La santé au masculin

La santé au masculin

Par Jacqueline Simoneau

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Le diabète


Non seulement le diabète de type 2 est-il en hausse (l’OMS estime que les cas doubleront d’ici l’an 2025), mais plus du tiers des diabétiques ne savent pas qu’ils souffrent de cette maladie. Actuellement, environ 7% des 45 à 64 ans et 20% des 65 et plus sont diabétiques. Et d’après Diabète Québec, plus d’hommes que de femmes en sont atteints. Or, cette maladie chronique est responsable de 40% des insuffisances rénales et de 50% des amputations d’origine non traumatique. Elle est également la première cause de cécité chez les adultes de moins de 65 ans. Et plus de 70% des diabétiques mourront d’une maladie cardiovasculaire. Les principaux facteurs de risque: l’obésité, la sédentarité et les antécédents familiaux.

Dépistage
L’Association canadienne du diabète recommande un test de glycémie à jeun (prise de sang) tous les 3 ans chez les plus de 40 ans sans facteur de risque. Le diagnostic de diabète est posé si la glycémie à jeun est supérieure à 7,0 mmol/L. Des tests supplémentaires – telle l’hyperglycémie provoquée – peuvent servir à confirmer le diagnostic.

Les maladies cardiovasculaires


Qu’on se le dise: les hommes conservent toujours une légère avance sur les femmes à ce chapitre. Inquiétant quand on sait que les maladies cardiovasculaires constituent la deuxième cause de mortalité au Canada. L’âge est un facteur de risque important, tout comme le cholestérol élevé, le diabète, le tabagisme, l’hypertension, l’obésité (surtout abdominale), la sédentarité et les antécédents familiaux précoces de maladies cardiovasculaires ou d’hypercholestérolémie.

Dépistage
Selon le Groupe de travail canadien sur l’hypercholestérolémie et autres dyslipidémies, un bilan lipidique (cholestérol HDL et LDL) devrait être effectué tous les 3 ans chez les hommes de 40 à 70 ans (par une simple prise de sang). Le dépistage sera toutefois plus fréquent chez les personnes ayant des facteurs de risque élevés. Le mauvais cholestérol (LDL) ne devrait pas dépasser 3,5 mmol/L. Mais après un infarctus ou chez une personne très à risque, il devrait se situer plutôt sous la barre des 2 mmol/L.

Le taux de triglycérides est mesuré en même temps que le cholestérol. Il ne s’agit pas de cholestérol comme tel, mais d’un autre type de lipides provenant le plus souvent d’une consommation excessive d’alcool ou de sucre. Un taux supérieur à 2,3 mmol/L fait grimper le risque de diabète, notamment.

Vient ensuite la mesure de la tension artérielle. Elle peut être prise par le médecin lors d’une visite médicale, par l’infirmière à la pharmacie ou par la personne elle-même (à domicile ou à la pharmacie). La tension artérielle normale: 120/80 mmHg. On tolère cependant jusqu’à 135/85 mmHg pour un non-diabétique et 130/80 mmHg pour un diabétique.

Dans le cas de l’automesure, il convient de prendre plusieurs mesures, échelonnées sur quelques jours, avant de conclure à un problème. On préconise aussi la mesure de l’indice de masse corporelle et du tour de taille chez tous les adultes, à chaque visite médicale. Une corrélation claire a été établie entre le tour de taille et le risque cardiovasculaire. Chez l’homme, la valeur optimale est de 102 cm.

Rappel aux sportifs occasionnels: certains sports comme le hockey et le squash exigent un effort cardiovasculaire très intense. Le hic: certains s’y adonnent une fois par semaine et sont sédentaires le reste du temps. Dur pour le cœur. Donc, avant d’entreprendre une activité sportive intense, mieux vaut en parler à son médecin.

L’hypertrophie bénigne de la prostate et le cancer de la prostate

L’hypertrophie bénigne de la prostate est courante après la cinquantaine. Avec les années, la prostate a en effet tendance à grossir. Plus elle devient volumineuse, plus elle fait pression sur l’urètre (le canal urinaire) et plus l’écoulement de l’urine devient difficile. Les symptômes à surveiller: besoin plus urgent ou plus fréquent d’uriner (y compris la nuit), miction lente à démarrer, vidange incomplète de la vessie, jet urinaire faible. Ces symptômes peuvent également être induits par un cancer de la prostate. Près d’un Canadien sur sept en souffrira au cours de sa vie. Ce cancer progresse habituellement lentement. Détecté tôt, il peut souvent être guéri ou traité avec succès.

Dépistage
Pour l’hypertrophie bénigne de la prostate, il n’existe pas de test de dépistage comme tel. Pour le cancer de la prostate, le dépistage se fait à l’aide d’une prise de sang afin de déceler l’antigène prostatique spécifique (APS) –, une protéine souvent associée au cancer de la prostate –, combinée à un toucher rectal afin de détecter toute masse, irrégularité ou variation de taille. Si les résultats montrent des anomalies, le médecin proposera d’autres tests avant de confirmer le diagnostic.

Mais attention: les examens de dépistage ne sont pas offerts d’emblée, de façon routinière, à tous les hommes. Ils se font plutôt sur une base individuelle, après 50 ans et après consultation avec le médecin. Seuls les hommes les plus à risque en raison de leurs antécédents familiaux de cancer de la prostate (père, frère), de leur origine afro-américaine ou de leur âge (plus de 80% des cas de cancer de la prostate s’observent chez les hommes de plus de 60 ans) sont soumis à des tests réguliers.

L’ostéoporose et l'andropause


L’ostéoporose


Bien qu’ils souffrent généralement beaucoup plus tard d’ostéoporose que les femmes, les hommes n’en sont pas à l’abri pour autant. Après 50 ans, 1 Canadien sur 8 en est atteint. Et selon le centre de référence sur la nutrition Extenso, les hommes sont de 2 à 3 fois plus à risque que les femmes de mourir à la suite d’une fracture du fémur.

Après 60 ans, on estime que près de 1 homme sur 3 présentera une fracture liée à l’ostéoporose avant la fin de sa vie. Parmi les facteurs de risque: l’âge, les antécédents familiaux de fractures, certaines maladies chroniques, le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, un apport insuffisant en calcium et en vitamine D et la sédentarité.

Dépistage
La Société canadienne d’ostéoporose recommande aux hommes de plus de 50 ans de faire évaluer leurs facteurs de risque d’ostéoporose par leur médecin. En présence de facteurs de risque élevés, celui-ci prescrira une ostéodensitométrie, un test mesurant la densité osseuse par rayons X.

L’andropause
L’andropause existe bel et bien. L’Organisation mondiale de la santé et le National Institute of Health aux États-Unis l’ont d’ailleurs reconnu officiellement en 1999. Ce phénomène est lié à une réduction du taux de testostérone, une hormone sexuelle mâle, qui survient habituellement entre 45 et 65 ans. Cette baisse peut occasionner des symptômes chez plusieurs hommes. Parmi ceux-ci: diminution du désir sexuel, fatigue accrue, irritabilité, difficulté de concentration, angoisse, troubles du sommeil. Mais attention: divers problèmes de santé peuvent aussi montrer des signes semblables. Un bilan de santé complet doit donc être mené pour éliminer tout autre malaise.

Dépistage
En cas de symptômes, on recommande une analyse sanguine pour mesurer le taux de testostérone. Si ce taux se situe sous la normale, le médecin peut prescrire de la testostérone de remplacement.

Le cancer colorectal

C’est la deuxième cause de mortalité par cancer. La Société canadienne du cancer a estimé à 13000 le nombre d’hommes qui recevront un diagnostic de cancer colorectal en 2012, contre 10300 femmes. Et plus d’hommes en meurent que de femmes.

Ce cancer se développe généralement lentement, mais quand les premiers symptômes apparaissent, la maladie est déjà avancée. Parmi ceux-ci: sang dans les selles, perte de poids, douleur abdominale, diminution du calibre des selles (elles deviennent minces comme un crayon).

Des facteurs de risque: l’âge (la plupart des cas sont diagnostiqués après 50 ans), les antécédents familiaux, la présence de polypes sur la paroi interne du côlon ou du rectum, les maladies inflammatoires de l’intestin, l’obésité, le tabagisme, la sédentarité et l’alcool.

Dépistage
L’Association canadienne de gastro-entérologie recommande aux hommes de plus de 50 ans, sans facteur de risque, de passer un test au gaïac (recherche de sang dans les selles) tous les 2 ans. La coloscopie (examen de tout le côlon à l’aide d’une minicaméra) n’est pas indiquée de routine pour le dépistage, sauf si le résultat du test au gaïac est positif.

La coloscopie peut cependant être prescrite en cas de facteurs de risque importants. Tout comme la rectosigmoïdoscopie (examen du rectum et du sygmoïde). En présence de polypes, la coloscopie est recommandée tous les cinq ans. Sinon, elle sera répétée tous les 10 ans, selon les indications du médecin.

La dysfonction érectile

Même si on parle beaucoup plus qu’autrefois de la dysfonction érectile, les préjugés sont tenaces. Bon nombre d’hommes hésitent encore à aborder le sujet avec leur médecin. Pourtant, il s’agit du deuxième problème sexuel en importance après l’éjaculation précoce. Il touche la moitié des hommes de 50 ans et plus, à différents degrés.

Cela dit, une «panne» occasionnelle, c’est normal. Mais lorsque l’incapacité d’obtenir une érection se répète et nuit aux relations sexuelles, ça ne l’est plus. Cette dysfonction peut être due à un trouble psychologique (anxiété de performance) ou organique. Dans ce dernier cas, les problèmes circulatoires jouent un grand rôle. L’érection n’est en effet possible que s’il y a apport sanguin suffisant dans le système microvasculaire du pénis. Tout ce qui affecte la circulation dans les artères et les vaisseaux sanguins peut donc nuire à son bon fonctionnement: tabagisme, hypertension, obésité, diabète, athérosclérose, maladies cardiovasculaires, etc.

Il faut aussi se rappeler que le stress, une grande fatigue, l’abus d’alcool et de médicaments peuvent avoir des conséquences immédiates sur la capacité à maintenir une érection. Il suffit généralement d’éliminer la cause pour résoudre le problème.

Sinon, la dysfonction érectile d’origine organique se traite le plus souvent à l’aide de médicaments, tels le Viagra et le Cialis.

Dépistage
Il n’existe pas de tests de dépistage pour le dysfonctionnement érectile, si ce n’est le questionnaire médical lors de la visite chez le médecin.


PENSE-BÊTE DE LA VACCINATION
Vaccin antitétanique
Tous les 10 ans. Important, surtout si on jardine ou voyage beaucoup. Le tétanos est une maladie mortelle qui se contracte par une blessure souillée de terre ou de rouille.

Vaccin antigrippal
Tous les ans à partir de 60 ans. Plus tôt si on souffre de maladies chroniques, comme le diabète et les affections pulmonaires chroniques.

Vaccin contre le pneumocoque (pneumonie)
Une seule dose après 65 ans.

Merci à la Dre Isabelle Hébert, médecin de famille à l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, au Dr Thierry Lebeau, urologue à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, et au Collège des médecins pour leur collaboration.


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