Le bonheur à notre portée

Le bonheur à notre portée

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStockphoto.com

Qu’est-ce qui vous rendrait heureux? Une promotion au boulot, une nouvelle relation amoureuse, plus d’argent, une perte de poids ou, peut-être, une meilleure santé? Possible. Mais cela ne signifie pas que vous serez plus heureux. De nombreuses études démontrent qu’après un tel événement, passé la période d’euphorie qui excède rarement un an, on revient au même niveau de bonheur qu’avant.

Car contrairement à ce qu’on croit, le bonheur durable – celui qui reste malgré les échecs et les obstacles – ne tient pas uniquement à l’argent, aux relations, au prestige ou à une belle apparence. Bien sûr, gagner à la loterie ou obtenir un meilleur emploi apporte du bonheur, mais c’est une satisfaction éphémère. C’est ce qui explique que les gens qui courent constamment après quelque chose sont souvent déçus dès qu’ils l’obtiennent. Ou encore que des êtres qui semblent comblés disent: «J’ai tout pour être heureux, pourtant je ne le suis pas.»

Selon Sonja Lyubomirski, directrice du laboratoire de psychologie positive à l’Université de Californie et auteure du bouquin Comment être heureux et le rester (Marabout), le problème, c’est que nous avons tendance à chercher le bonheur là où il n’est pas. Plus encore, nous nous faisons des idées fausses sur ce qui doit nous combler. Et si elle avait raison?

La chimie du bonheur

«Le bonheur n’est pas un phénomène statique qui existe pour de bon chez certains ou qui n’existera jamais chez l’autre. Les gens que l’on voit heureux ont leurs down comme les gens malheureux ont leurs high», écrit Lucie Mandeville, psychologue et professeure à l’Université de Sherbrooke, dans Le bonheur extraordinaire des gens ordinaires (Éditions de l’Homme).

Être heureux ne veut donc pas dire vivre dans une perpétuelle félicité. Les gens heureux connaissent aussi des épreuves et des moments de découragement. Mais, à la différence de ceux qui broient du noir et tombent à la première tuile, ils sont pourvus d’un indéfectible optimisme qui leur permet de se relever assez rapidement. De là à penser que certains individus sont plus doués pour le bonheur que d’autres, il n’y a qu’un pas. Et que la quête du bonheur ne passe pas nécessairement par l’assouvissement de nos désirs ou l’acquisition de biens – même si la société de consommation dans laquelle on vit alimente cette croyance –, il n’y en a qu’un autre.

«Seulement 10% de notre propension au bonheur relève de facteurs sociodémographiques (âge, revenu, degré d’instruction, emploi, état civil, etc.), révèle Lucie Mandeville. En revanche, 50% de celle-ci est attribuable à notre bagage génétique. Certains naissent avec un tempérament plus joyeux et un potentiel de bien-être plus élevé que d’autres. Nous héritons donc d’un niveau de bonheur prédéterminé par nos gènes qui demeure relativement stable au cours de l’existence. Peu importe ce qui survient de bon ou de mauvais dans notre vie, si notre modus operandi reste le même, nous reviendrons invariablement à ce niveau “inné” de bonheur. Cet état de bien-être constitue un set point, c’est-à-dire un “palier du bonheur” en deça ou au-delà duquel une personne ne peut aller, sauf pour un certain laps de temps.»

Ce qui dépend de nous

La bonne nouvelle: les 40% restants résultent des choix que nous faisons. Selon Sonja Lyubomirski, nous avons donc le pouvoir d’augmenter notre part de bonheur de 40%, quels que soient notre héritage génétique et les circonstances de notre vie. Par conséquent, même si vous n’avez pas été gâté génétiquement, vous pouvez choisir d’être plus heureux en accroissant cette portion de bonheur directement liée à votre façon de penser et d’agir au quotidien face aux événements et aux circonstances.

«Ceux qui n’ont pas le bonheur facile devront probablement travailler davantage que les autres pour augmenter leur état de bien-être, mais tous peuvent y arriver, assure Lucie Mandeville. Je compare ça à une personne qui engraisse facilement, contrairement à une autre qui est naturellement mince. Toutes les deux peuvent être minces, mais la première devra faire plus d’efforts pour y arriver et le rester. C’est la même chose pour le bonheur. Plus encore, les chercheurs soutiennent que, en changeant son comportement, on peut modifier son niveau de bonheur génétiquement programmé et l’amener à son plus haut palier.»

Et il n’y a pas d’âge pour le faire. D’ailleurs, contrairement aux idées reçues, la plupart des gens sont souvent plus heureux en vieillissant. «L’âge n’apporte pas que des changements physiques, souligne Lucie Mandeville. Il apporte aussi la sagesse de vivre un jour à la fois. Cette capacité à être heureux réside principalement dans la perception qu’on finit par avoir du temps qui reste. Les jeunes ont la conviction que le temps s’étire presque indéfiniment. Mais lorsqu’on sait qu’il est limité, les priorités changent. On met davantage l’accent sur ce qui nous rend heureux.»

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