10 solutions pour soulager les articulations

10 solutions pour soulager les articulations

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: rawpixel via Unsplash

La douleur articulaire mine l’énergie, l’humeur, le sommeil et même l’acuité mentale. Comment l’atténuer?

L’arthrite frappe sans distinction d’âge, de sexe ou de condition physique, faisant de nombreuses victimes. Selon la Société de l’arthrite, plus de 6 millions de Canadiens en souffrent, soit un adulte sur cinq. Et l’on prévoit que, d’ici 2035, la proportion des personnes atteintes d’arthrite augmentera de 40 %. 

Cette maladie complexe englobe plus d’une centaine d’affections touchant les articulations, dont les formes les plus courantes sont l’arthrite inflammatoire et l’arthrose. Bien que différentes, on les confond souvent. «L’arthrite est une inflammation des articulations, le plus souvent d’origine auto-immune, explique la Dre Laëtitia Michou, rhumatologue au CHU de Québec-Université Laval. La réaction inflammatoire se produit généralement sous forme de poussées, avec des périodes d’accalmie. Elle provoque douleur, enflure, raideur, rougeur et chaleur. Avec le temps, l’arthrite entraîne la déformation des articulations et une perte d’amplitude de mouvement. L’atteinte est souvent bilatérale. La douleur arthritique survient pendant la nuit et culmine en début de journée. La raideur matinale empêche les personnes atteintes d’accomplir les tâches les plus simples, comme ouvrir un bocal ou un robinet. La douleur s’amenuise le jour, puis s’intensifie le soir.» 

L’arthrose, quant à elle, se caractérise par l’usure progressive du cartilage protégeant les articulations. On a longtemps associé l’arthrose au vieillissement, mais on sait aujourd’hui qu’une utilisation répétée d’une articulation, certaines blessures et un surplus de poids peuvent la déclencher. Les symptômes de l’arthrose sont principalement la douleur, la raideur, l’enflure et la limitation de mouvement. «Contrairement à l’arthrite, la douleur liée à l’arthrose est plus intense le jour. Absente au réveil, elle augmente en fonction des activités. Le repos apaise la douleur.» 

Il n’existe pas de traitement unique pour vaincre la douleur arthritique, pas plus qu’on ne peut la maîtriser à 100 %. Par contre, on peut alléger – et de beaucoup! – la sensation douloureuse en la prenant en charge. Pour ce faire, il existe différents moyens. À chacun de découvrir ceux qui le soulagent...  

1 Les médicaments

L’arthrite et l’arthrose ne se guérissent pas, mais bon nombre de médicaments calment la douleur. En tête de liste, l’acétaminophène et les anti-inflammatoires. «Pris régulièrement aux heures de la journée où on ressent de la douleur, ils peuvent la soulager, voire la prévenir en cas d’arthrose si on prend le médicament 30 ou 60 minutes avant le début d’une activité, indique la Dre Michou. Si ces médicaments ne fonctionnent pas, on peut prescrire des comprimés ou des infiltrations de cortisone pour stopper la crise. Dans les cas extrêmes d’arthrose, il est possible de subir une opération chirurgicale visant à remplacer l’articulation par une prothèse.» 

En ce qui concerne l’arthrite, le traitement des symptômes est identique. Mais à la différence de l’arthrose, il existe des médicaments, dont des agents antirhumatismaux à action lente (ex: methotrexate) pour traiter la cause. «Ils n’empêchent pas les crises, mais ils ralentissent le processus à l’origine de l’inflammation, ce qui permet de diminuer les crises, les symptômes et les déformations.» On s’informe auprès de son médecin.

2 La nutrition

Selon le physiothérapeute Denis Fortier, maintenir un poids santé constitue un impératif dans la prise en charge de la douleur. «Un surplus de poids impose une surcharge aux articulations porteuses (hanches, genoux, chevilles, pieds), ce qui aggrave leur état. L’obésité crée aussi un environnement propice à l’inflammation. Or, perdre seulement 5 % de son poids contribue à diminuer la pression exercée sur les articulations et à réduire sensiblement la douleur et les limitations fonctionnelles chez la personne arthritique.» Les habitudes alimentaires ont également des répercussions sur la douleur. «Certains aliments favorisent l’inflammation, alors que d’autres la diminuent en neutralisant certaines substances qui la provoquent, précise la nutritionniste Kim Arrey. Par exemple, selon plusieurs études, les oméga-3 (présents entre autres dans les poissons gras comme le saumon et la truite) possèdent des propriétés anti-inflammatoires agissant sur la douleur arthritique. 

D’autres recherches récentes montrent également que manger du poisson, quel qu’il soit, s’avère bénéfique. La bonne idée pour réduire l’inflammation: s’inspirer du régime méditerranéen, qui accorde une place de choix aux poissons, aux fruits, aux légumes, aux légumineuses et à l’huile d’olive. Enfin, d’après certaines études, les probiotiques (contenus notamment dans le yogourt et le kéfir) aideraient à lutter contre l’inflammation.» En revanche, on limite les aliments et les boissons riches en sucre et en matières grasses, ainsi que les viandes rouges, qui exacerbent l’inflammation. 

3 L’activité physique

Difficile de croire, quand on souffre, que l’activité physique peut améliorer notre état. Et pourtant... «L’exercice constitue une excellente façon d’apaiser la douleur articulaire et d’empêcher la situation de se détériorer», soutient Denis Fortier. Bref, ce n’est pas parce qu’on a mal qu’il faut arrêter de bouger pour épargner ses articulations. Au contraire. Bouger quotidiennement atténue la douleur grâce à la production d’endorphines, préserve la souplesse, conserve la mobilité des articulations, entretient la masse musculaire soutenant les articulations et aidant à la coordination et à l’équilibre. Seule précaution: sélectionner des exercices adaptés à sa condition. 

«L’activité physique n’a pas besoin d’être intense pour être bénéfique aux personnes arthritiques, rappelle le physiothérapeute. Une promenade quotidienne de 15 à 20 minutes suffit déjà. L’important, c’est d’écouter son corps et de modifier la durée de l’activité en fonction de sa douleur: elle doit rester tolérable. Il est aussi possible de diviser les périodes d’activités en plusieurs séances réparties dans la journée. On suggère de combiner différents types d’exercices: des exercices spécifiques pour travailler la force musculaire, l’équilibre et la mobilité avec des activités physiques plus globales, comme la marche, la natation, la danse ou le yoga. Une suggestion? Se procurer un podomètre pour mesurer ses pas. Les spécialistes recommandent 10 000 pas par jour. On vise cet objectif en augmentant graduellement le nombre de pas.»  

4 La thermothérapie

L’application de chaleur ou de froid soulage temporairement les articulations douloureuses. «Le froid est recommandé en période de douleur aiguë, rappelle Denis Fortier. Il agit sur les terminaisons nerveuses et engourdit la douleur. La chaleur, elle, convient aux articulations douloureuses sans inflammation. Elle relâche les muscles tendus, redonne de la souplesse et augmente la mobilité. Un truc simple: appliquer de la chaleur sur les articulations endolories pendant 15 ou 20 minutes avant de faire une activité physique. Mais qu’on opte pour du froid ou du chaud, on s’assure d’entourer la source thermique d’une serviette humide, qui favorisera sa pénétration, accroissant son efficacité.»

5 L’hydrothérapie

S’activer dans une piscine apporte de réels bienfaits aux personnes arthritiques. «Comme l’eau allège le poids sur les articulations et offre une résistance aux mouvements, elle soulage les douleurs et raideurs articulaires tout en renforçant les muscles en douceur», explique le physiothérapeute. Il existe une grande variété de mouvements possibles dans l’eau: on peut s’étirer, s’exercer avec des flotteurs et des nouilles ou simplement marcher. Selon certaines études, la marche dans l’eau offre les mêmes avantages que si elle est pratiquée au sol, mais sans impact sur les articulations. On débute en douceur, puis on augmente graduellement la durée des exercices, dans une piscine d’eau chaude ou tiède.

6 La relaxation

Selon la Dre Michou, le stress peut amplifier la douleur arthritique et même déclencher des poussées d’arthrite à la suite d’une émotion forte. La fatigue et l’anxiété augmentent aussi la perception de la douleur. Toutes les techniques de relaxation (yoga, tai chi, méditation pleine conscience, massothérapie) peuvent donc aider. Dormir suffisamment également. 

7 La stimulation électrique transcutanée (TENS)

Cet appareil est muni de petites électrodes placées sur le corps qui émettent de minuscules impulsions électriques afin de stimuler les muscles et les tissus nerveux, et réduire ainsi la douleur. Selon Denis Fortier, il est toutefois essentiel de se procurer un appareil certifié et de faire évaluer sa condition par un professionnel de la santé avant d’y recourir.

8 Les distractions

Le cerveau se concentre difficilement sur plus d’une chose à la fois. Les distractions permettent donc de détourner notre attention de la douleur. Pour atténuer cette dernière, on se concentre sur une activité plaisante (lecture, casse-tête, peinture), on se remémore les paroles d’une chanson ou… on récite l’alphabet à l’envers. Étonnant, mais ça marche!  

9 Les produits naturels

Selon certaines études, la glucosamine, la chondroïtine, le méthylsulfonylméthace (MSM) et la membrane de coquille d’œuf (NEM) seraient bénéfiques contre les douleurs d’arthrose, tandis que le magnésium aurait un impact sur l’arthrite inflammatoire. Mais attention: la qualité du produit et le dosage font toute la différence. Et ce n’est pas parce qu’un produit est naturel qu’il est nécessairement bon pour nous! En outre, il peut y avoir des contre-indications avec certains médicaments. Mieux vaut s’informer auprès de son médecin ou de son pharmacien avant d’en consommer. 

10 Les pommades

D’après Denis Fortier, l’efficacité des pommades contre la douleur musculaire ou articulaire n’est pas démontrée dans la littérature médicale. «Toutefois, certaines personnes déclarent ressentir un certain soulagement. L’effet placebo peut l’expliquer, le massage également. Ce dernier, combiné au produit, crée une chaleur propice au relâchement musculaire. Si ce type de produit fonctionne sur nous, il n’y a pas de mal à l’utiliser.» Cependant, on évite d’y recourir pendant une thermothérapie, car il peut modifier la sensibilité de la peau. 

C’est un rendez-vous!

Le 10 novembre prochain aura lieu la 5e édition de la Rencontre sur l’arthrite. Cette journée spéciale est dédiée aux personnes atteintes d’arthrite et à leurs proches. À Montréal, la rencontre se tiendra au Palais des Congrès. Au programme: des conférences, des ateliers pratiques, des groupes de discussion, et plus encore. Des événements auront également lieu à Chicoutimi, Lévis, Rimouski, Rouyn-Noranda, Sept-Îles et Sherbrooke. L’occasion d’échanger, de s’informer et de découvrir des outils indispensables à la gestion de la maladie. Info: rencontrearthrite.ca. 

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