Une vie sexuelle épanouie après 50 ans

Une vie sexuelle épanouie après 50 ans

Par Linda Priestley

Crédit photo: shutterstock.com

Selon de nombreux sexologues, on consulte généralement à cause d’une baisse de désir. La preuve que, même si le coeur n’y est plus, la bagatelle continue d’attiser notre curiosité. L’Américaine Barbara Grufferman, auteure du best-seller The Best of Everything After 50 (Le Meilleur de tout après 50 ans), dit d’ailleurs que «s’ouvrir à une vie sexuelle épanouissante, c’est s’ouvrir à la vie tout court». Il n’en tient qu’à nous, assure-t-elle, de surmonter les obstacles à la jouissance en utilisant nos alliées les plus sûres: la confiance en soi et la franchise.

1. Notre corps vieillit

Si nos fesses moins rondes qu’autrefois et nos seins tombants nous mettent en tête des idées du genre: «Ça y est, j’ai cessé de plaire», pas étonnant qu’on ait perdu l’envie de faire des galipettes. «Peu importe son âge, aucune femme ne devrait jamais avoir honte de son corps, affirme Mme Grufferman, qui est également experte en vieillissement positif associée à Always Discreet. Le vieillissement du corps est tout à fait normal et naturel.» L’auteure reconnaît néanmoins qu’il n’est pas facile de se sentir belle et désirable dans une société qui nous renvoie constamment l’image de la jeune fille nubile comme étant le fantasme ultime des hommes de tous âges. «Heureusement, à ce sujet, les mentalités évoluent, se réjouit-elle. Lentement, mais sûrement!»

La solution? On ne la trouvera pas du côté des soutiens-gorge osés et des talons aiguilles! Selon Mme Grufferman, pour se sentir attirante, il suffit d’afficher une belle assurance. Et ça allumera notre partenaire, garanti. «Quand on se sent bien dans sa peau, ça saute aux yeux de l’autre. Une démarche fière, un sourire contagieux, voilà nos armes de séduction indispensables!» Le vieillissement de sa conjointe n’empêchera jamais un homme d’accepter ses avances. «La célèbre sexologue et thérapeute conjugale américaine Esther Perrel a d’ailleurs dit que ni elle ni aucun de ses confrères n’ont jamais entendu un homme affirmer qu’il ne voulait pas faire l’amour à sa femme sous prétexte qu’elle avait vieilli ou pris du poids!»

Ménopause et sexualité

2. La ménopause nous chamboule

Bouffées de chaleur, fatigue, sécheresse intime et articulations douloureuses, les troubles physiologiques induits par la ménopause peuvent nous inciter à mettre notre sexualité en veilleuse. À cette liste s’ajoute l’atrophie vaginale, une affection chronique taboue qui touche près de 60% des femmes postménopausées, rapporte Michèle Moreau, médecin généraliste associée à l’Hôpital Notre-Dame du CHUM et spécialiste de la santé des femmes: «Beaucoup ne font pas le lien entre leurs problèmes et la chute d’oestrogènes qui survient à la ménopause. Elles souffrent donc en silence, croyant que les pannes de désir et les baisses de libido sont des conséquences naturelles du vieillissement.» Or, le recours aux hormones de remplacement pourrait pourtant résoudre tous ces maux. On peut discuter de ce traitement avec son médecin. Et si ce dernier n’est pas à l’aise avec le sujet, il ne faut pas hésiter à lui demander de nous référer à un collègue qui s’y connaît.

Par ailleurs, chez celles qui ont toujours plus ou moins eu la libido dans les chaussettes, la ménopause accentue les troubles déjà existants, comme des relations sexuelles moins agréables ou peu fréquentes, ou encore la difficulté à communiquer avec son partenaire et à exprimer ses besoins. «Je constate dans ma pratique que la majorité des femmes vont éprouver avec l’âge une baisse de désir normale, et la ménopause joue encore davantage là-dessus», affirme la Dre Moreau. Elle peut aussi entraîner d’autres problèmes, comme la dépression ou la détresse. Chose certaine, pour la sexologue et psychothérapeute Maggy Brunelle, «la façon dont le couple s’adaptera aux changements induits par la ménopause et parviendra à en parler ouvertement jouera un rôle déterminant dans l’amélioration de sa vie sexuelle».

Sécheresse vaginale et incontinence urinaire

3. S.O.S., sécheresse vaginale

Avec la chute d’oestrogènes qui accompagne la ménopause, nos parties intimes peuvent ressembler au désert de Gobi, ce qui ôte toute envie de jouer les courtisanes sulfureuses. «Chez celles qui éprouvent une sécheresse vaginale, la pénétration procure moins de plaisir et peut même parfois être douloureuse», note Barbara Grufferman. Pour rendre les relations plus agréables, les experts recommandent l’utilisation d’une crème ou d’un gel lubrifiant. «Si le problème est plus important, on mise sur des ovules lubrifiants qui, insérés dans le vagin sur une base hebdomadaire, contribuent à l’hydrater et à apaiser l’irritation», explique Maggy Brunelle. La ménopause nous a aussi donné une peau de crocodile? Dans ce cas, on la rend invitante aux caresses en y appliquant une crème de soin. On peut même profiter de l’occasion pour érotiser notre corps. «En le parcourant ainsi avec nos mains, on entretient une relation d’intimité avec lui et on devient plus apte à accepter les changements qu’il subit», ajoute la sexologue. Et on poursuit le jeu avec son partenaire, pour prolonger les préliminaires!

4. Incontinence urinaire: quand la vessie nous trahit

Une petite fuite et voilà l’envie partie! Sans compter qu’elle nous plonge dans l’embarras... Selon une enquête menée par le Canadian Urinary Bladder Survey, 33% des femmes de plus de 40 ans présentent des symptômes d’incontinence urinaire. Parmi elles, seulement 26% ont avoué la chose à leur médecin. C’est pourtant le premier geste à poser en cas de pertes urinaires répétées: consulter! Barbara Grufferman suggère également de pratiquer la gymnastique du plancher pelvien (dont les muscles tendent à se relâcher pendant la ménopause). «Elle est non seulement très efficace, mais elle augmente aussi le plaisir sexuel.»

Dysfonction érectile et ambiance érotique

5. Dysfonction érectile: si une panne survient

Cadeau de l’andropause (version soft de la ménopause, mais quand même), manque de désir ou effet des médicaments, notre homme peut se retrouver aux prises avec une dysfonction érectile. Du coup, il perd pied et n’est plus à la hauteur de nos attentes. La dernière chose à faire dans ce cas, met en garde Yvon Dallaire, psychologue, thérapeute conjugal et sexologue, est de lui dire que ce n’est pas grave. «Comme sa virilité est indissociable de sa génitalité, il considère au contraire que c’est très grave.» La solution? Outre le viagra ou l’hormonothérapie de remplacement pour les hommes, la transformation de la sexualité génitale du couple en sexualité sensuelle peut donner des résultats... explosifs. «Si Madame est plus active dans les caresses, cela peut certainement compenser, assure le psychologue. Et elle sera ainsi assurée que c’est grâce à elle si son partenaire réussit à avoir une érection, ce qui n’était pas le cas à 30 ans!»

6. Dur de se mettre dans l’ambiance?

Perte de sensibilité au niveau des organes génitaux, jouissance de moins en moins intense, réactions sexuelles plus lentes: au détour de la cinquantaine, la nature ne nous réserverait-elle que des orgasmes avec un petit o? «À cette étape de notre existence, où l’on n’a pas à s’inquiéter d’une grossesse non désirée ou de la planification d’une famille, on devrait, au contraire, jouir d’une sexualité épanouissante, dit Mme Grufferman. En plus, avec les enfants qui ont grandi et quitté la maison, on peut se concentrer sur notre couple et connaître ainsi les joies du bonheur charnel.» 

Secret d’alcôve: le succès d’une séance érotique satisfaisante réside dans sa planification. L’auteure maintient que le sexe spontané (qui baisse avec l’âge et... la durée de la relation, nous informe Michèle Moreau) n’arrive pas à la cheville d’une oeuvre de chair longuement mûrie: «En utilisant ce qui fonctionne pour nous, on se met dans l’ambiance et on aide ainsi notre partenaire à devenir aussi émoustillé que nous.»

Infections transmises sexuellement

7. Toujours de mise, le condom

Même à nos âges respectables, on ne se protège pas assez. La preuve: le taux d’incidence des infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS), y compris le VIH chez les plus de 50 ans, a augmenté au cours des dernières années, selon l’Agence de la santé publique du Canada. Une nouvelle qui n’est pas réjouissante, même si cela laisse supposer que notre sexualité est loin d’être morte et enterrée. Des tests de dépistage plus sophistiqués et une espérance de vie plus longue expliquent en partie ce phénomène. La hausse des taux de divorce et de séparation est aussi un facteur à considérer. Et qui signifie que nous sommes nombreux à, disons, jouir pleinement de notre statut de célibataires. 

«Les femmes ayant eu des relations sexuelles plutôt conservatrices tout au long de leur union se découvrent une âme d’exploratrice une fois qu’elles redeviennent libres, constate Barbara Grufferman. Elles assouvissent tous leurs fantasmes en essayant différentes techniques et positions. Et c’est tant mieux!» s’exclame l’auteure. Pourvu qu’elles encouragent leur partenaire à porter un condom et à se faire tester (tout comme elles-mêmes) dans le cas d’une nouvelle relation.

L'ouverture au partenaire

8. Se dire les vraies affaires

Qu’on se le dise: les confessions sur l’oreiller sont essentielles pour raviver la flamme. «Si, par pudeur, on ne s’ouvre pas à notre partenaire, il ne pourra pas deviner ce qui se passe ni savoir comment nous aider, affirme Mme Grufferman. Le même scénario peut se produire à l’inverse: s’il est aux prises avec un problème sexuel et qu’on n’en sait rien, on pourrait croire que son manque d’enthousiasme découle du fait qu’il n’éprouve plus d’attirance pour nous. Alors qu’en réalité, c’est la gêne qui le retient.» D’où l’intérêt de nous exposer au grand jour et d’encourager notre homme à faire de même. «En devenant complètement vulnérable, on parvient à renforcer l’intimité de notre couple, ce qui aura un impact positif sur notre vie sexuelle.»

Pour en savoir plus

À lire: Pour que l’amour et la sexualité ne meurent pas, d’Yvon Dallaire, et Cures de rajeunissement pour vos relations sexuelles, de Danie Beaulieu, tous deux aux éditions Québec-Livres. Également: Réveiller sa vie sexuelle, de Sylviane Larose, aux Éditeurs réunis.

À visiter: Le site de la Fondation d’aide aux personnes incontinentes offre des conseils et des ressources, ainsi qu’une liste de médecins spécialisés dans le traitement de l’incontinence urinaire selon les régions. 

À visionner: Une vidéo d’exercices pour les muscles du plancher pelvien sur le site du Laboratoire incontinence et vieillissement

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