Comment retomber en amour

Comment retomber en amour

Par Linda Priestley

Crédit photo: Ben White via Unsplash

Redonner son cœur après une grande peine d’amour n’est pas toujours facile. Voici 7 étapes pour y parvenir, à notre rythme.

«Un seul être vous manque et tout est dépeuplé», écrivait Lamartine. Après un deuil ou une séparation, quand la présence de l’autre n’est plus palpable, on se sent bien petit face à ce qui nous attend: une existence sans l’être aimé. On s’imagine difficilement se remettre un jour de cette grande peine et retomber amoureux. Mais qu’on veuille se lancer à nouveau ou non (parce que rien ne nous y oblige), l’essentiel, selon Suzanne Bernard, thérapeute du deuil, est de bien vivre notre deuil, afin de mieux accueillir notre prochain partenaire: «Quand on s’engage pleinement dans le processus du deuil, on augmente nos chances de s’accorder le droit d’être de nouveau amoureux. Mieux: on aura confiance que cela fonctionnera.»

1. Vivre pleinement notre deuil 

Pour que l’amour retrouve le chemin de notre cœur, il faut de la patience. Rien ne sert de se presser si on veut passer à la case suivante sans trop de mal, rassure Ken Druck, auteur d’un blogue sur le site de rencontres eHarmony et expert en résilience. Sauter à pieds joints dans une nouvelle relation sans avoir au préalable fait le ménage dans notre tête et dans notre cœur ne peut que mener à l’échec, met-il en garde. Suzanne Bernard abonde en ce sens: «Faire le deuil de la relation précédente est une démarche primordiale. On doit la laisser suivre son cours.» Nul besoin de sortir un chronomètre: il n’y a pas de temps limite pour panser nos plaies. «Plus la relation aura duré longtemps et plus on s’y sera impliqué, plus la guérison sera longue et difficile», estime la thérapeute. Cela inclut le négatif, comme les chicanes ou les contentieux non réglés qui ne disparaîtront pas avec la mort ou la séparation. Est-il possible de faire table rase du passé et de recommencer à neuf? «On ne peut pas oublier la personne avec qui on a vécu pendant un certain nombre d’années, répond l’experte. Elle occupera nos pensées jusqu’à notre mort, c’est inévitable. Mais parvenir à y songer dans la paix plutôt que dans la souffrance nous permettra de comprendre que notre deuil est en voie de se terminer.»

2. Se défaire de nos bagages émotifs

La traversée d’un deuil n’est pas un voyage organisé, nous rappelle Suzanne Bernard. Chacun accomplit le trajet à sa manière, «selon ce qu’il porte en lui et ce qu’il a vécu dans sa vie et dans son couple». En cas de réaction intense, une thérapie pourrait s’avérer utile. «Une veuve qui a été mariée près de 50 ans me consulte par exemple parce qu’elle pleure sans arrêt et prend des antidépresseurs. En regardant ses antécédents, j’ai constaté qu’elle venait d’une famille nombreuse où elle n’a pu être maternée. Plus tard, son époux a joué un rôle de substitut maternel. Il était donc tout pour elle: mère, amant, confident, compagnon de vie… Le comprendre l’a grandement soulagée et l’a ouverte à la guérison.» Colère, culpabilité, tristesse, rancune, honte et regret sont autant d’émotions qui peuvent nous hanter après le départ de l’autre, explique la thérapeute. Mais, avant de songer à entreprendre de nouveau un périple à deux, on aura intérêt à faire la catharsis des émotions liées à notre premier amour. «Sinon, on les traîne avec nous comme de vieilles valises jusque dans la relation suivante.» 

3. Balayer notre culpabilité

Peu importe les raisons et l’intensité de notre culpabilité, c’est un poison qui tue à petit feu après une séparation ou un deuil. Comme cette patiente de Suzanne Bernard, dont le conjoint s’est suicidé après plus de 25 ans de mariage. «Elle se demande sans cesse: “Ai-je tout fait pour lui, ai-je été une bonne épouse?” Elle souhaiterait retomber amoureuse, mais n’ose pas. Le sentiment de culpabilité dépend d’un grand nombre de facteurs. Mais, chose certaine, si on se sent coupable à l’idée de se réinvestir dans une relation, c’est signe qu’on n’est pas prêt à le faire.» Se donner le droit d’être de nouveau heureux fait aussi partie de la résolution du deuil. 

4. S’entourer de gens positifs

Rien de tel que la force positive de notre entourage pour nous redonner confiance en la vie et en nous-même. À bannir absolument: les personnes pessimistes, dévoreuses d’énergie, ou encore les âmes bien intentionnées qui nous servent des formules toutes prêtes du genre «Le temps va arranger les choses» ou «Ça te ferait du bien de rencontrer quelqu’un». «Ces propos peuvent être très blessants, affirme Mme Bernard. Nul ne sait ce qui nous habite ni ne peut décider à notre place ce qui nous convient ou non.» Noircir notre ex par des médisances ou écouter les autres casser du sucre sur son dos nous empêche d’avancer et de nous libérer du passé. Mieux vaut avoir autour de nous des gens qui nous encourageront à entretenir de meilleures pensées, respecteront nos limites et useront de discrétion, tout en demeurant à l’écoute, si nécessaire.

5. Éviter les deuils à répétition

On se sent prêt à se réinvestir? Encore faut-il le faire pour les bonnes raisons. Céder aux œillades de Cupidon parce que la solitude nous pèse, par exemple, ou parce que nos enfants et nos amis nous enjoignent de le faire, risque de nous ramener illico à la case solo, alourdi, en prime, par une autre peine d’amour. «Si la personne est encore dans la douleur, quand le deuil n’a pas été surmonté, elle souhaitera anesthésier sa souffrance en recherchant un autre partenaire, rapporte Mme Bernard. Il y a alors risque d’échec.» 

Certains éprouvent le besoin de se retrouver en couple pour faire taire la colère qui gronde en eux: «À la suite du décès de son mari, une quinquagénaire demeure très fâchée contre lui parce qu’il l’a laissée seule avec une entreprise défaillante et un enfant à problème, raconte Mme Bernard. Depuis trois ans, elle essaie de rencontrer quelqu’un, mais elle accumule les déconfitures.» Pour la thérapeute, c’est l’évidence même: les différends entre cette patiente et son mari défunt n’ont pas été résolus. «“Tu ne l’as pas laissé partir”, lui ai-je fait remarquer.» Assumer sa part de responsabilité dans les conflits conjuguaux aide à mieux s’engager la fois suivante, confirme Ken Druck. D’autres veulent sans tarder se réinvestir parce qu’ils ont connu un mariage plate à mort: «Beaucoup de couples se sont endurés, constate Mme Bernard. Des femmes me disent: “Ça n’allait pas avec mon mari, là, je veux un chum avec qui ça va marcher.” Dans ce cas, le deuil n’est pas long, c’est même presque une libération.»

6. Accepter qu’on a changé

Rechercher une copie conforme de son amour de jeunesse, est-ce souhaitable? «Tomber amoureux quand on a 20 ans ou tomber amoureux plus tard dans la vie, ce n’est pas pareil, explique la thérapeute. On évolue, on sait davantage ce qu’on veut, on a travaillé sur soi.» Nous libérer de notre fantôme d’amour et des émotions qui y sont rattachées aide à être plus souple, moins exigeant et à ne pas établir de comparaison entre le disparu et notre nouvelle flamme. «C’est bien d’avoir des critères, mais s’ils sont trop rigides, on court le risque d’être déçu. Certes, on pourrait trouver un conjoint aussi affectueux que le précédent, mais ce ne sera pas la même chose.» 

7. Nous sentir entier sans l’autre

Le départ de l’autre représente l’occasion d’évoluer, de grandir, d’apprendre à nous connaître davantage. Selon Ken Druck, se reconnecter avec soi est un pas dans la bonne direction. En demeurant à l’écoute de nos besoins, on apprend à mieux les communiquer à autrui. Au lieu de recourir à des mécanismes de défense comme le sarcasme, la rancune ou le déni pour se protéger contre la souffrance, on se fait confiance à soi-même, à la vie également, et on se donne ainsi une chance de renaître à l’amour. «La confiance englobe beaucoup de choses, comme la souplesse et l’ouverture, poursuit Suzanne Bernard. On est davantage dans le “vivre et laisser vivre” et plus prêt à accueillir ce qui va venir.»

Vidéos