L’air de rien

L’air de rien

Par Aline Pinxteren

Crédit photo: Laurence Labat

Avez-vous remarqué vous aussi à quel point les fraudeurs en tout genre s’en donnent à coeur joie depuis la COVID-19? Hier encore, un message enregistré du «Gouvernement du Canada» m’annonçait sur mon cellulaire que mon NAS avait été supprimé à la suite d’une malversation financière (et il fallait évidemment que j’encode toutes mes infos personnelles pour le récupérer!). J’ai raccroché illico avec, malgré tout, une hésitation... Si c’était vrai? Alors que je venais de lire notre article sur les arnaques en page 48!

Déjà trois mois aussi que j’attends des masques «locaux» commandés après avoir vu passer une publicité sur mon fil Instagram où ils paraissaient à la fois très beaux et très sécuritaires. J’ai réalisé au bout de quelques semaines d’attente que cette compagnie soi-disant canadienne ne l’était pas et que ses fameux couvre-visages étaient fabriqués en Chine. Arriveront-ils un jour à ma porte? J’ai comme un doute!

Autre idée malencontreuse qui m’est venue durant le confinement, choisir un architecte pour un petit projet de réno simplement parce qu’il habitait dans mon coin, sans la moindre recommandation.

Résultat? Une rencontre en personne, à son insistance, où je me suis subtilement fait forcer la main pour signer un contrat de 1000 $ supplémentaires, aucune nouvelle ensuite, des mesures des lieux toujours pas prises à deux jours de la remise promise des plans finaux... et 17 heures d’honoraires à payer pour sa «réflexion» (sans mesures donc, sans échanges, sans croquis, rien) en plus des frais de résiliation légaux, quand j’ai coupé court. En cherchant comment me défendre sur le site de l’Ordre des architectes, je me suis rendu compte que ce professionnel tellement sympathique avait déjà une bonne dizaine de procès de clients avec des expériences similaires à son actif!

Si je vous raconte ces mésaventures personnelles, c’est parce que j’ai beau être très informée sur toutes les fraudes potentielles, je me suis quand même fait prendre. Et plutôt deux fois qu’une. On croit toujours que nous, on les repérera, que nous, ça ne nous arrivera pas. Mais ça arrive partout, tout le temps. Les «pas bons» ne ressemblent à des «pas bons» que dans les films. Dans la vraie vie, ils peuvent prendre les traits d’un neveu attentionné, d’une nouvelle amie, d’un gentil commerçant.

Spolié par ces voleurs l’air de rien, ou abusé par d’autres agresseurs du quotidien d’ailleurs, on se sent si bête, si honteux, si humilié que, souvent, on se tait, préférant payer le prix fort au lieu d’entamer de complexes démarches de défense et de réparation. Pourtant, on n’est pas moins que zéro quand on est une victime. Loin de là, même: il n’y a rien de plus humain que de faire confiance. Et notre humanité, c’est la plus grande de nos qualités. Si on en faisait une fierté?

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