Démystifier la proche aidance

Démystifier la proche aidance

Par Sandrine Champigny

Crédit photo: iStock

Dans leur ouvrage Devenir proche aidant, Marie-Jeanne Kergoat, Karine Thorn et Judith Latour abordent le délicat sujet de ce passage, parfois ardu, vers la proche aidance. Entretien avec deux des auteures. 

«Être proche aidant, c’est une charge physique et émotive, il ne faut pas partir en se disant que c’est juste sur leurs deux épaules, affirme d’emblée l’infirmière clinicienne Karine Thorn. Plus tôt on va intégrer de l’aide, que ce soit de l’entourage ou des ressources, plus facile la transition va se faire.» Il est d’ailleurs primordial de statuer sur le besoin d’un proche. «L’idée est de les accompagner le plus tôt possible, pour qu’on puisse considérer le proche aidant et avoir le proche être reconnu formellement comme quelqu’un qui a besoin d’un accompagnement.» 

Ce coup de pouce, justement, est essentiel au développement d’une relation de proche aidance saine. La perception de cette relation naissante est également un aspect à ne pas négliger. «Il faut partir sans préjugés. On peut pas partir avec l’idée que l’aidant va s’épuiser et que l’aidé va décrépir, ce n’est pas comme ça que les choses se passent, soutient la médecin gériatre, cheffe du Département de gériatrie du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et du service de médecine spécialisée à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM), Marie-Jeanne Kergoat. On arrive avec des gens qui nous apparaissent plus connaissants, mieux préparés et plus ouverts au fait que c’est possible d’évoluer sans y laisser sa peau.»

Les préjugés qui polluent la vision que les gens ont du rapport entre proche et aidant est nocive et surtout, majoritairement erronée. Avec leur ouvrage, elles souhaitent remettre les pendules à l'heure et fournir un outil aux personnes en relation de proche aidant. «Il y a toujours un énorme respect entre la personne qui est atteinte et ses proches», rappelle la Dre Kergoat. 

Et devenir proche aidant ne se fait pas du jour au lendemain. «Rien ne va arriver rapidement, c’est un accompagnement qui va se faire graduellement», rappelle la médecin gériatre. Dans le cas des maladies cognitives, comme l’Alzheimer, cette approche optimiste est d’autant plus importante. «On a longtemps focalisé sur le fait que c’était dégénératif, on focalisait sur les pertes, alors qu’aujourd’hui, on met l’accent sur ce qui demeure», précise Karine Thorn. 

Devenir proche aidant, maladie d'Alzheimer et troubles cognitifs, par Marie-Jeanne Kergoat, Karine Thorn et Judith Latour. Les auteures tiendront une conférence le 5 novembre à 14h. Pour info: centreavantage.ca/activites/conferences/.

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