Comment éviter les infections urinaires?

Comment éviter les infections urinaires?

Par Anne-Christine Schnyder

Crédit photo: Julia Zolotova via Unsplash

Les infections urinaires peuvent gâcher la vie, même quand elles n’entraînent aucune complication. À quoi sont-elles dues et comment réduire les risques d’en être victime? Et que faut-il faire pour en limiter les dégâts si on en contracte une?

Une infection urinaire peut toucher une ou plusieurs parties du système urinaire: la vessie, l’urètre (canal entre la vessie et l’extérieur du corps), les uretères (canaux entre les reins et la vessie) et les reins. La plupart du temps, elle est d’origine bactérienne.

La cystite, soit l’inflammation de la vessie, en est la forme la plus courante. Ses symptômes les plus fréquents sont une douleur ou une sensation de brûlure lors de la miction, une envie urgente et plus fréquente d’uriner, pour n’évacuer que quelques gouttes, et de la pesanteur dans le bas-ventre. Il peut aussi y avoir du sang dans l’urine, qui peut être trouble et malodorante. La fièvre et des douleurs au dos sont présentes quand l’infection a atteint les reins. «Beaucoup de personnes âgées n’ont aucun symptôme ou n’ont que de la fièvre», prévient le Dr Naeem Bhojani, urologue et professeur agrégé au CHUM, spécialisé dans les pierres aux reins et la prostate: «Si ces personnes perdent du poids, qu’elles ont des problèmes digestifs, des étourdissements ou qu’elles deviennent incontinentes, c’est peut-être parce qu’elles ont une infection urinaire.» 

Si on a l’un ou l’autre de ces symptômes, on doit boire beaucoup d’eau pour aider à nettoyer la vessie, éviter le café (trop diurétique) et consulter notre médecin de famille sans tarder. Et si on a plus de trois infections par année, il faut voir un urologue. «Je suggère toujours de faire une analyse et une culture d’urine, car parfois, le test du bâtonnet affiche négatif alors qu’il y a tout de même une infection, note le Dr Bhojani. La culture permet de constater ce qu’il en est vraiment, d’identifier la bactérie en cause ou de savoir si c’est autre chose qu’une infection urinaire.» Une fois que l’infection est avérée, le traitement préconisé est la prise d’antibiotiques. «En buvant beaucoup d’eau, il est éventuellement possible de “flusher” les bactéries, admet le médecin, mais c’est long et très incommodant.» Et risqué, aussi. Car une infection non ou mal traitée peut monter jusqu’aux reins, puis entrer dans le sang et causer une septicémie!

 

Inégalité des sexes

Les femmes sont nettement plus sujettes aux infections urinaires que les hommes: environ 70 % d’entre elles en auront au moins une durant leur vie, contre moins de 10 % des hommes, estime le Dr Bhojani. La raison est anatomique. «Les hommes, parce qu’ils ont un pénis, ont un urètre assez long, et cette voie d’entrée pour les bactéries se situe donc loin du rectum, contrairement aux femmes, dont l’urètre est très court.» D’ailleurs, la majorité des cystites surviennent après un rapport sexuel, à cause de cette proximité entre l’anus et l’urètre… 

Chez les femmes, le début de la vie sexuelle est particulièrement propice aux infections, tout comme lorsqu’il y a reprise des rapports sexuels après une longue période d’abstinence ou qu’un nouveau partenaire fait son entrée, ou encore pendant la grossesse. À cet égard, il n’y a pas de répit pour les femmes, peu importe leur âge. Et celles qui sont post-ménopausées risquent davantage de contracter une infection urinaire en raison de la baisse d’œstrogènes qu’elles subissent.

 

Et les hommes?

Grâce à leur longueur d’avance, anatomiquement parlant, les hommes sont rarement affectés par des infections urinaires. Cela dit, quand ils en ont une, ils devraient subir des examens plus poussés, affirme le Dr Bhojani, car cela peut indiquer une cause ou une condition plus grave. Par ailleurs, la prostate grossissant avec l’âge, les hommes plus âgés sont davantage exposés aux infections urinaires et devraient la faire vérifier. «Souvent, la prostate bloque la sortie de la vessie, qui se vide mal. Il reste alors toujours un peu d’urine dedans, ce qui favorise la prolifération et la propagation des bactéries», explique l’urologue.

 

Autres facteurs de risque

Les diabétiques ont une sensibilité accrue aux infections urinaires (le taux élevé de sucre dans l’urine favorisant la prolifération des bactéries) et les personnes âgées aussi, car elles cumulent plusieurs facteurs de risque. «Leur système immunitaire est moins fort, elles boivent moins d’eau, elles subissent une baisse d’œstrogènes, les hospitalisations et leurs problèmes de prostate sont plus fréquents», énumère le DBhojani. Les pierres aux reins ou une intervention chirurgicale, entre autres, peuvent aussi provoquer une infection urinaire. Par contre, il n’y a pas d’augmentation des infections urinaires durant l’été et il n’a pas été démontré que le fait de mariner dans un jacuzzi en provoque.

 

Infections à répétition: traitement préventif

L’antibiothérapie prophylactique aide à prévenir les récidives, estime le Dr Bhojani. Si l’infection se produit généralement après les relations sexuelles, il va prescrire une petite dose d’antibiotiques à prendre juste avant ou après les rapports intimes. Si l’infection survient n’importe quand, il optera pour une dose tous les soirs pendant six mois, ce qui permet en plus à la vessie – rendue très inflammatoire par les infections à répétition – de guérir. Et même si les avis divergent à ce sujet, l’urologue suggère aux personnes à risque de prendre, en parallèle, des capsules de canneberge (le jus est inutile, car il n’est pas assez concentré). Quant aux femmes postménopausées, il a été démontré que l’œstrogène topique au niveau vaginal est plus efficace que les antibiotiques préventifs, révèle l’urologue.

 

Règles de base pour prévenir les infections

• Boire beaucoup d’eau. Plus les urines sont concentrées, plus le risque d’infection augmente.

• S’essuyer de l’avant vers l’arrière quand on va à la selle.

• Uriner immédiatement après les ébats sexuels.

• Avoir une bonne hygiène intime et utiliser un savon doux.

• Éviter de passer d’un orifice à l’autre durant les rapports sexuels.

• Ne pas se retenir d’uriner.

• Vider sa vessie complètement chaque fois qu’on urine.

• Lutter contre la constipation, qui empêche de bien vider la vessie.

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