Psycho: 7 bienfaits de la musique

Psycho: 7 bienfaits de la musique

Par Chantal Tellier

Crédit photo: Kari Shea via Unsplash

Classique, blues, country… La musique joue à la fois sur l’humeur et la santé. Voici sept façons de l’intégrer dans notre quotidien et d’en tirer toute la gamme des bienfaits. 

La musique a toujours occupé une place importante dans la vie de la maman de Louise. «Quand j’étais enfant, elle faisait jouer ses 78 tours sur son appareil Electrohome: opéra, musique classique, comédies musicales, chansons de crooners comme Frank Sinatra et Dean Martin... À la fin de sa vie, c’était une des seules choses qui l’animaient encore. Elle souffrait d’alzheimer, et interagir avec elle était devenu difficile. Sauf quand je l’amenais au récital qui avait lieu chaque semaine à sa résidence. Dès qu’elle entrait dans la salle, elle s’illuminait. La marchette prenait le bord et elle se mettait à chanter et à danser. Elle revenait dans le moment présent de façon instantanée. J’étais alors capable de la faire parler.»

 

En harmonie

La musique ne va pas chercher les limites, mais plutôt les aptitudes, explique Chrystine Bouchard, musicothérapeute. «Elle ouvre les canaux de communication.» Il n’y a pas que les personnes atteintes d’alzheimer qui en bénéficient. Parmi les nombreuses études ayant démontré l’impact de la musique sur le stress et l’anxiété chez la plupart des gens, une d’elles, réalisée en 2013 à l’Université McGill, a même prouvé qu’elle est plus efficace qu’un anxiolytique dans certaines conditions. «Les anciens philosophes la qualifiaient de médicament de l’âme, confirme Nathalie Gosselin, neurologue, professeure agrégée au département de psychologie de l’Université de Montréal et chercheuse au Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son (BRAMS). Ça ne date donc pas d’aujourd’hui. Dans le contexte actuel, c’est un outil reconnu pour réduire le stress et l’anxiété, mais aussi pour se faire plaisir, une façon de prendre soin de soi

Marie-Josée Forest, une passionnée du chant choral, est d’accord. «Il y a quelques années, j’ai fondé Chœur de loups, une chorale où tout le monde peut participer, même ceux qui ne lisent pas la musique. On chante des airs qui nous rappellent de bons moments et on en crée des nouveaux. Avec la pandémie, je n’étais pas certaine de continuer sur Zoom, mais quand je vois le sourire des participants, même par écran interposé, ça me fait du bien.»

Convaincue elle aussi, Audrey-Kristel Barbeau, professeure en pédagogie musicale au département de musique de l’Université du Québec à Montréal, a fondé l’Harmonie nouveaux horizons de Montréal, un ensemble bilingue et intergénérationnel pour musiciens débutants. «Mon but est d’encourager l’apprentissage collectif de la musique dans la communauté afin de favoriser l’épanouissement et le bien-être de chacun, toutes générations confondues.» Parce qu’il n’est jamais trop tard pour s’initier, ajoute-t-elle. «Une des musiciennes de l’Harmonie a 89 ans. En plus, elle danse le tango et pratique le tai chi. Je veux être comme elle à son âge!»

 

On adopte la cadence!

Retracer notre vie en chansons. Pour se détendre et se reconnecter à soi-même, Chrystine Bouchard recommande de choisir des chansons qui nous ont fait vibrer. En les écoutant, on se remémore les événements ou les personnes auxquels elles sont rattachées: spectacle, mariage, soirée entre amis, rencontre amoureuse… On se demande: «Quest-ce que j’écoutais quand j’étais ado? Quand j’étais jeune adulte? Pourquoi ces chansons-là?» On note ensuite ces souvenirs dans un carnet. Un exercice à répéter encore et encore. 

Jouer avec les mots. La musicothérapeute suggère de pousser la chansonnette en famille de la manière suivante: chaque personne écrit un mot sur un bout de papier, puis le place dans un sac. À tour de rôle, les participants pigent un mot, puis nomment des chansons qui le contiennent. Celles-ci peuvent ensuite être jouées ou chantées. Variante possible: les phrases trouées, où il s’agit d’écrire le titre ou un court extrait d’une chanson en omettant un mot. Parfait pour stimuler la mémoire!

Embaucher un pro. Une idée d’Audrey-Kristel Barbeau: en engageant un musicien pour nous enseigner en ligne ou jouer avec nous, on stimule notre cerveau et on aide les artistes en cette période difficile pour eux. On peut aussi embaucher un prof de chant si on préfère exercer notre voix.

Offrir des chansons en cadeau. La neurologue Nathalie Gosselin propose de préparer à un parent une liste de lecture, comme les bonnes vieilles compilations sur cassette, en incluant des airs de sa jeunesse ou qu’il aime fredonner. Ou encore à un enfant, petit-enfant ou ami. À écouter ensemble mais à distance, pandémie oblige, grâce à la technologie. On peut aussi faire la même chose avec un spectacle ou un opéra. Et, si possible, on opte pour des artistes québécois, histoire de leur apporter notre soutien. 

Participer à des soirées chorales virtuelles. Les ateliers de chant en ligne ou les soirées chorales sont aussi une façon de contrer le blues, ajoute Marie-Josée Forest, qui a entre autres participé à Circlesinging Roma, une soirée chorale qui s’est déroulée en Italie. «Je ne comprenais pas ce qui se disait, mais la musique n’a pas de langue. Elle est universelle.» Dépaysement garanti! 

S’égosiller sans retenue. Chanter juste pour chanter? La fondatrice de Chœur de loups fait des échauffements vocaux sur YouTube. Une façon simple de libérer nos tensions corporelles et d’améliorer nos capacités respiratoires.

Faire des percussions corporelles. Rien de plus défoulant que de battre la mesure à l’aide de nos pieds, mains, cuisses ou encore d’ustensiles de cuisine, suggère Chrystine Bouchard. Excellent pour la concentration et la coordination. En plus, ça fait bouger!

Utiliser les applis de musique. Des applications comme Touch Pianist permettent de jouer des mélodies classiques en tapotant l’écran d’une tablette. Ce mélange de technologie et de musique fait travailler les fonctions cognitives, mentionne Audrey-Kristel Barbeau, en plus de favoriser les échanges intergénérationnels.

 

Pour se lancer sans fausse note

• La Coopérative des professeurs de musique de Montréal, un organisme sans but lucratif, propose des leçons en ligne avec des professeurs qualifiés. Info: professeur-musique.com.

• Les applications Meludia Melody, pour développer l’oreille musicale et déchiffrer des mélodies (en français, sur iOs et Android) et Sing True, pour apprendre à chanter juste (en anglais, sur iOS).

• Le groupe vocal Éclipse, pour participer à une chorale virtuelle. On s’enregistre chez soi en suivant les directives, puis on fait un montage vidéo ensemble. Info: eclipselegroupevocal.com.

• Le livre Apprendre la musique, de la neurologue Isabelle Peretz, pour découvrir les effets de la musique sur différentes fonctions du cerveau, comme la curiosité, l’attention et la mémorisation. Odile Jacob, 24,95 $.

• Le livre-CD Chante... pour découvrir, de Chrystine Bouchard, permet aux enfants de 18 mois à 3 ans d’accéder à de nouvelles chansons. Parfait pour interagir avec nos petits-enfants! Info: page Facebook Chante pour découvrir.

• Les capsules Chant et musique de Chrystine Bouchard portent sur la voix et les rythmiques. Une bonne introduction à la musicothérapie!

Participez au sondage Les habitudes et les effets de l’écoute musicale en période de crise sanitaire contre la COVID-19, de l’Université de Montréal. Votre participation permettra de décrire les habitudes musicales des gens et de comprendre leurs effets psychologiques pendant la pandémie. Cette étude servira à émettre des recommandations sur l’utilisation de la musique en situation de crise.

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