoins de la personne et oriente la décision de prendre tel ou tel produit financier en fonction des besoins identifiés. En l’absence de ce document, le client peut porter plainte auprès de la Chambre de la sécurité financière (au 1 800 361-9989 ou à chambresf.com).

Comment fonctionne l’assurance vie?

L’assurance vie permet de payer des primes avec un capital décès garanti. L’argent versé au bénéficiaire n’est pas taxable. «Si j’ai payé 25 000 $ de primes et que je suis assuré pour 100 000 $, le bénéficiaire recevra 100 000 $ sans avoir à payer de taxes sur ce montant», explique Marc-André Duhaime.

Quels besoins comble-t-elle?

L’assurance vie permet de mettre une personne à l’abri des soucis financiers. Cette personne peut être un proche qui ne dispose pas de revenus suffisants pour maintenir son niveau de vie. C’est le cas d’enfants mineurs ou handicapés. La personne à aider peut aussi être notre conjoint, qui devrait faire face seul à un remboursement de dettes. «Quand la famille dépend d’un gros revenu, son interruption empêche le maintien du niveau de vie», illustre Marc-André Duhaime. Cela dit, il est possible de combler ces besoins sans recourir à une assurance vie si on dispose de liquidités (REER, CELI, placements non enregistrés) qu’on leur transmet par testament.

Devrait-on souscrire une assurance vie pour nos petits-enfants ou pour nos parents?

«Investissez plutôt dans un Régime enregistré d’épargne études (REEE), recommande Denis Preston. Si l’enfant décède, le paiement de l’assurance vie enrichit les parents, pas l’enfant. En contribuant au REEE, vous contribuez aux études de vos petits-enfants, avec des subventions gouvernementales à la clé.» Quant à nos parents, la question se pose seulement si leur décès nous causera des difficultés financières. «L’assurance vie ne sert pas à faire de l’argent, mais à protéger les gens.»

Mieux vaut-il alimenter son REER ou une assurance vie?

Une assurance vie peut être constituée d’une portion d’épargne, que vous récupérerez quoi qu’il arrive. Comment se compare cette possibilité d’épargne avec un placement dans un REER ou un CELI? On ne devrait pas prendre d’assurance vie avec une composante épargne tant qu’on n’est pas au maximum de nos cotisations sur nos REER ou notre CELI, et tant qu’on n’a pas remboursé nos dettes, selon Denis Preston. Cela s’explique par la fiscalité qui pèse sur l’assurance vie. Pour chaque 100 $ versés sur une assurance vie, on paie 3,48 $ au gouvernement du Québec. Et l’assureur doit payer un impôt spécial de 15 % sur le rendement des polices d’assurance vie. Aucune taxe comparable ne pèse sur les REER ni sur le CELI.

Peut-on prendre une assurance vie après 60 ans?

Oui, on peut même souscrire à 80 ans et plus. Mais la question demeure la même: notre disparition mettra-t-elle une autre personne aux prises avec des difficultés financières, que notre patrimoine présent ne permet pas de soulager? Seule une réponse affirmative à cette question devrait conduire à privilégier l’assurance vie, pointe Denis Preston. Par ailleurs, s'il s’agit de se garantir la possibilité de payer ses soins en cas de maladie, peut-être vaudrait-il mieux se tourner vers l’assurance Soins de longue durée ou l’assurance Maladies graves, dont l’objectif est justement de se prémunir contre la perte d’autonomie et l’apparition de pathologies lourdes, souligne Michel Savard.

Qui peut-on désigner comme bénéficiaire?

On peut nommer la personne de son choix comme bénéficiaire, y compris une personne morale comme une fondation ou un organisme de bienfaisance. Attention: si on choisit un bénéficiaire irrévocable, on ne pourra plus changer sans l’accord de cette personne. «Nommez toujours un bénéficiaire révocable», suggère Denis Preston.

Les primes changent-elles si l’état de santé se dégrade?

Non, une fois le contrat signé, les primes ne varieront plus ni le montant versé au bénéficiaire. Et si l’assuré se suicide, l’assureur peut prévoir une exclusion d’une durée maximum de deux ans selon le Code civil. Passé ce délai, le montant de l’assurance est versé au bénéficiaire, même si l’assuré a mis fin à ses jours. Dans certains contrats de prêts hypothécaires, ce délai est même de six mois seulement.

Que se passe-t-il si on ne paie plus les primes?

Les contrats d’assurance vie prévoient que l’assuré verse des primes, c’est-à-dire des paiements périodiques à son assureur. Si les versements cessent, le contrat d’assurance vie sera terminé au bout de 30 jours, et les primes versées définitivement perdues. On devrait donc toujours indiquer l’existence d’un contrat d’assurance vie dans notre mandat de protection (appelé autrefois mandat en cas d’inaptitude). Ainsi, si on devient inapte, le mandataire sera informé qu’il doit poursuivre les versements de primes pour éviter la perte du contrat.

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