Que c’est beau la vie

Que c’est beau la vie

Par Jean-Louis Gauthier, Rédacteur en chef Bel Âge magazine

Le vent dans tes cheveux blonds Le soleil à l’horizon Quelques mots d’une chanson Que c’est beau, c’est beau la vie. Jean Ferrat 

Tout a commencé par une bosse, une toute petite bosse à l’aine, côté droit. Diagnostic: hernie inguinale. Il fallait opérer. 

L’attente me parut interminable. Je ne pensais plus qu’à cela, l’intervention, l’anesthésie, le coup de bistouri. Les amis avaient beau me rassurer, me dire que c’était une intervention banale, les pires scénarios roulaient dans ma tête... Un faux mouvement de la part du chirurgien et le bistouri s’enfonçait profondément dans la chair en touchant un organe vital... Hémorragie. Je mourrais au bout de mon sang. 

On m’avait expliqué que, le matin de l’intervention, j’aurais à choisir entre une anesthésie générale ou rachidienne. Avec la rachi, on gèle tout le bas du corps, mais le patient reste conscient. Avec l’anesthésie générale, il perd la carte. Je suis allé fureter sur Internet afin d’en savoir davantage sur les risques de toute anesthésie. La mort et les lésions permanentes graves sont très rares mais néanmoins possibles. Évidemment, ça tomberait sur moi! 

Autant j’avais peur d’être opéré, autant j’avais peur de ne pas l’être. Car on m’avait aussi dit que si j’avais une grippe ou un rhume on devrait peut-être reporter l’intervention. Pas besoin de vous dire que j’évitais de toucher les poignées de porte, les boutons d’ascenseur, et que je prenais bien soin de ne pas me mettre les doigts dans la bouche. 

Arriva enfin le grand jour. On m’avait remis un savon antiseptique avec lequel je devais me laver tout le corps la veille et le matin de l’opération. Vous dire à quel point j’ai frotté... à m’en rougir la peau! Jamais futur opéré n’a été plus propre... 

J’étais donc là à l’heure dite, comme un seul homme, mais le coeur battant dans la poitrine. L’anesthésiologiste m’a expliqué les effets secondaires de la rachidienne et de l’anesthésie générale. «J’ai lu, Docteur, qu’avec la rachidienne il y avait un risque que l’on touche un nerf et que la personne reste paralysée. C’est fréquent?» ai-je demandé. Il a souri. «À peu près comme le risque que deux avions se heurtent en plein vol.» Sûr que j’allais bientôt prendre place dans l’un de ces deux avions! Vol aller, sans retour! 

Toujours est-il que j’ai opté pour la rachidienne. Au moins, je serai conscient de tout! 

La vie est belle

Le chirurgien a attendu que le produit fasse effet. «Bon, on va y aller maintenant!» a-t-il dit à son équipe. Puis il m’a pincé la peau du ventre. «Sentez-vous quelque chose?» Oui, j’avais bien senti le pincement. J’ai entendu une infirmière dire au chirurgien: «J’ai vu l’abdomen se soulever!» Le chirurgien a jeté un oeil entendu à l’anesthésiologiste qui, tout de suite, m’a mis un masque sur le visage. 

Le vol venait de commencer... sans moi. J’allais reprendre conscience dans la salle de réveil, réalisant que j’avais eu une anesthésie locale... et une anesthésie générale... avec les effets secondaires liés aux deux. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué! 

Après quelques semaines de convalescence, et des dizaines de fois à examiner la plaie pour voir s’il n’y avait pas de rougeur ou un écoulement anormal, c’est maintenant la forme retrouvée. 

Je ne sais pas si l’on peut tirer leçon de tout ce qui nous arrive dans la vie. Une chose est sûre, cette expérience m’aura permis de prendre conscience, encore une fois, à quel point je suis anxieux, stressé, angoissé et qu’il me faut absolument «travailler» là-dessus. Yoga, méditation, respiration... ce ne sont pas les méthodes qui manquent. Voir à ce sujet notre article Dompter son hamster intérieur en page 33. 

Cette expérience m’aura aussi rappelé – car j’ai tendance à l’oublier – à quel point la vie est belle, merveilleuse, extraordinaire. Me voilà donc fin prêt à affronter l’été, à l’aimer, à en profiter pleinement. L’été et ses petits fruits gorgés de soleil, bleuets, fraises et framboises... L’été et les longues promenades dans le parc en compagnie de mon chien Edmond (mis en pension pendant tout le temps de ma convalescence, il m’a beaucoup manqué)... L’été et les longues soirées sur la terrasse (dans mon cas, un balcon)... L’été et les moustiques contre lesquels on maugrée... L’été qui rime avec crème glacée... L’été pour le simple bonheur d’exister. 

Jean-Louis Gauthier Rédacteur en chef

jean-louis.gauthier@bayardcanada.com

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