Assurances : Faire le bon choix

Assurances : Faire le bon choix

Par Sophie Stival

Crédit photo: iStock Photo

Plusieurs d’entre nous pensent que leurs besoins de protection augmenteront en vieillissant. Mais ce serait plutôt le contraire: on cherche avant tout à se prémunir de catastrophes ayant des conséquences financières; or, notre bas de laine risque d’être mieux garni en avançant en âge. Il faut cependant bien évaluer ses besoins d’assurance, qu’ils soient matériels ou non. «Tout est une question d’objectifs. Parfois, on souscrit certaines assurances non pour se protéger d’un risque financier, mais pour répondre à un besoin psychologique. Par exemple, lorsqu’on contracte une assurance hypothécaire afin de léguer une maison sans dettes à nos enfants», explique le planificateur financier et consultant en gestion du risque Denis Preston. Pourtant, si notre propriété a une valeur marchande de 300 000 $ et qu’il y a une hypothèque résiduelle de 100 000 $, cela demeure un legs intéressant.

Vous travaillez

Prenons l’exemple de Carole, 60 ans, célibataire avec un enfant, qui travaille à temps plein. Devrait-elle souscrire une assurance vie si elle ne l’a pas encore fait? «N’ayant pas de conjoint et puisque son enfant est aujourd’hui un adulte indépendant, il n’y a personne à protéger», remarque Denis Preston. On veut habituellement remplacer le revenu perdu jusqu’à ce que le plus jeune enfant quitte le nid familial. Quant aux frais funéraires au décès, Carole est probablement en mesure de les payer à même son épargne-retraite.

Puisqu’elle travaille encore, Carole devrait-elle détenir une assurance invalidité? Il est primordial avant tout qu’elle vérifie si elle profite déjà d’une telle protection via le régime de son employeur. L’important, c’est de combler le manque à gagner entre son salaire et ses prestations d’assurance. «À cinq ans de la retraite, l’invalidité est moins problématique qu’à 30 ans», indique le spécialiste. Si on ne peut plus travailler en raison de notre état de santé et qu’on n’a pas encore 65 ans, il y a de bonnes chances qu’on ait droit à des prestations pour invalidité du Régime des rentes du Québec (RRQ). Il faut donc se renseigner.

Vous êtes retraités

Un autre exemple intéressant: Claudette et Pierre, 72 ans, mariés, deux enfants et à la retraite. Étant donné que leurs revenus de pension et ceux de leurs fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR) leur permettent de bien vivre, il n’y a pas lieu de prendre une assurance vie. En cas de décès, l’autre conjoint devrait recevoir les prestations de retraite. «Il faut par contre toujours vérifier que notre conjoint est bien le bénéficiaire de notre régime de pension, prévient Denis Preston. Cela pourrait différer si le couple s’est marié après sa retraite. Dans le cas d’un ménage reconstitué de conjoints de fait, lorsqu’un des deux partenaires est encore marié, on doit être prudent. Mieux vaut appeler notre régime de pension et demander ce qui se passera au décès: qui bénéficiera de notre rente de retraite?»

Lorsqu’on a des enfants adultes et des petits-enfants, il n’est pas toujours nécessaire de prendre une assurance vie. «À notre décès, nos enfants seront possiblement près de la retraite eux aussi. On pourrait préférer leur donner des montants de notre vivant ou cotiser au Régime enregistré d’épargne-études (REEE) de nos petits-enfants, afin de profiter de généreuses subventions.»

Quant à l’assurance maladie grave, elle est facultative et ne devrait pas être une priorité. «Cela devrait passer après l’épargne-retraite et l’assurance vie, car plusieurs maladies ne sont pas couvertes et il faut donc tomber sur la bonne. On nous vend cette assurance en présentant de nombreuses statistiques sur les risques de contracter une maladie. Or, si vous ne fumez pas et que vous avez de saines habitudes de vie, c’est moins probable, précise le planificateur financier. C’est une question de coût d’opportunité. Si j’ai le choix entre soit cotiser à mon REER ou mon CELI, soit payer des primes d’assurance, il sera en général fiscalement plus avantageux d’opter pour l’épargne que d’acheter une assurance.»

Vous voyagez

Quand on part régulièrement en voyage ou qu’on passe l’hiver dans le Sud, mieux vaut se munir d’une bonne assurance voyage. Il existe d’ailleurs des produits spécifiquement conçus pour les snowbirds ou les voyageurs de 50 ans et plus. «Les coûts d’hospitalisation aux États-Unis peuvent s’avérer exorbitants, avertit Denis Preston. On vérifie si on en détient déjà une avec notre carte de crédit et combien de jours on est assuré: la durée se limite parfois à 15 jours. D’ailleurs, plus on vieillit, plus les cartes de crédit sont susceptibles de restreindre les protections. Autant donc se renseigner sur les exclusions. Par exemple, si la posologie d’un médicament a changé avant notre départ, on pourrait ne plus être couvert en cas de malaise à l’étranger. De plus, certaines assurances collectives offrent aussi des assurances voyage. On a parfois tendance à prendre deux assurances pour rien!»

Lorsqu’on voyage en voiture à l’extérieur du pays, il faut également se renseigner sur nos protections en cas d’accident. Bien que la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) indemnise les résidents québécois pour des dommages corporels subis n’importe où dans le monde quel qu’en soit le responsable, il en va autrement si on blesse quelqu’un d’autre. Aux États-Unis, les poursuites sont monnaie courante et coûtent parfois une fortune. En certaines occasions, la protection en responsabilité civile liée à l’assurance habitation ne suffirait pas à couvrir les dommages corporels, matériels et même moraux d’autrui. On recommande alors de l’augmenter à deux millions de dollars, voire plus, si on voyage plusieurs fois par année.

Vous craignez les dommages

Il existe une foule de produits et de réductions pour les 50 ans et plus. Chez Belairdirect, la tarification pour la clientèle du Québec donne droit dans certains cas à des rabais qui peuvent atteindre 33 % sur les primes. «En assurance habitation, notre garantie "Aucune obligation de reconstruire" permet à l’assuré, si le bâtiment est complètement ou partiellement détruit à la suite d’un sinistre couvert, de choisir d’être indemnisé sur la base de la valeur à neuf, sans être tenu de le reconstruire ou de le réparer», souligne Suzanne Mawassi, des communications pour le Québec de Belairdirect. Plusieurs assureurs offrent ce produit destiné aux propriétaires de 50 ans et plus.

Par ailleurs, vu l’augmentation des dégâts d’eau ces dernières années, il est de plus en plus conseillé d’ajouter une protection contre les dommages de l’eau, surtout si on vit dans des zones inondables. Ces avenants, ou garanties supplémentaires, peuvent couvrir l’eau du sol et des égouts ou l’eau au-dessus du sol.

Autre protection qui se distingue, la «Police qui pardonne», une marque déposée de Belairdirect: vous n’essuierez aucune hausse de prime d’assurance en cas de sinistre couvert, comme un feu ou du vandalisme, si vous ne subissez pas plus d’un sinistre par période de 10 ans. «Bien que la situation couverte garantisse qu’on ne hausse pas la prime lors du renouvellement, d’autres circonstances pourraient l’affecter», nuance Suzanne Mawassi. Si vous avez effectué d’importantes rénovations à votre résidence, par exemple. Notons que les assurés de 50 ans et plus obtiennent 25 % de rabais sur ce produit. 

Vous avez une voiture

Dans le cas de l’assurance automobile, plusieurs assureurs offrent des rabais aux conducteurs expérimentés, notamment chez Belairdirect, avec une police qui garantit qu’au prochain renouvellement le véhicule ne subira aucune hausse de prime à cause d’un accident dont le conducteur principal est tenu responsable, et ce jusqu’à concurrence de trois réclamations responsables sur une période de cinq ans. «Même s’il n’y a pas de tarification spéciale pour les retraités, mieux vaut aviser son assureur lorsqu’on arrête de travailler, car la prime est établie en fonction du kilométrage annuel du véhicule, rappelle Suzanne Mawassi. Si celui-ci baisse, la prime devrait également diminuer.»

Ajouter un produit d’assistance routière, notamment de remorquage, peut s’avérer pertinent si cela n’a pas été proposé à l’achat de notre véhicule ou qu’on n’est pas membre de CAA Québec. On vérifie alors ce qui est remboursé, et si le service est offert au Canada ainsi qu’aux États-Unis, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Pour éviter toute mauvaise surprise, il importe de toujours s’informer aussi des exclusions que comportent nos différents contrats d’assurance. Nos besoins changeront également au fil des ans et au gré des événements, rénovations et acquisitions. Un seul mot d’ordre: magasiner! Et en cas de question ou de plainte en assurance de personnes, un ombudsman peut nous aider (oapcanada.ca). En assurance de dommages, le centre d’information du Bureau d’assurance du Canada se révèle aussi une ressource utile (bac-quebec.qc.ca).

Les taxes augmentent!

Au Québec, les primes d’assurance sont de plus en plus taxées. En 2015, ce taux est passé à 3,48 % en assurance de personnes, ce qui augmente directement le coût de vos primes d’assurance vie et soins médicaux, y compris l’assurance invalidité. «Pour chaque tranche de 100 $, vous versez 3,48 $, auxquels s’ajoutent les frais de l’assureur, les commissions, etc. Il faut donc bien évaluer ses besoins et prioriser son épargne-retraite lorsque c’est pertinent», souligne Denis Preston.

Les assurances automobiles sont également assujetties depuis le 1er janvier 2015 à une taxe de vente de 9 %, incluant les frais de l’assureur privé et ceux payés à la SAAQ pour les dommages corporels. En assurance habitation, au Québec, les assurés déboursent déjà une taxe de 9 %.

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