Bien vivre en résidence: 10 conseils d’experts

Bien vivre en résidence: 10 conseils d’experts

Par Marie-Josée Roy

Crédit photo: Ryan Crotty via Unsplash

Quitter son domicile pour s’installer dans une résidence pour retraités est un changement majeur qui peut susciter toutes sortes d’émotions. Comment vivre la transition en douceur? 

Inutile de nier les faits: emménager dans une résidence a un impact considérable sur notre quotidien. Cette importante étape de vie peut engendrer son lot de stress et d’anxiété, à l’instar d’autres transitions qui surviennent au cours de notre existence. «Je constate souvent que les gens ont peur. La plupart du temps, ils n’ont pas de point de référence en résidence et ils craignent de perdre leur entourage, leurs amis et les activités qu’ils ont l’habitude de pratiquer», explique Claudine Blier, thérapeute en relation d’aide et conseillère en résidences pour retraités à Visavie. S’adapter à un nouveau mode de vie bouleverse en effet notre routine et réclame parfois quelques efforts. «Avec le nouvel environnement viennent nécessairement des changements d’habitudes et d’horaire», rappelle le psychologue Pierre Faubert. Il suffit pourtant d’une préparation adéquate et d’un soupçon de bonne volonté pour entamer cette nouvelle vie avec optimisme. Voici quelques pistes pour y parvenir.

1 Accepter ses émotions

Pierre Faubert l’affirme d’emblée: il est tout à fait normal d’être émotif lors d’un déménagement en résidence. «Il ne faut pas démoniser l’anxiété et le stress, dit-il. Ressentir de l’anxiété n’est pas forcément mauvais: c’est une façon de se familiariser avec le changement.» En vieillissant, notre façon de réagir au stress évolue et peut provoquer de la fatigue, de même que de légers troubles d’attention et de mémoire. Il s’agit de réactions totalement naturelles, assure Geneviève Gagnon, neuropsychologue et chercheuse au Centre de recherche pour les études sur le vieillissement de l’Université McGill. «C’est normal de ressentir une impression de perte de contrôle. Il faut rationaliser nos émotions et nos réactions, tout en reconnaissant le fait qu’il y a beaucoup d’inconnu.» En admettant dès le départ que cette transition nous stresse, il nous sera plus facile d’exprimer nos émotions et d’aborder le sujet avec nos proches.

2 Apprivoiser l’inconnu

Le bail est signé, mais les inquiétudes persistent? S’offrir une petite visite à notre future résidence quelques jours avant le déménagement aura un effet apaisant. «Je conseille toujours aux gens de m’appeler s’ils sont inquiets ou nerveux. Ils ne doivent pas rester chez eux, anxieux, à se questionner. Ils peuvent venir sur place revoir les lieux et se familiariser avec leur futur chez-soi», mentionne Marie-Claude Bourque, directrice de la Résidence Sainte-Jeanne d’Arc, située à Sherbrooke. «L’anxiété, qui peut parfois devenir de l’angoisse, est toujours associée à l’adaptation à une nouvelle situation comportant de l’inconnu, rappelle Pierre Faubert. Ce qui réduit l’anxiété, c’est la familiarisation progressive avec le changement. Si on a une attitude positive et qu’on se prépare de façon adéquate, c’est beaucoup mieux.»

3 Bien s’entourer

Discuter de cette nouvelle étape avec nos proches est un excellent moyen d’apprivoiser le changement et d’exprimer nos appréhensions en toute confiance. «Pour faciliter notre entrée dans un endroit nouveau, inconnu, stressant, angoissant, épeurant, c’est préférable de ne pas être seul, conseille Pierre Faubert. Autrement dit, si on a des liens signifiants avec des gens qu’on aime et qui nous aiment, la transition sera grandement facilitée.» On est plutôt du genre réservé, voire solitaire? S’offrir quelques séances chez un psychologue qualifié peut nous permettre d’exprimer notre trop-plein d’émotions librement, à l’abri des regards extérieurs. «Il n’est pas nécessaire d’entamer une thérapie, affirme Geneviève Gagnon. Deux ou trois séances peuvent faire le plus grand bien.»

4 Repartir à neuf

Un déménagement est le prétexte idéal pour se livrer à un ménage en règle, surtout si on quitte une maison ou un grand appartement pour un espace plus restreint. Si nos moyens nous le permettent, on peut aussi s’offrir de nouveaux meubles ou quelques objets déco. On n’hésite pas à demander l’aide de nos proches pour empaqueter ce qu’on aura décidé de conserver et organiser les détails techniques du déménagement. Le soutien de l’entourage est en effet primordial pour faciliter la transition. «Au besoin, des services de relocalisation peuvent épauler les gens. Les conseillers visiteront la résidence de la personne et son nouvel appartement pour l’aider à faire des choix», mentionne Claudine Blier.

5 Faire son nid

Si les résidents doivent composer avec des aires communes généralement sobres, ils ont tout le loisir de décorer leurs quartiers privés comme ils l’entendent. «On leur loue un appartement, mais ils peuvent l’aménager à leur image, explique Marie-Claude Bourque. C’est leur chez-soi. Certains apportent leurs biens, d’autres les vendent pour acheter du neuf. Ça dépend des goûts.» Chose certaine, la présence d’objets qui nous sont chers permet de développer plus facilement un sentiment d’appartenance. «On apporte des choses qui ont du sens pour nous, des objets qui ont fait partie des moments importants de notre vie. Ça peut être un appareil photo dont on ne se sert plus, mais avec lequel on a pris des clichés de nos enfants, de nos voyages…» suggère Pierre Faubert, qui conseille également de s’y prendre à l’avance pour emménager. «Dans la mesure du possible, nos proches peuvent préparer les lieux avant qu’on arrive.»

6 S’accorder du repos

Les grandes étapes de notre existence, qu’il s’agisse d’un déménagement, d’un décès ou d’un changement d’emploi, génèrent un stress important qu’il faut prendre le temps d’absorber. «Quand on est jeune, on n’y pense pas, mais tout changement est fatigant, soutient Pierre Faubert. L’adaptation que suppose la création d’un lien avec l’inconnu est très énergivore. Ça prend énormément d’énergie physique, mais aussi affective.» Au cours des premières semaines suivant le déménagement, mieux vaut donc se montrer indulgent envers soi-même et prendre tout le repos nécessaire pour repartir du bon pied. On ressent soudainement un plus grand besoin de solitude? Rien de plus normal. «Certaines personnes vont préférer s’isoler pendant une transition», révèle la neuropsychologue Geneviève Gagnon. Ce sentiment s’estompe habituellement de lui-même au bout de quelque temps.

7 Sortir de sa coquille

Qu’on ait 7 ou 77 ans, faire la connaissance de nouvelles personnes peut s’avérer intimidant. La vie sociale effervescente fait pourtant partie des avantages de vivre en résidence, d’où l’importance de vaincre sa timidité. «C’est comme se servir de nouveaux muscles: ça fait mal au début, on découvre des muscles qu’on ne savait même pas qu’on avait! affirme Pierre Faubert. S’adapter à de nouvelles personnes, c’est un peu la même chose. Ça peut sembler difficile de prime abord, mais ça permet de découvrir des gens formidables!»

Claudette Blier, pour sa part, conseille de se montrer ouvert aux rencontres. «On peut se rendre au salon de coiffure, par exemple. Mais peu importe l’activité qu’on choisit, il faut se rappeler que les résidents des lieux sont déjà passés par là et qu’ils sont très à l’affût de ce que nous vivons.» S’ouvrir aux autres est aussi un bon moyen de briser la glace. «Souvent, les résidents aident les nouveaux à s’intégrer. Une personne plus timide peut être invitée à venir manger à la cafétéria par sa voisine», illustre Marie-Claude Bourque.

8 Rythmer ses journées

Un changement de routine exige toujours une adaptation, mais la plupart des résidences offrent une variété d’activités qui incitent à se créer de nouvelles habitudes. «Les résidences organisent des calendriers d’activités pour répondre aux besoins et couvrir les intérêts de chacun. Elles sont ouvertes aux suggestions. Pour éviter l’isolement, l’idéal est de sortir de chez soi et de profiter des installations», estime Claudine Blier. L’établissement d’une routine agréable et à notre image est un premier pas vers la qualité de vie à laquelle on aspire en résidence. «Au début, ça peut sembler embarrassant, mais ce n’est pas toujours le cas. Il y a des efforts à mettre pour se sentir de plus en plus à l’aise», rappelle Geneviève Gagnon. 

9 Faire des projets

Déménager dans une résidence signale peut-être la fin d’une époque, mais c’est aussi le point de départ d’une nouvelle vie. Pas question, donc, de reléguer nos passions aux oubliettes. Une fois libéré des travaux domestiques, on dispose de tout le temps voulu pour s’adonner à des loisirs et planifier de nouvelles activités. «On a tous besoin de projets, affirme Pierre Faubert. Un projet, c’est ce qui alimente l’espoir, c’est quelque chose qui n’est pas fini. Il peut s’agir de bénévolat ou d’un voyage, dans la mesure de nos possibilités. On peut aussi commencer à peindre, à faire de la photo, à apprendre une nouvelle langue, à suivre des cours de poterie…» Les options sont infinies: il ne reste plus qu’à faire un choix, quitte à le modifier en cours de route si notre intérêt diminue.  

10 S’exprimer sans tarder

On découvre que notre voisine écoute la télé à tue-tête? On aimerait ajouter une activité qui nous tente au calendrier? On ressent un malaise physique ou mental? On a les bleus? Peu importent les soucis qui nous tracassent, l’idéal est d’en parler rapidement à un proche, à un préposé ou au responsable de la résidence, qui pourra rectifier la situation ou proposer des solutions de rechange. «Quand les gens signent leur bail, je leur explique que ma porte est toujours ouverte et qu’ils peuvent m’appeler n’importe quand, affirme Marie-Claude Bourque. La bonne habitude à prendre, c’est de demander. Les gens sont parfois gênés parce qu’ils ne veulent pas déranger. Mais le personnel est là pour ça!» Si le malaise persiste, on n’hésite pas à revenir à la charge. «C’est essentiel de se sentir bien, conclut Claudine Blier. On a tellement de journées à vivre, c’est important de les vivre heureux.»

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